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Cheveux gris, une mine d’or!

Photo: Métro

Les entreprises auraient tort de se passer de leurs travailleurs plus âgés, qui possèdent une plus vaste expérience. Au lieu de les renvoyer, ne devraient-elles pas leur confier de nouveaux rôles afin qu’ils puissent, notamment, transférer le fruit de leur expérience à la relève?

«Absolument!» s’exclame Diane Bazire, conseillère en ressources humaines à la Banque de Développement du Canada (BDC). Forte de ses 65 ans d’expérience auprès des PME, la BDC estime que le transfert intergénérationnel des connaissances occupe une place de plus en plus stratégique pour la survie des entreprises. «Beaucoup de PME ferment parce qu’elles n’ont pas réussi à planifier leur relève», signale-t-elle.

Abattre les préjugés
Dans notre économie du savoir, le maintien en emploi des seniors est un facteur primordial pour assurer la qualité de la relève. Au Canada, 60% des propriétaires de PME ont 50 ans et plus, indique Statistique Canada. Pourtant, selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, à peine un propriétaire sur 10 aurait un plan de relève.

«Il y a des stéréotypes importants sur les travailleurs âgés, déplore Denis Morin, professeur agrégé en gestion des ressources humaines à l’UQAM. Mais on constate qu’il y a bien des personnes expérimentées de 65 ans qui sont encore en forme, qui aiment encore leur travail et qui feraient d’excellents mentors.»

Une ressource inestimable
Ceux qu’on appelle les seniors constituent certes une main-d’œuvre vieillissante, mais ils représentent aussi un atout considérable.

«Ils connaissent l’histoire de l’entreprise. Ils ont un savoir-faire que les jeunes n’ont pas nécessairement et qui s’harmonise avec les valeurs de l’entreprise. Quand ils partent, le groupe perd une expertise appréciable», explique Denis Morin.

Avec la vague de départs à la retraite des baby-boomers, ce sont surtout des connaissances dites tacites (savoir-faire, savoir-être), celles qui ne s’apprennent pas à l’école, mais qui sont le fruit de longues années d’expérience, qui risquent de disparaître.

Sur cette question, les experts contactés sont unanimes: cette perte de savoir-faire nuira à la performance des entreprises dans les années à venir.

Un pont entre deux générations
«Il est important d’établir une mixité intergénérationnelle dans les entreprises», précise Denis Morin. La réussite d’une entreprise repose avant tout sur son équipe, il est donc primordial de valoriser les jeunes, qui représentent la relève, sans pour autant négliger les plus expérimentés.

À la BDC, Mme Bazire prépare ses clients des années à l’avance pour faciliter le transfert: «Nous invitons les PME à se préparer de cinq à sept ans avant qu’un employé ne quitte un poste clé.» Pour la conseillère en ressources humaines, la formation de la relève passe par un travail de réflexion qui aboutit à un plan d’action échelonné. «Il s’agit d’établir un compte à rebours jusqu’au départ à la retraite pour déterminer quels sont les savoirs qui devront être transmis, et à quel rythme.»

Transformer les seniors en mentors pour la prochaine génération implique aussi de repenser le milieu du travail. Comme le souligne Denis Morin, il faudra développer des «programmes de bien-être» prévoyant un meilleur aménagement du temps de travail pour ces travailleurs plus âgés qui vont continuer à s’impliquer dans leur entreprise.

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Le Cercle de legs

S’adressant aux travailleurs se trouvant dans le dernier tiers de leur vie professionnelle, cet organisme québécois offre des ateliers sur le savoir-rester et le savoir-partir au travail. «L’idée est de permettre aux seniors de se préparer à transmettre leur legs professionnel, tout en restant en poste, 6 mois à 10 ans avant leur départ à la retraite», indique Diane Doiron, fondatrice de l’organisation.

cercledelegs.com

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