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La vision du futur de Mitsubishi

Le directeur mondial de la planification chez Mitsubishi Vincent Cobee. Photo: Maxime Johnson

Quels sont les grands principes qui guident Mitsubishi pour les prochaines années? C’est ce que Métro a demandé au directeur mondial de la planification du fabricant japonais Vincent Cobee, rencontré à l’occasion de l’édition 2019 du Salon de l’auto de Montréal.

Électrification : les trois prochaines années à surveiller
Fort de son succès avec le VUS hybride rechargeable Outlander PHEV (dont Mitsubishi a vendu 5000 exemplaires l’année dernière au Canada, ce qui fait du pays le troisième marché mondial pour ce véhicule), Mitsubishi compte offrir une solution de rechange électrifiée à chacun de ses véhicules d’ici environ 2023 ou 2024.

« Nous offrirons 7 véhicules en tout au cours des prochaines années. Chacun sera offert avec un moteur à combustion et une version électrifiée, comme un hybride rechargeable ou un moteur purement électrique », annonce Vincent Cobee.

Selon ce dirigeant d’origine française, l’industrie devrait particulièrement se transformer d’ici 2020 et 2021, lorsque différentes lois chinoises et européennes forceront les fabricants à vendre de plus en plus de véhicules électrifiés.

Alors que les ventes des premières voitures électriques ont été facilitées par l’octroi de subventions à l’achat un peu partout dans le monde, la tendance est en train de changer, ce qui n’inquiète toutefois pas Vincent Cobee. « Nous vendons de plus en plus d’Outlander PHEV, même s’il y a de moins en moins de subventions. Il faut dire que nous sommes meilleurs qu’avant pour expliquer la valeur économique de ces véhicules », ajoute-t-il. Il y a tout de même encore beaucoup de travail à faire pour atteindre les normes attendues pour les ventes de véhicules électrifiés au cours des prochaines années.

« L’industrie ne peut pas dormir sur ses deux oreilles et se dire que la transition va bien se passer. Mais je suis optimiste. Je pense qu’on va rendre ces véhicules intrinsèquement compétitifs, et non achetés pour des crédits ou pour la vertu seulement », ajoute-t-il.

Des concessionnaires vendeurs de panneaux solaires?
L’électrification des véhicules personnels pourrait permettre aux concessionnaires automobiles d’agrandir leurs horizons, estime Vincent Cobee.

L’énergie hydroélectrique permet de réduire l’impact environnemental des véhicules électriques au Québec. Mais ce ne sont pas tous les pays qui peuvent jouir d‘autant d’énergie renouvelable. Pour Vincent Cobee, la solution passe par la création personnelle d’énergie : « il faut créer son énergie renouvelable à la maison, que ce soit avec des panneaux solaires, de mini turbines éoliennes ou de la géothermie ».

Dans sa vision, les voitures électriques sont au cœur des maisons génératrices d’énergie. Un chargeur bidirectionnel entre la voiture et la maison, un système de production d’électricité et des batteries intermédiaires pour emmagasiner l’énergie lorsque la voiture n’est pas présente pourraient permettre aux maisons de demain de grandement diminuer leur empreinte environnementale.

« Moi j’y crois beaucoup », lance le directeur mondial de la planification chez Mitsubishi, qui imagine que les concessionnaires seront les mieux placés pour vendre et financer une telle solution, en offrant la voiture, les panneaux solaires et l’installation, par exemple. L’achat coûtera plus cher pour les consommateurs, mais ceux-ci pourront en revanche regagner leur investissement rapidement grâce aux économies de carburant et d’électricité effectuées à la maison et sur la route.

La Chine dictera le marché électrique
Il ne faut évidemment pas imaginer ces nouvelles solutions comme émanant du Québec, mais plutôt de la Chine, qui est en train de s’imposer comme un premier de classe dans véhicules électriques.

« Les instituts de recherche et les fabricants s’adaptent au marché chinois », confirme Vincent Cobee. « La Chine est par exemple en train d’imposer de nouveaux standards de densité de batteries. Au bout d’un certain temps, vous verrez que les batteries offertes au Canada vont avoir la même densité qu’en Chine. Ça ne sera pas un hasard, les entreprises ne peuvent pas faire quatre modèles différents », illustre-t-il.

Pour ce dernier, l’Amérique du Nord domine le secteur des voitures autonomes, et l’Europe de l’Ouest dicte les standards d’émissions à atteindre, mais pour ce qui est de l’électrification et de la connectivité, c’est l’Empire du Milieu qui est à surveiller.

« La Chine a compris qu’en dominant le marché pendant cinq ans, tu deviens le leader mondial, poursuit-il. Et c’est ce qui est en train de se passer. Quand le monde occidental se réveillera, les solutions auront été développées par la Chine. »

Les voitures autonomes: oui pour l’autonomie partielle, peut-être pour l’autonomie totale

Les visiteurs du Salon de l’auto de Montréal 2019 auront la chance d’apercevoir au cours des prochains jours au kiosque de Mitsubishi un véhicule futuriste, le e-EVOLUTION, un concept d’automobile qui résume les ambitions du constructeur japonais.

« L’e-EVOLUTION démontre trois directions vers lesquelles Mitsubishi se dirige », résume Vincent Cobee : un design qui a les fonctionnalités et les avantages d’un VUS (par rapport au niveau au-dessus du sol, par exemple), l’électrification et l’intégration des systèmes technologiques. Une tendance que l’on observe souvent dans ces véhicules concepts manque toutefois à l’appel : l’autonomie.

« On ne voulait pas tout mettre dans le même véhicule, avoue le dirigeant. Mais c’est aussi que la voiture autonome est un sujet de discussion complexe. »

Pour Vincent Cobee, l’autonomie partielle des véhicules est inévitable. « Pour l’autonomie partielle, de niveau 1, 2 ou 3, il n’y a aucun débat. C’est une technologie qui va être implantée, car elle a une vraie valeur économique, pour un coût technique abordable. Au-delà de ça, c’est une question légale, sociale et d’acceptabilité », poursuit-il.

« Ça arrivera dans des sites dédiés, des corridors précis et des villes intelligentes. Mais est-ce que la voiture de monsieur et madame Tout-le-Monde sera complètement autonome? Je ne sais pas », médite-t-il.

Les gadgets dans les voitures : à utiliser avec modération
La voiture concept e-EVOLUTION met de l’avant différentes technologies originales, mais qui sont souvent effacées. « Nous sommes dans un monde technologiquement complexe. Plusieurs fabricants affichent plus d’informations que le conducteur est capable de digérer, et c’est dommage », se désole Vincent Cobee. Mitsubishi veut miser sur la technologie, oui, mais aussi sur la simplicité, du moins en apparence.

Un véhicule pourrait par exemple adapter l’habitacle et ses performances en fonction des conditions extérieures, pour teinter certaines fenêtres selon la direction du soleil et même pour limiter la vitesse maximale de la voiture sur une route enneigée. La voiture pourrait aussi donner des conseils sur la conduite, mais seulement si l’intelligence artificielle embarquée estime que c’est nécessaire.

« On ne veut pas noyer le client dans la technologie, on veut qu’elle ait une véritable valeur pour lui », résume le directeur mondial de la planification de Mitsubishi.

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