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Mouhcine Rifay, ingénieur: Provoquer la chance

Photo: Yves Provencher/Métro

Une fois par mois, Métro propose, en collaboration avec le projet Alliés Montréal de la Conférence régionale des élus de Montréal (CRÉ), des portraits inspirants de Montréalais issus de l’immigration qui témoignent de leurs parcours et de leurs succès.

Il n’échangerait son poste actuel pour rien au monde. Du Maroc au Canada en passant par la Russie, Mouhcine Rifay peut se targuer d’un parcours sans faute.

Quand on lui demande s’il est fier, l’ingénieur spécialiste en matériau composite acquiesce. De son employeur, oui, il est fier. «Bombardier, c’est prestigieux!» lâche-t-il. À son propre égard, il use de modestie.

Poussé par la peur de l’échec et armé d’une volonté infaillible, le Marocain d’origine lorgne déjà l’étranger lorsqu’il obtient son diplôme. Brillant, il aurait sans aucun doute tiré son épingle du jeu s’il était resté au Maroc. Mais à ses yeux, le système d’éducation y est moins performant que celui du Canada. «J’avais le choix de rester là-bas et de “sacrifier” l’avenir de mes enfants, ou de partir.» Le Canada étant «l’un des rares pays à accepter des immigrants», le choix est fait. Il s’installe à Montréal en 2006.

Avec une bonne dizaine d’années d’expérience à son arrivée, il aurait pu se contenter d’obtenir une équivalence de diplôme pour trouver un poste respectable. Mais il voit plus loin, veut ce qu’il y a de mieux.

Les réalisations au long cours l’impressionnent peu. Dans les années 1990, il passe six ans en Russie pour obtenir une maîtrise en génie mécanique. «J’avais obtenu une bourse d’études, il ne fallait pas cracher dans la soupe.» Il commence par apprendre la langue avant d’entrer à l’université, d’où il ressort diplômé en 1994. Retour dans son pays natal, où il travaillera jusqu’à son départ pour Montréal.

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Il intègre ici le programme de Polytechnique de préparation aux examens de l’Ordre des ingénieurs du Québec. Ses 30 crédits complétés en un an, il s’ouvre les portes de son ordre professionnel. En racontant son parcours, il invoque «la chance provoquée». Après avoir sollicité l’un de ses professeurs de Polytechnique, il y obtient un poste d’assistant de recherche. On l’encourage alors à se lancer dans une maîtrise. Mouhcine Rifay n’est pas homme à refuser les défis : presque 15 ans après avoir obtenu son premier diplôme, le voilà de retour sur les bancs de l’école.

Les premières années sont difficiles. «J’avais trois jeunes enfants, je travaillais et étudiais en même temps… On vieillit plus vite que les autres étudiants! dit-il en riant. Le secret, c’est la volonté – beaucoup – et un peu de chance.» Déterminé, il décroche en 2010 une maîtrise en matériau composite. «Parfois, on se repasse le film en fermant les yeux et on se dit que si on avait su, on n’aurait même pas commencé!»

L’un de ses professeurs recommande sa candidature chez Bombardier, il y entre un an après sa maîtrise. Au département de génie central, en recherche et développement, il se passionne pour les problèmes à résoudre. «L’apprentissage ne s’arrête jamais, et j’ai les moyens d’expérimenter des idées folles. C’est difficile d’atteindre sa limite dans une entreprise comme celle-là.»

L’émission de Radio-Canada International Tam-Tam Canada a produit une version radio de ce reportage. Réalisé par la journaliste Anne-Marie Yvon, ce dernier est disponible sur le site de RCI.

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