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Étudier en anglais à en perdre son latin?

Photo: Collaboration spéciale

Les universités anglophones attirent nombre d’élèves francophones. Quel est l’impact sur la qualité de leur français? Éric Martineau, prof de marketing et de communication à l’école John Molson nous renseigne.

Quel était votre niveau d’anglais en entrant à l’université?
Francophone d’origine, je parlais relativement bien l’anglais que j’avais appris dans la rue, et j’écrivais un anglais calqué du français ! À la remise des premiers travaux, j’ai réalisé que je devrais faire beaucoup plus d’efforts que prévu pour être à niveau. Il m’a aussi fallu plusieurs semaines pour intégrer le jargon propre à mon domaine d’études. En classe, je comprenais globalement, mais je ne saisissais pas toutes les subtilités, par manque de vocabulaire.

Quels aménagements l’université propose-t-elle?
Il y a un service d’aide à la rédaction, où les étudiants envoient leurs travaux deux semaines avant la date de remise, et qui offre une révision en collaboration avec l’élève. Ils peuvent aussi remettre leurs travaux en français, mais je déconseille cette option: ils sont ici pour apprendre l’anglais!

Dans quelle mesure la qualité de la langue influence-t-elle la notation?
Ça dépend des matières. En communication, par exemple, où la forme est aussi importante que le fond, j’attends des étudiants qu’ils fassent preuve d’un meilleur niveau qu’en marketing, où c’est la maîtrise du contenu qui prime.

Avez-vous tendance à être plus indulgent avec vos étudiants francophones?
Pas du tout ! Ils ne sont ni privilégiés ni pénalisés. Le taux de réussite ne dépend pas de la langue d’origine. Je leur offre l’aide dont ils ont besoin, et leurs résultats tiennent aux efforts qu’ils fournissent, au même titre que les autres.

N’y a-t-il pas un risque de perdre en qualité du français chez les élèves qui étudient en anglais?
Peut-être un peu. J’ai moi-même plus de facilité à travailler en anglais alors que le français est ma langue maternelle. Mais je dirais que tout dépend aussi de l’entourage dans lequel on évolue et des habitudes quotidiennes. Étudier en anglais tout en baignant dans un milieu francophone et en se disciplinant pour lire aussi en français devrait permettre maintenir une bonne qualité du français.

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