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Le travail de nuit… nuit

Photo: Métro

Le travail de nuit est mauvais pour la santé, physique comme mentale. L’homme est un animal diurne, son horloge biologique est là pour le lui rappeler.

Chaque nouvelle étude le confirme : travailler de nuit est néfaste à l’être humain.

Mauvais pour le moral, déjà. Fatigue chronique, troubles de la mémoire et perte de vie sociale; vivre en décalage horaire avec le reste du monde n’aide pas à l’épanouissement personnel. Les infirmières de nuit, qui font l’objet de nombreuses recherches sur le sujet, en sont les victimes évidentes.

L’isolement et l’absence de reconnaissance publique et hiérarchique sont également montrés du doigt. Selon un rapport publié par le Conservatoire national des arts et métiers en France, les soins nocturnes sont réputés moins difficiles, donc moins valorisants. Le calme supposé de la nuit les déprécie aux yeux des collègues et des chefs diurnes. Bref, horaire pénible et finalement méchante frustration pour les travailleurs de l’ombre.

D’autant qu’à plus long terme, le physique souffre lui aussi de l’activité nocturne. Il a été montré, par exemple, que les infirmières travaillant de nuit ont un taux d’incidence du cancer du sein 30 % plus élevé que leurs collègues de jour.

Le Centre international de recherche sur le cancer ajoute que le sommeil diurne est moins réparateur que le sommeil nocturne et affaiblit les défenses immunitaires, favorisant un terrain toujours plus propice à l’apparition d’un cancer.

Une étude israélienne montre que les personnes habitant en ville ont 20 % plus de chances de développer un cancer du sein ou de la prostate que les campagnards. Notre horloge biologique et la production d’hormones qui y est associée seraient victimes d’une exposition plus prolongée à la lumière artificielle durant la nuit chez les citadins, a fortiori chez les travailleurs nocturnes.

Le terme populaire d’horloge biologique désigne les rythmes circadiens, des cycles de l’organisme qui s’étendent sur une période d’environ un jour et une nuit. Ils sont quasiment indépendants des stimuli extérieurs même si certains éléments de notre environnement, comme la lumière, peuvent légèrement les influencer.

Or, les rythmes circadiens ont un impact sur le rythme cardiaque, l’activité intestinale, la tolérance à la douleur, la mémoire, la vigilance et même l’humeur ! Ils contrôlent aussi le cycle du sommeil, notamment par la production d’hormones.

La mélatonine, connue pour être l’hormone du sommeil, est au cœur de nombreuses études. Ce puissant antioxydant est sécrété surtout en fin de journée jusqu’au milieu de la nuit et facilite l’endormissement et le maintien du sommeil. Mais sa production cesse au contact de la lumière.

On suspecte un lien entre la baisse de sécrétion de mélatonine et l’augmentation du risque de cancer chez les travailleurs nocturnes, mais cette hypothèse n’a jamais été démontrée. Elle a même été complètement remise en question en 2012 par une équipe de recherche du Centre d’études avancées en médecine du sommeil de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal.

L’intensité lumineuse de l’environnement de travail a particulièrement été observée à l’aide de photomètres portés par les participants à l’étude, des téléphonistes de nuit. En parallèle, des analyses ont montré un maintien de la production nocturne de mélatonine, mais une baisse sur une période globale de 24 h.

Il en découlerait qu’une intensité lumineuse élevée la nuit enclencherait le mécanisme de resynchronisation de l’horloge biologique centrale, comme si le corps était en décalage horaire permanent. Selon l’étude, c’est le maintien de cette irrégularité pendant plusieurs années qui serait dommageable pour la santé.

Ceci n’est encore qu’une supposition, mais il semblerait tout de même qu’aujourd’hui, on ne puisse que tenter d’atténuer le déséquilibre imposé à notre corps par le travail de nuit. Impossible par contre de faire d’une vie majoritairement nocturne un état naturel pour notre organisme.

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