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École privée ou publique?

Photo: Getty Images/iStockphoto

La rentrée scolaire approche à grands pas pour les élèves québécois. Mais pour de nombreux parents, c’est aussi le moment de songer au type d’enseignement, privé ou public, qu’ils souhaitent avoir pour leurs enfants.

Le privé, un sentiment d’appartenance
«L’encadrement et le partenariat entre les parents et l’établissement y sont pour beaucoup dans la réussite des élèves», pense Agathe Bujold, pour qui envoyer ses deux filles, aujourd’hui âgées de 23 ans, dans le système privé était une évidence.

Mais avec son taux de décrochage quasi nul, il frisait le 16 % dans le public en 2010-2011 selon le Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), le privé est la plupart du temps accusé d’élitisme. «Chaque établissement est autonome et fonctionne différemment, insiste Nancy Desbiens, directrice du Collège Jean-Eudes, à Montréal. Nous ne nous fions pas seulement aux examens d’entrée, nous tenons aussi compte du bulletin. Nous privilégions aussi les familles d’anciens élèves et les fratries, ainsi que les jeunes de l’arrondissement de Rosemont– La Petite-Patrie.»

«Le lien entre les élèves et les enseignants est essentiel, continue-t-elle. Ce sentiment d’appartenance contribue à découvrir et à développer des passions chez les jeunes. Si les parents payent plus cher, c’est pour qu’on leur en donne plus.»

Et si les écoles privées se sont maintes fois hissées en tête des palmarès, c’est aussi grâce à la discipline. «Nous travaillons tous dans le même sens pour le bien de nos élèves, explique Mme Des­biens. Au Collège Jean-Eudes, nous avons la chance de pouvoir compter sur des surveillants-éducateurs.»

Le public, l’école pour tous
Fanie Boisvert-Hamelin, enseignante au primaire à l’école publique Saint-Étienne, également située dans Rosemont–La Petite-Patrie, affirme que le processus de prise en charge peut parfois être long dans le public, mais que les ressources nécessaires pour aider les enfants qui en ont besoin sont suffisantes.

Les établissements privés, subventionnés ou non, n’ont en effet pas toujours les moyens d’en développer. Le réseau compte tout de même 12 établissements en adaptation scolaire qui accueillent gratuitement 3 000 élèves handicapés ou présentant des difficultés d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA).

Pour Mme Boisvert-Hamelin, l’éducation des parents et la façon dont ils perçoivent l’échec pèsent aussi beaucoup dans la balance. «Au public, nous devons faire face à des élèves qui ont des écarts de niveau importants, déplore-t-elle. C’est parfois dur à gérer, mais nous nous adaptons en mettant en place des classes combinées et des ateliers qui nous permettent de répondre aux besoins différents de nos élèves.»

«Et puis, c’est merveilleux de voir tous ces enfants différents, tant au niveau de leur culture que des troubles auxquels ils peuvent faire face, apprendre à vivre ensemble!» s’exclame l’enseignante.

L’enjeu des programmes particuliers
Mais au-delà de l’encadrement, c’est aussi le vaste choix de programmes proposé par les établissements privés qui séduisent les familles. «Notre école de quartier ne nous convenait pas, mais nous voulions surtout donner à nos filles la possi­bilité d’avoir accès dès le primaire à des cours d’anglais, par exemple», explique Mme Bujold. Délaissé par sa clientèle, la proportion d’élèves inscrits dans un établissement privé ayant bondi de 9,1% en 1998-1999, à 12,5% 15 ans plus tard selon le MELS, le public essaie lui aussi de s’adapter en élargissant son offre de programme.

Camille Jutras-Paquette, 22 ans, en est le parfait exemple. «Mes parents ont étudié dans le privé et m’ont offert d’y aller au secondaire, raconte-t-elle. Mon père estimait qu’on y recevait une meilleure éducation
et que c’était mieux fréquenté. Pourtant, j’ai des amis dans le privé et dans le public, et il y a tout autant de problème!» Sa mère, Stéphane Jutras, a quant à elle émis quelques réserves. «Je n’ai pas que des bons souvenirs de ma scolarité, mais nous voulions lui donner le choix, même si j’avais l’impression qu’elle s’épanouirait plus dans le public», mentionne-t-elle.

Finalement, la jeune fille n’a pas obtenu son billet d’entrée et a choisi d’intégrer le programme de musique de l’école publique Joseph-François-Perrault, dans le quartier Saint-Michel. «Mes notes ont augmenté, car je me sentais plus impliquée», estime celle qui étudie maintenant la scénographie à l’École nationale de théâtre du Canada.  «Je pense que la réussite de Camille vient aussi du fait que son école secondaire avait une mission qui lui convenait; la musique», conclut Mme Jutras.

Combien ça coûte?
Selon la Fédération des établissements d’enseignement privés, il fallait débourser en 2010-2011:

•    entre 1540 et 7000$ pour le préscolaire;
•    entre 1500 et 7000$ pour le primaire;
•    entre 1535 et 3558$ pour le secondaire.
•    83% des établissements disposeraient d’un service d’aide financière qui a octroyé, en 2009-2010, 3,4M$ en bourses d’études.
•    On estime qu’environ 20% des parents auraient un revenu familial inférieur à 50 000$.

Voxpop
«J’ai adoré baigner dans un milieu multiculturel et rencontrer tant de gens différents.»
– Camille Jutras-Paquette, élève au primaire et secondaire dans le système public

«J’ai l’impression de me dépasser en tant qu’enseignante. C’est valorisant de faire face quotidiennement à des défis.»
– Fanie Boisvert-Hamelin, enseignante au primaire à l’école publique Saint-Étienne

«J’ai choisi d’envoyer mes filles dans le privé pour l’encadrement et pour le large choix de programmes qu’il offre.»
– Agathe Bujold, mère de deux enfants qui ont étudié dans le privé

«Notre projet éducatif est axé sur le développement de l’élève. Les liens qui unissent le personnel, les parents et les enfants sont essentiels.»
– Nancy Desbiens, directrice du Collège Jean-Eudes, à Montréal

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