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Transports en commun: impossible de dénoncer le harcèlement en ligne

Photo: Josie Desmarais

Pourquoi n’existe-t-il pas de moyen en ligne ou au téléphone pour rapporter le harcèlement subi dans les transports en commun à Montréal?

Certaines sociétés de transport aux États-Unis et au Canada offrent des outils en ligne pour que les usagères et les usagers qui sont victimes de harcèlement ou de gestes indécents dans leurs réseaux puissent dénoncer en ligne ces actes.

On trouve, par exemple, sur le site web de la Washington Metropolitan Area Transit Authority et sur celui de la Metropolitan Transportation Authority de New York un formulaire qui permet d’aviser la police du métro du moment d’une agression, du lieu, de décrire le suspect et l’incident et de joindre des photos ou des vidéos.

D’autres sociétés de transport ont choisi les applications mobiles, comme à Boston, où l’application See Say («Vois dis») du MTBA existe depuis 2012. L’application permet de rapporter les situations à la police du réseau ou de l’appeler directement.

À Toronto, une application mobile du TTC est dans les plans, bien que le Toronto Star ait rapporté à la fin du mois de mars que son lancement serait retardé. L’application permettrait de prendre des photos ou des vidéos (en désactivant automatiquement le flash pour plus de subtilité) d’un incident et de les faire parvenir directement aux autorités, en plus de permettre la localisation par GPS, souligne le quotidien.

D’un autre côté, la L.A. County Metropolitan Transportation Authority à Los Angeles a opté pour une ligne téléphonique de soutien offerte 24h sur 24, 7 jours sur 7, en anglais et en espagnol, spécialement dédiée au problème. Ce projet pilote a été inauguré en janvier. Selon le New York Mag, il s’agirait d’une première mondiale. Ceux et celles qui téléphoneront à ce numéro seront en contact avec des répondants d’un organisme qui possède 45 ans d’expérience en intervention auprès de victimes de violence sexuelle.

À Montréal, c’est le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et non la Société de transport de Montréal qui traite les signalements de harcèlement et d’actes indécents dans le transport en commun. Mais pourquoi n’est-il pas possible de rapporter ces événements en ligne? Le SPVM permet en effet de signaler sur son site web certains crimes, comme les vols, les délits de fuite ou les graffitis, mais pas le harcèlement ou les attouchements.

C’est par «souci de qualité d’enquête», a affirmé Carole Lalonde, chef de la section métro du SPVM. Cette qualité d’enquête se traduit en rapidité de traitement de la plainte et de disponibilité de la preuve, a précisé Mme Lalonde.

«Il faut rapidement prendre la déclaration, localiser les témoins et trouver à peu près où ça s’est passé pour sortir les images», a-t-elle poursuivi. Elle souligne que les images des caméras ne sont disponibles que pendant 48h, donc, il est primordial d’agir rapidement.

Mme Lalonde a toutefois avancé que le SPVM était ouvert à analyser la possibilité d’offrir un service en ligne. «On va l’étudier, mais on va voir les tenants et aboutissants, ce qui est plus favorable pour dénouer l’enquête.»

Les arguments de rapidité et de «qualité d’enquête» offrent une certaine justification. Mais comment expliquer que certaines initiatives peuvent fonctionner ailleurs et pas ici?

«Ça sera à vérifier, suggère Mme Lalonde. Si ça se fait ailleurs, je ne peux pas croire qu’on ne le fasse pas à Montréal. Mais il faut s’assurer qu’il y ait un suivi des signalements et ne pas juste donner aux victimes l’impression que tout est beau parce qu’elles ont dénoncé. Il faut qu’il y ait enquête.»

 

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