Appuyer pour traverser? Discussion sur les boutons piétons aux intersections

Photo: Chantal Levesque/Métro

Comme piéton, combien de fois avez-vous appuyé sur un bouton piéton à une intersection dans l’espoir que cela vous donnerait priorité plus rapidement? Que pensez-vous des «phases piétonnes exclusives»? Pour la porte-parole de Piétons Québec, Jeanne Robin, «le piéton ne devrait pas à avoir à demander le passage. En auto, à une intersection, on sait qu’on n’a pas à demander la lumière verte.»

En début de semaine, la plateforme Curious City de la station WBEZ de Chicago (Métro a sa version juste ici, si vous ne savez pas déjà) a répondu aux questions de J.R. Kulik, un Chicagoan qui se demandait comment fonctionnent les fameux boutons piétons aux intersections. En fait, la question était plus, carrément: «Est-ce qu’ils fonctionnement?»

À Chicago comme à Montréal (ou à Québec!), ces boutons peuvent soulever les mêmes discussions, outre leur fonctionnement immédiat. Quel message envoient-ils? À quelle logique répondent-ils?

«C’est un peu le débat entre fluidité et sécurité, commente Mme Robin. L’objectif de la phase piétonne exclusive [ces moments où, entre deux cycles de lumières destinées aux autos, défilent les secondes accordées aux piétons pour traverser sans autre circulation, sauf pour les virages à droite sur feu rouge où cela est permis] est d’augmenter la sécurité des piétons, mais ça fait en sorte que pour maintenir une certaine fluidité pour les autos, ils n’ont plus beaucoup de temps pour passer.» Le temps accordé aux piétons pour traverser n’est pas toujours établi en fonction de la distance à parcourir, affirme-t-elle.

Jeanne Robin croit que «pouvoir actionner une lumière à la demande, dans la forme, c’est intéressant». Sauf que, ce n’est souvent pas cela qui se passe. «Pour que ça fonctionne, il ne faut pas qu’il y ait d’exigence de lumières synchronisées avec d’autres intersections, par exemple, précise-t-elle. Sinon, on se retrouve avec un faux passage à la demande. Le piéton signale sa présence et ce sera son tour au prochain cycle. Alors que s’il n’avait pas signalé sa présence, il n’y aurait tout simplement pas eu de moment prévu pour que les piétons passent».

Un faux passage à la demande, en outre, peut générer des comportements risqués de la part de piétons qui, fatigués d’attendre leur tour qui ne vient pas, traversent quand même, comme l’a fait J.R. Kulik. Une minorité d’intersections, selon Mme Robin, proposeraient un réel passage à la demande.

D’après la porte-parole de Piétons Québec, il ne faudrait pas abuser des «phases piétonnes exclusives». Pourquoi? «Ça peut être utile quand il y a beaucoup de circulation, quand on sait que beaucoup de voitures voudront tourner à droite. Mais ce qu’on dit, c’est qu’il ne faudrait pas penser que c’est la solution idéale pour toutes les intersections. Ça va à l’encontre de l’idée du partage de la rue et ça finit par induire chez les automobilistes l’idée que quand il n’y a pas de phase piétonne exclusive, les piétons n’ont pas le droit de traverser. Sinon, notre position, c’est que quand ces phases existent, le passage devrait être automatique [et non pas demandé avec un bouton].»

 

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