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«L’intelligence artificielle n’est pas la solution à tous les maux de la planète» – Carolina Bessega

Photo: Collaboration

Carolina Bessega, la directrice scientifique de Stradigi AI, est une ambassadrice de l’intelligence artificielle (IA). Dans ce premier portrait d’une série, voici l’histoire de celle qui est parvenue à gravir les échelons jusqu’au sommet après avoir recommencé au bas de l’échelle.

Carolina est partie du Venezuela il y a près de dix ans pour immigrer au Québec. Détentrice d’un doctorat, professeure à l’université en astrophysique et directrice d’un laboratoire de recherche, elle quitte une carrière florissante pour recommence à zéro à Montréal.

Elle est actuellement associée et directrice scientifique chez Stradigi AI, une entreprise offrant des solutions élaborées à partir de l’intelligence artificielle. Étonnamment, c’est en tant que stagiaire qu’elle a rejoint l’entreprise, en 2010.

Stradigi AI n’a pas toujours été une entreprise spécialisée en intelligence artificielle. En 2014, alors qu’elle misait davantage sur le développement de logiciels, un client arrive avec une demande particulière. Celle-ci ne peut pas être résolue de manière habituelle puisqu’elle nécessite trop de temps et de ressources. Carolina travaillait au département de recherche et développement, mais son expertise acquise au Venezuela lui a permis d’imaginer une solution en ayant recours à l’intelligence artificielle. Elle s’est fait remarquer par la direction, qui décide alors de prendre le virage IA.

«On a commencé à faire de l’intelligence artificielle, non pas parce que c’était cool, mais parce que nos clients en avaient besoin.» – Carolina Bessega

C’est un fait que l’intelligence artificielle est LE sujet chaud du moment. Pour Carolina Bessaga, c’est une très bonne nouvelle.

«En tant que scientifique, cela me réjouit, s’exclame-t-elle. Je suis ravie qu’il existe désormais autant d’opportunités et de moyens pour pousser nos recherches et innover.»

La tendance dans les médias porte à croire que l’IA est la solution à tous les maux de la planète, ce qui est évidemment faux. «Je fais toujours attention aux projets que nous allons accepter, souligne la directrice scientifique de Stradigi AI. Je dois évaluer les problèmes qui arrivent sur mon bureau en me demandant si l’IA est la meilleure solution.»

Au-delà de l’argument marketing favorisant l’intelligence artificielle, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une solution très coûteuse. «L’IA n’est pas bon marché, insiste Carolina. Il faut donc s’assurer que la solution apportée par la technologie va réduire considérablement les coûts ou générer de grands revenus.»

La pertinence de l’utilisation est un pensez-y-bien, mais l’éthique de l’IA est également un grand enjeu pour Carolina. À chaque fois qu’un algorithme est élaboré, la chercheuse se demande quel impact celui-ci aura sur le monde et à quel point elle veut lui donner de la puissance.

Une autre problématique de l’intelligence artificielle réside dans les données utilisées. Elles doivent être exemptées de biais autant que possible. «Il ne faut pas discriminer, explique Carolina. Il faut s’assurer d’agir avec la plus grande objectivité. Par exemple, il faut utiliser des données qui représentent l’ensemble de la population et non pas un seul groupe, même s’il est majoritaire.»

Il s’agit là d’un des aspects les plus problématiques de l’intelligence artificielle : trouver suffisamment de données est déjà un enjeu, mais en trouver sans biais est très complexe.

«C’est sûr qu’il aura des jobs qui seront remplacées par les machines, mais il y aura également beaucoup de nouveaux métiers qui verront le jour. Il faut être suffisamment intelligent pour voir ce changement venir et s’y adapter.» – Carolina Bessega

Carolina Bessaga est bien placée pour constater l’évolution de l’intelligence artificielle, ayant été plongée dedans dès l’an 2000. Étonnamment les méthodes et son fonctionnement sont plus ou moins les mêmes. Ce qui est différent, c’est l’accessibilité.

«La capacité des ordinateurs est plus grande et les coûts sont réduits. Ceci a largement contribué à la démocratisation de l’intelligence artificielle», explique la chercheuse.

Lorsque je lui demande où en sera l’IA dans dix ans, elle rit!

«C’est une éternité, dix ans, lance-t-elle. Ces dernières années ont vu l’IA progresser à la vitesse de la lumière! J’ai du mal à imaginer ce qu’il se passera dans dix ans. Il y aura beaucoup d’automatisation, c’est certain, surtout dans les usines. C’est sûr qu’il aura des jobs qui seront remplacées par les machines, mais il y aura également beaucoup de nouveaux métiers qui verront le jour. Il faut être suffisamment intelligent pour voir ce changement venir et s’y adapter.»

Et où se situent les femmes dans tout ça? Carolina n’aime pas faire de séparation entre les femmes et les hommes, car «nous devrions tous être vus comme identiques», avance-t-elle. Elle est cependant ravie de voir autant de femmes faire leur carrière en IA. «Je constate que l’écart se réduit d’année en année et je suis convaincue que nous n’aurons plus besoin d’en parler un jour», dit-elle.

La chercheuse termine sur ce qui est le problème numéro un de la sous-représentation des femmes. «Elles ne réalisent pas tout le potentiel qui se cache derrière l’IA», lance-t-elle. C’est en effet un des nombreux facteurs expliquant la situation: on ne peut pas vouloir ce qu’on ignore.

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