Faut-il une brigade de lutte contre les frotteurs du métro?

Young Woman Sitting inside a Metro Wagon Photo: Getty Images/iStockphoto

C’était la Journée internationale des femmes mardi. Presqu’au même moment, mon collègue Maxime Huard m’a pisté sur un très intéressant article de Libération, présentant l’expérience d’un journaliste qui a accompagné la Brigade de lutte contre les atteintes à la sécurité des transports – la Blast –, à Paris. Cette brigade au nom trop cool chasse, entre autres, les frotteurs dans le métro.

Les policiers de la Blast luttent activement contre le harcèlement et les agressions sexuelles dans le métro, en filant et en interpellant les frotteurs – ces hommes qui, vous l’imaginez dans votre tête, profitent de la promiscuité offerte dans les transports en commun pour se «frotter» contre leurs victimes. Le journaliste Richard Poirot, qui a suivi la brigade, décrit très bien le problème, avec des exemples et des détails qui font écarquiller les yeux.

L’article mentionne qu’ils sont 24 policiers à patrouiller en civil, tous les jours, en groupe de trois ou de quatre. Ils cherchent les malfaiteurs sur les quais du métro et dans les voitures, en se mêlant aux voyageurs. Ils ne font pas que surveiller les frotteurs (les vols font aussi partie de leurs visées), mais déjà, qu’il le fassent, c’est beaucoup.

Et comme l’affirme à Libération la commissaire Amandine Matricon-Charlot, chef de la Sûreté régionale des transports: «Cette délinquance [sexuelle] est assez faible dans les chiffres, c’est moins de 1% des infractions constatées dans les réseaux de transports d’Île-de-France. Mais il y a un chiffre noir extrêmement conséquent, qu’on ressent sur le terrain.»

Il faut dire que le gouvernement français a un Plan national de lutte contre le harcèlement sexiste et les violences sexuelles. On y stipule, entre autres, que côté harcèlement, «l’injure publique est passible de 6 mois d’emprisonnement, et de 22 500€ d’amende lorsqu’elle est commise envers une personne ou un groupe de personne en raison de leur sexe, orientation sexuelle, ou handicap». Pour les violences sexuelles, on note que «les agressions sexuelles sans pénétration (baisers forcés, mains aux fesses, sur les cuisses, frottements, etc.), toute atteinte sexuelle commise par violence, contrainte, menace ou surprise, quelle que soit la nature des relations existant entre l’agresseur et sa victime, y compris s’ils sont unis par les liens du mariage sont passibles de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000€ d’amende.» Et il était entre autres prévu, dans ce plan, une campagne de sensibilisation dans le métro. Ça donne du poids à la lutte.

De ce côté de l’Atlantique, le «frotteurisme» peut aussi être puni en vertu du Code criminel, confirme le Service de police de Montréal (SPVM). Le SPVM indique aussi qu’il y a eu 29 plaintes d’agressions sexuelles déposées au poste 50 (dans le métro) en 2014. D’accord. Mais quand j’ai demandé: «Est-ce que les agents qui patrouillent le métro sont appelés à détecter et à interpeller les frotteurs?» et «Est-ce que le SPVM agit pour lutter contre le harcèlement sexuel dans le métro?», pas de réponse. Ah bon…

Avec tout ce qui a été dit et écrit à propos des agressions sexuelles et du harcèlement, on s’aperçoit vite qu’il est, hélas, difficile de prouver hors de tout doute les agressions. Alors, quand on y pense, pincer les contrevenants au moment même de l’infraction, comme le fait la Blast, semble être une très bonne façon de s’attaquer au problème (inutile de dire que dans un monde idéal, les frotteurs n’existeraient pas). C’est comme ça que les policiers font pour plein de délits, non?

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.