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Quand l’apprentissage se fait dans une autre langue

Photo: Métro

Dans un pays où un citoyen sur cinq n’est pas né au Canada, de nombreux élèves sont amenés à effectuer leur scolarité dans l’une ou l’autre des langues officielles, qui n’est alors pas la leur. Dans quelle mesure cela influence-t-il leur apprentissage et leurs résultats scolaires?

«Évidemment, étudier dans une autre langue que la sienne n’est pas facile, surtout au début, mais cela permet certainement de mieux maîtriser la deuxième langue. C’est toujours positif de pouvoir s’exprimer dans plus d’une langue et de plus en plus essentiel dans un contexte de mondialisation», souligne Marie Nadeau, directrice du Département de didactique des langues à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Montréal.

Les langues minoritaires
Et peu importe la langue d’apprentissage, car c’est davantage son caractère minoritaire qui peut entraîner des lacunes. C’est ce que confirment les résultats du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), encadré par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui, lors de sa dernière édition en 2012, a évalué 510 000 élèves de 15 ans de 65 pays.

Au Québec et en Ontario, les résultats du PISA montrent que les élèves qui fréquentaient un système scolaire de langue majoritaire obtenaient de meilleurs résultats en mathématiques que ceux qui étudiaient dans la langue minoritaire.

Le même constat a été fait pour la compréhension de l’écrit en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, en Ontario et en Colombie-Britannique.

«Si une personne est moins exposée à cette langue au sein de la communauté, les occasions de la pratiquer sont moins fréquentes, et donc sa maîtrise est moins grande», explique Mme Nadeau.

Une immigration de choix
En 2000, lors de sa première édition, le PISA a établi que le score des enfants ayant vécu au Canada moins de cinq ans était de 478, 20 points seulement en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE. Après cinq ans, le résultat atteignait 524 points.

Et cette tendance se poursuit jusqu’aux études post-secondaires, puisque les jeunes issus de l’immigration sont plus susceptibles que ceux dont les parents sont nés au Canada de poursuivre leur cheminement scolaire.

Si cela peut s’expliquer par le fait que beaucoup d’immigrés arrivent au pays comme «travailleurs qualifiés», une attestation d’études post-secondaires en poche, une autre raison pourrait bien être la pression que la famille exerce sur ses enfants, afin que ceux-ci puissent avoir un avenir meilleur.

Enfin, la moitié des immigrés sont originaires d’Asie, où de nombreux pays se hissent régulièrement au sommet du palmarès PISA, encourageant par le même coup la performance.

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Témoignage

Bozhidar Stoyanov, 20 ans, étudiant en sciences humaines au Collège Dawson

«Je suis Bulgare et je suis arrivé au Québec il y a six ans. Je suis allé en classe d’initiation au français. Même si je parle un peu cette langue avec mes amis, j’ai finalement choisi d’étudier en anglais parce que je suis plus à l’aise et que j’aurai de meilleurs résultats. J’aimerais poursuivre mes études dans une université anglophone.»

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