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Quel avenir pour Twitter?

Photo: Leon Neal/AFP

Twitter a dévoilé de gros changements la semaine dernière, en remplaçant l’affichage des gazouillis selon un ordre chronologique par un ordre établi grâce à un algorithme. L’entreprise, qui ne cesse de décevoir ses investisseurs, devra toutefois en faire plus pour retrouver ses lettres de noblesse.

Les problèmes de Twitter

Le réseau social Twitter accumule les problèmes depuis plusieurs mois maintenant. Aux yeux de Wall Street, la compagnie qui n’est toujours pas profitable déçoit notamment par sa quantité de ses utilisateurs actifs qui stagne, par l’exode de ses dirigeants et par son incapacité à bien monnayer ses centaines de millions d’abonnés.

Pour un réseau social qui veut être au cœur de tous les événements et de toutes les nouvelles, Twitter a aussi un problème de perception dans la population. Contrairement à Facebook, Twitter est difficile d’accès, et l’information pertinente y est souvent cachée entre des dizaines de gazouillis inintéressants.

Pour beaucoup d’utilisateurs ou de curieux qui essaient le service pour la première fois, une question demeure, même près de 10 ans après le lancement du service: «À quoi ça sert?».

L’ordre algorithmique à la rescousse

Twitter pourrait bientôt intéresser un peu plus ses utilisateurs, avec le dévoilement la semaine dernière de son fil algorithmique. Au lieu de présenter les gazouillis des plus récents aux plus anciens, Twitter affiche maintenant en premier les messages que les utilisateurs risquent le plus d’apprécier.

La fonctionnalité est pour l’instant optionnelle, mais elle devrait prochainement être activée par défaut. Les messages populaires, touchant à des sujets pertinents pour l’utilisateur ou venant de contacts avec lesquels il est habitué à interagir, seront priorisés, et les autres seront masqués, du moins jusqu’à ce que les «tweets» soient manuellement rafraîchis.

En plus de faciliter l’accès aux utilisateurs qui se sentent perdus, le nouveau fil algorithmique devrait permettre d’augmenter les interactions des usagers, et donc leur appréciation du service. C’est après tout la même formule éprouvée que Facebook utilise depuis plusieurs années pour présenter les nouvelles de son choix à ses abonnés.

Le fil algorithmique pourrait aussi avoir un autre avantage à long terme pour Twitter. En ciblant mieux les intérêts de ses membres, la compagnie pourrait non seulement leur proposer des gazouillis plus intéressants pour eux, mais aussi des publicités ciblées plus payantes. Comme Facebook, encore une fois.

Je «tweet, donc je suis

Avec sa croissance continue et son 1,4 milliard d’utilisateurs actifs, on peut comprendre que Twitter s’inspire de Facebook dans sa réinvention. Selon les rumeurs, la compagnie pourrait d’ailleurs aussi imiter le réseau social de Mark Zuckerberg en permettant éventuellement la rédaction de messages plus longs que 140 caractères.

Mais est-ce possible de reproduire le succès de Facebook? On est en droit d’en douter. Avec son format différent, Twitter peut exister en même temps que son concurrent. Mais en devenant son émule, la compagnie court le risque de perdre sa pertinence.

Avec l’effet de réseau dont jouit Facebook, il serait en effet étonnant que ses utilisateurs changent de plateforme. Et à quoi bon mettre à jour deux services trop similaires?

Si Twitter veut conserver sa pertinence, en plus d’établir de solides fondations financières, la compagnie aurait donc tout avantage à se redéfinir et à cesser de caresser le rêve d’être le prochain grand réseau, utilisé par tout un chacun.

La bonne nouvelle, c’est que Twitter a encore les moyens et le temps de repenser sa stratégie. Oui, la compagnie n’est pas encore profitable, mais ses réserves de plus de 3 milliards $ américains pourraient lui permettre de continuer de perdre de l’argent au rythme actuel pendant plus de 400 ans!

Son premier constat devrait être celui d’accepter un rôle plus limité dans la vie des internautes. Ce n’est qu’à ce moment-là que l’entreprise pourra faire évoluer son service dans la bonne direction, pour ensuite entreprendre à nouveau ses efforts de monétisation.

Car à force de vouloir plaire à tout le monde, on finit souvent par ne plaire à personne.

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