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Mad Decent X Fool’s Gold Party

Photo: collaboration spéciale
  • Jeudi 31 juillet
    Mad Decent X Fool’s Gold Party
    The Jillionaire + Nick Catchdubs @ Tokyo Bar

Ça brasse dans le rap québécois ces jours-ci.

Pour ceux qui n’ont rien vu passer, le groupe Dead Obies et leur franglais sont le sujet de l’heure, autant chez les grands médias que sur mon feed Facebook. On en parle sur toutes les tribunes. Télévision, presse écrite, radio, Mathieu Bock-Côté, Christian Rioux, Marc Cassivi, Christiane Charette et j’en passe. Tout le monde a donné son opinion. D’un côté, les défenseurs de la langue française effrayés par une assimilation imminente, et de l’autre, ceux qui revendiquent l’évolution de la langue et d’un joual propre à une sous-culture. Même Yes Mccan, des Dead Obies, vient de se faire aller le crayon sur le site du Voir dans une excellente réponse intitulée La réplique aux offusqués (à lire!). L’internet est encore en feu à l’heure où j’écris ces lignes, et tout le monde pitche son opinion dans le tas de marde qu’est devenu mon pauvre internet.

Je t’aime tant internet, mais tu me fais chier quand tu parles pour rien.

Personnellement, tout ça m’a fait réfléchir, mais pas à ce sujet. Plutôt au fait que ce nouvel internet de l’opinion me fait peur. Tout le monde fait désormais partie de «la communauté» et c’est par cette communauté qu’on est jugé, lapidé ou encensé. Un ramassis de matantes et de mononcles devenus la police de la rectitude et de la censure. Ça ne constitue pas un univers très sain pour les artistes qui tentent de jouer sur certaines limites. Parce que c’est ça, au fond, être un artiste: essayer, rater, tester des choses et sortir des sentiers battus.

Ça m’a aussi fait penser à Céline Dion, A-Trak, Chromeo, Misteur Valaire, The Sainte Cathe­rines, Kroy, Phoenix et tous ces artistes qui choisis­sent l’anglais comme moteur principal de leur œuvre malgré leurs origines francophones. Est-ce que leur identité québécoise ou française en est diminuée? Ils ne participent pas à l’émancipation du français? Et alors! Est-ce qu’un artiste doit absolument prendre position politiquement? Nous vivons en 2014. Le Québec est multiculturel. Il pige dans de nombreuses cultures pour se définir et se redéfinir depuis de nombreuses années. Est-ce qu’une culture anglophone québécoise met nécessairement en péril celle qui existe à l’est de Saint-Laurent? Pourquoi est-ce qu’on ne pourrait pas être aussi fier des deux côtés de la médaille? Je sais bien qu’on traîne de vieilles blessures de guerre en tant que franco-québécois, mais les temps changent et la culture francophone aussi. Est-ce qu’on a le droit d’être fier de Philippe B autant que de Secret Sun?

Je sais bien que le sujet de l’heure est le franglais et que c’est le mélange qui dérange, mais fuck that. Quand Boogat passe de l’espagnol au français, personne ne monte sur ses grands chevaux.

Quand je pense à A-Trak, je suis très fier de dire que ce gars vient de Montréal, très fier de dire que j’ai vu ce gars-là quand il avait 14 ans être DJ au coin Henri-Julien et Mont-Royal. Il parle français et c’est Montréal qui l’a vu grandir. Aujourd’hui, A-Trak est une star internationale et son étiquette, Fool’s Gold, a pignon sur rue dans le quartier new-yorkais de Williamsburg. Pourquoi est-ce qu’un artiste québécois ne pourrait pas avoir des visées internationales? Avoir ce genre d’ambassadeur ne peut être mauvais. Montréal reste son château fort, et le co-fondateur de Fool’s Gold Nick Catchdubs sera de passage à Montréal ce jeudi.

Parce qu’au final, on s’en sacre un peu, dans quelle lan­gue tu t’exprimes. Fais-moi réfléchir. Fais-moi danser. Fais-moi rire. C’est pas mal ce qui risque de se passer au Tokyo ce jeudi avec des gens d’ici et d’ailleurs qui s’expriment dans différentes langues et qui vont sûrement finir par frencher vers 2 h, 3 h… peu importe la langue.

3709, boul. Saint-Laurent

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