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Feu vert pour le vin québécois en épicerie

Wine bottles Photo: Getty Images/iStockphoto

QUÉBEC – Attendu depuis longtemps, le projet de loi autorisant la vente de vins québécois sur les tablettes des quelque 8000 épiceries du Québec a finalement été déposé par le ministre des Finances, Carlos Leitao, jeudi.

En plus du vin, les assouplissements permettront à des produits tels que l’hydromel, le cidre et le vin de glace de se retrouver dans les supermarchés sans transiter par la Société des alcools du Québec (SAQ).

Il s’agissait d’une promesse formulée par le gouvernement Couillard depuis sa victoire à l’élection de 2014 afin de donner un coup de pouce aux ventes de vins québécois.

Actuellement, les vignerons du Québec peuvent seulement écouler leurs produits dans un vignoble ou dans les établissements de la SAQ.

Sans surprise, ces assouplissements ont reçu un accueil favorable de la coalition Le Québec dans nos verres, formée de producteurs de boissons alcoolisées.

«La SAQ est un réseau difficile, complexe, pas toujours rentable et ce n’est pas un réseau de proximité, a expliqué son porte-parole, Léon Courville, au cours d’un entretien téléphonique. Nous allons pouvoir augmenter notre visibilité.»

Le producteur viticole estime qu’il est aussi difficile d’approcher la société d’État lorsque le volume de production n’est pas au rendez-vous. Les épiceries représentent ainsi une option intéressante, croit M. Courville.

Toutefois, le projet de loi 88 ne force pas la main à la société d’État afin qu’elle fasse davantage la promotion de boissons alcoolisées produites au Québec.

Les produits artisanaux — dont la teneur en alcool devra être inférieure à 16 pour cent — devront au préalable être analysés par le laboratoire de la SAQ ou un établissement autorisé par la société d’État.

De plus, le projet de loi modifiant trois lois actuelles — dont celle concernant le monopole de la SAQ — permet aux microbrasseries qui détiennent un permis artisanal de pouvoir vendre leurs boissons pour emporter.

«Pendant la saison touristique, tout le monde vit bien, mais après c’est un peu plus ardu», a souligné le président de l’Association des microbrasseries du Québec (AMBQ), Frédérick Tremblay.

À son avis, autoriser les petits producteurs à vendre de la bière fraîche pour emporter, par exemple dans des cruchons, devrait leur permettre de diversifier leurs sources de revenus.

«Un permis de brasseur permet de vendre partout mais c’est beaucoup plus cher, explique M. Tremblay. Les petits joueurs ne veulent pas nécessairement être présents partout. Ils veulent seulement permettre à leurs consommateurs d’avoir accès au produit.»

Selon lui, entre 70 et 80 des quelque 130 microbrasseurs québécois sont concernés par les assouplissements du projet de loi déposé par le ministre Leitao, également bien reçu par l’Association des détaillants en alimentation du Québec ainsi que la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante.

Le document ne fait toutefois pas que des heureux, puisque les microdistilleries ne pourront bénéficier de nouveaux privilèges, étant donné que la plupart d’entre elles ont recours à des ingrédients provenant de l’extérieur de la province.

«Ça c’est une autre problématique, a affirmé Nathalie Roberge, l’attachée de presse de M. Leitao. Le projet de loi a pour objectif de développer la distribution des boissons artisanales au Québec.»

Aucune modification n’est également prévue, a-t-elle ajouté.

S’il ne s’est pas montré surpris par cette décision, le président de l’entreprise Pur Vodka, Nicolas Duvernois, n’a pas caché sa déception.

«Quel vin québécois fait la promotion de la province à l’international? a-t-il demandé au cours d’une entrevue téléphonique. Nous, ça fait quatre fois que l’on remporte le titre de meilleure vodka au monde. On n’a même pas été consultés.»

M. Duvernois, qui a fondé et financé son entreprise, estime que les microdistilleries ont été «totalement abandonnées» par le gouvernement Couillard.

Sans aller jusqu’à aider financièrement les entreprises du secteur, Québec aurait tout simplement dû leur permettre de vendre sur les lieux de production, par exemple.

«Cela changerait drastiquement les règles du jeu pour nous, a affirmé le président de Pur Vodka. Là, on est mis de côté.»

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