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Un programme de mentorat pour jeter des ponts entre les
 artistes d’ici et d’ailleurs

Photo: Adriana Garcia-Cruz

Le programme MAP (Mentorat Artistique Professionnel), de l’organisme Diversité Artistique Montréal, jumelle des artistes bien établis ici à d’autres venus d’ailleurs.

Plus qu’une perche tendue aux artistes immigrants, c’est un échange riche de sens pour les deux parties.

Adriana Cruz est arrivée à Montréal en 2011, 
diplômes de design graphique et de photographie dans ses 
valises. Elle participe au programme Mon projet d’affaires pour s’outiller dans son développement de carrière. Là, elle prend conscience de ce qu’elle désire vraiment sur le plan professionnel : c’est l’artiste photographe plus que la designer graphique qui vibre en elle. Elle connaît déjà le photographe Damian Siqueiros, dont elle apprécie le travail, quand elle entend parler du MAP. Elle l’approche, il accepte d’être son mentor.

Adriana et Damian font partie des 85 duos formés grâce au MAP depuis 2014. Dans huit disciplines différentes, des artistes solidement ancrés ici accompagnent des artistes venus d’ailleurs. Le programme consiste en un minimum de six rencontres. Mais chaque duo bâtit sa collaboration comme il l’entend (fréquence et durée des rencontres sont laissées à la discrétion des artistes). Diversité Artistique Montréal se charge d’évaluer l’avancement du travail.

Chargée de projet, Vanessa Conti Irion observe que plusieurs duos perdurent une fois le programme terminé. «MAP permet à deux artistes d’être en contact l’un avec l’autre sans cadre institutionnel. Pour nos mentorés, ce serait difficile d’avoir autrement cet accès et cette proximité (il n’y a pas de cadre institutionnel entre eux, ils se voient là où ils veulent, quand ils le veulent) avec des artistes bien établis.»

Adriana y a trouvé «la clé de [sa] carrière. De cette rencontre avec Damian, mais aussi avec Diversité Artistique Montréal, a découlé des occasions de travail, une visibilité. Mon histoire, mon parcours auraient été totalement différents sans ce tremplin. Mais c’est aussi le lien affectif, avec un réseau, avec des personnes, qui compte beaucoup».

Avec Damian, Adriana a pu définir sa démarche artistique. «Mon rôle de mentor n’est pas de dire aux gens si ce qu’ils font est bien ou pas. C’est plutôt de les pousser au bout de leur peur. Je n’avais rien à apporter à Adriana sur le plan technique; c’est sur le plan conceptuel qu’on a travaillé. Elle avait besoin de définir sa démarche et de travailler la cohérence entre celle-ci et ses images.»

Damian y a également trouvé son compte. «Être un artiste, c’est aussi être responsable de la transmission et du partage des connaissances. C’est quelque chose de fondamental dans mes valeurs. En tant que mentor, je me suis donc nourri. Ça a été un apprentissage sur moi-même. Parce qu’avoir une conversation sur l’art est toujours essentiel pour remettre en question notre propre travail, le soumettre au regard et au commentaire de quelqu’un d’autre.» Vanessa Conti Irion abonde dans le même sens : «Ça ouvre des portes aux mentors sur ce qui se passe ailleurs dans le monde dans la pratique artistique, sur d’autres façons de faire et de penser; ça les amène aussi à élargir leur réseau. Le bénéfice n’est pas unilatéral, c’est bel et bien un échange.»

Adriana, pour sa part, est restée très active auprès de Diversité Artistique Montréal. Et se dit qu’elle pourrait peut-être un jour devenir à son tour mentor.

Une fois par mois, Métro propose des portraits inspirants de Montréalais issus de l’immigration qui témoignent de leurs parcours et de leurs succès. L’émission de Radio-
Canada International Tam-Tam Canada a produit une version radio de ce reportage. Réalisée par la journaliste Paloma Martinez-Mendez, cette émission est disponible sur le site de RCI (rcinet.ca/francais).

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