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Mieux comprendre les OGM

Young woman buying fruit in a supermarket Photo: Getty Images/Purestock
Eve Beaudin - Agence Science-Presse

Où sont les organismes génétiquement modifiés (OGM) dans notre assiette? Les gènes modifiés se cachent-ils dans le tofu, dans les fraises géantes, dans les tomates? Le Détecteur de rumeurs de l’Agence Science-Presse a fait le tri dans ce lot d’informations.

Pour bien comprendre la place des cultures OGM dans notre assiette, il est utile de savoir que le coton, le maïs-grains (celui dont on nourrit le bétail), le canola et le soja représentent 99% des OGM cultivés dans le monde. Ces plantes ont été modifiées génétiquement afin d’être tolérantes aux herbicides, aux insectes ravageurs ou aux deux. Elles sont majoritairement destinées à l’alimentation des animaux d’élevage, ainsi qu’à l’industrie de la transformation alimentaire.

À l’heure actuelle, 13 plantes génétiquement modifiées sont approuvées à des fins de commercialisation par Ottawa. En plus des quatre plantes énoncées plus haut, on compte des variétés de tomates, de pommes de terre, de courges, ainsi que d’autres végétaux.

Mais attention, ce n’est pas parce qu’une plante génétiquement modifiée est autorisée à la commercialisation qu’elle est commercialisée. En effet, plusieurs de ces plantes ne se retrouvent pas sur le marché de l’alimentation. C’est le cas notamment des tomates à mûrissement retardé et des pommes de terre résistantes aux insectes qui ont été commercialisées au milieu des années 1990 et retirées du marché quelques années plus tard parce que les consommateurs, les détaillants et les transformateurs alimentaires les avaient
boudées.

Sur le site d’OGM Québec, on peut lire que les «pratiques commerciales font en sorte qu’on ne trouve actuellement pas de fruits GM sur les tablettes des épiceries ou dans les marchés publics québécois». Cette information nous a été confirmée par Thibault Rehn, coordinateur à Vigilance OGM, un organisme qui surveille la présence des OGM dans les épiceries québécoises. Cependant, les choses pourraient changer, puisque deux variétés de pommes résistantes au brunissement – une Golden Delicious et une Granny Smith – ont été autorisées à la commercialisation au Canada, en 2015. «Des producteurs cultivent désormais ces variétés de pommes génétiquement modifiées. Elles pourraient donc se retrouver sur nos tablettes dès l’automne 2017, selon la réception des consommateurs», estime M. Rehn.

Il est courant de lire que le tofu contient du soja génétiquement modifié. «C’est pourtant faux, explique Thibault Rehn. Il y a deux types de soja. Celui qui est destiné à l’alimentation des animaux et à la transformation alimentaire est un soja dit “sombre”. Alors que pour l’alimentation humaine, c’est le soja “jaune”. Or, aucun soja jaune génétiquement modifié ne serait cultivé ou commercialisé au Canada, selon nos données. C’est pourquoi on peut dire que le tofu est sans OGM.» Cela dit, un étiquetage en règle des OGM permettrait d’éviter que des informations erronées circulent, poursuit M. Rehn.

À ce jour, les animaux transgéniques n’entrent pas dans l’alimentation humaine, mais les choses pourraient changer sous peu. Le saumon à croissance accélérée AquAdvantage, a reçu l’aval de Santé Canada et de l’Agence d’inspection des aliments dernièrement et sa commercialisation a été autorisée en mai 2016. «Selon nos informations, explique Thibault Rehn, l’élevage de ce saumon devrait commencer sous peu à l’Île-du-Prince-Édouard et on pourrait le voir apparaître en épicerie dès 2018.» Il pense toutefois que les consommateurs n’en voudront pas et les détaillants non plus, par peur de perdre la confiance de leurs clients.

Finalement, ce sont dans les aliments transformés qu’on trouve la grande majorité des OGM, sous forme d’ingrédients comme l’amidon, la farine, les sirops, la lécithine, etc. Ces ingrédients dérivés du soja, du maïs et du canola sont présents dans des centaines de produits comme les barres tendres, les mélanges à crêpes, les biscuits, les céréales, etc. «Quels sont les produits transformés qui contiennent des ingrédients issus d’aliments génétiquement modifiés? Impossible de le savoir! C’est pourquoi les consommateurs aimeraient un étiquetage des OGM comme cela se fait dans 64 pays», souligne Thibault Rehn.

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