Faire connaître le Québec par la poutine
Que faire quand on quitte le Québec pour l’Angleterre et qu’on ne peut trouver de poutine nulle part? On crée sa propre cantine, bien sûr. En tout cas, c’est ce qu’ont fait Graham Gartside-Bernier et Vincent Bernier, de Blue Caribou Canteen.
Vincent est d’ici, Graham est de là-bas. Vincent était artiste-peintre, Graham travaillait en marketing. Après avoir habité pendant plusieurs années à Montréal, Toronto et Vancouver, le couple est parti s’établir à Manchester, en Angleterre. Leur premier constat en arrivant sur place? La météo est déprimante. Deuxième constat? Ils n’y a pas de poutine!
«On avait un nom de business et un logo qu’on gardait dans nos ordinateurs depuis plus de deux ans, on attendait la bonne occasion pour se lancer», confie Graham Gartside-Bernier au bout du fil. Le projet poutine s’est donc imposé lui-même et s’est transformé pour ainsi dire en mission diplomatique.
Graham et Vincent, surnommés les poutine boys, transportent leur kiosque de ville en ville en Angleterre, faisant découvrir notre plat national dans des événements pour foodies, le tout en les renseignant sur la culture québécoise. Parce qu’en plus de servir de la poutine, les entrepreneurs se sont associés avec des marques d’ici et distribuent les produits 1642 Cola, La petite cabane à sucre de Québec «et bientôt des bières québécoises», confirment-ils. Ils tiennent à tout prix à ce que le Québec soit connu comme une province qui se démarque du Canada, autant culturellement que culinairement.
Leurs recettes aussi se veulent de fières ambassadrices de la bouffe d’ici. Il y a la poutine à la tourtière, par exemple, ou celle au smoked meat. «On voulait que nos poutines reflètent les traditions culinaires du Québec. Ce sont des hybrides entre les traditions québécoises et les tendances populaires culinaires du Royaume-Uni.»
Et les British raffolent de la poutine. «Des frites, du fromage et de la sauce, c’est déjà populaire ici. Certains seront surpris d’apprendre que la poutine est une version raffinée de ce qui existe déjà ici.» D’ailleurs, Vincent et Graham soulignent que les cuisines québécoises et britanniques se ressemblent beaucoup: «À part le fait que les Québécois mettent du sirop d’érable partout, on est très semblables.»
«Des fois, j’ai l’impression que le Québec se perd un peu dans le Canada, et les gens ne réalisent pas que c’est différent. On est fiers d’être bleus! On veut éduquer les gens sur la culture culinaire québécoise.» – Graham Gartside-Bernier
Mais, au-delà du fait que personne ne peut résister à une poutine, comment expliquer leur incroyable succès? L’hypothèse de Graham est simple: «Je pense que la raison pour laquelle on fait ce qu’on fait, c’est que les goûts québécois sont assez familiers pour ne pas effrayer les gens, mais assez différents pour leur faire découvrir quelque chose de nouveau, quelque chose d’intéressant.»
Et si ça avait aussi rapport avec leurs frites? Vincent en parle avec passion: «Nos frites sont un hybride des frites que je mangeais quand j’étais petit, chez La frite à Mathieu, à Belœil. Ce sont les meilleures frites de mon enfance. C’est un hybride entre ces frites-là et les frites belges, qui sont croustillantes.»
De Manchester à Montréal?
Même s’ils roulent leur bosse (ou leur kiosque) avec beaucoup de succès depuis déjà un bon moment, les entrepreneurs meurent d’envie de devenir sédentaires. «C’est quand même cool qu’on puisse partager notre amour de la poutine partout au pays, mais on aimerait bien s’installer pour de bon aussi. On aimerait un petit kiosque où tu commandes à la fenêtre. On veut que ça reste authentique!» disent les deux hommes.
Revenir à Montréal est un projet qui pourrait aussi être dans leurs plans. «Je pense que notre poutine est un assez bon produit pour qu’on puisse la présenter ici», affirme Graham.
Et puis, leur logo et leur nom ont déjà été francisés. «On est déjà prêts pour Montréal!»