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La criminologie, une profession en expansion

Photo: collaboration spéciale

Avec le resserrement des peines minimales adopté par Ottawa, les postes à pourvoir d’ici les prochaines années risquent d’être plus nombreux dans le secteur de la sécurité que dans celui de la réhabilitation. Ce qui ne signifie pas pour autant que les aspirants criminologues se buteront à un marché de l’emploi difficile.

«Nous intervenons maintenant dans des milieux où nous n’étions pas présents auparavant, notamment dans les CLSC, les écoles et les organismes en lien avec l’immigration», explique la responsable des études de premier cycle à l’École de criminologie de l’Université de Montréal, Valérie Préseault.

Au Québec, seules les universités de Montréal et de Laval offrent la formation, dont la popularité ne se dément pas. «C’est un programme très contingenté; nous recevons chaque année 1200 demandes d’admission et en retenons 120», souligne-t-elle.

La grande majorité de ces étudiants décrocheront d’ailleurs un emploi en lien avec la criminologie dès les premières années de leur baccalauréat. Une fois leur diplôme en poche, ils pourront effectuer l’ensemble des tâches affectées aux criminlogues, par exemple, les évaluations et recommandations pour les tribunaux, les suivis auprès de délinquants et la recherche.

Ces compétences peuvent s’apparenter à celles d’autres professions connexes, tels le travail social et la psycho-éducation, mais la naissance imminente d’un ordre professionnel des criminologues devrait permettre de mieux en définir les différences.

Ali El-hajj, du génie industriel à la criminologie

Pourquoi avez-vous choisi cette profession?
J’ai commencé des études en génie industriel et je me suis rendu compte assez rapidement que je n’étais pas dans le bon domaine, ce n’était pas pour moi. J’avais entendu parler de la criminologie et j’ai fait des recherches sur le métier, je m’intéressais beaucoup à la gestion du risque de récidive et l’analyse des cas.

À quoi ressemble la journée de travail d’un criminologue?
L’approche est différente selon le type de clientèle: au Centre de réadaptation en dépendance de Montréal, où j’ai fait un stage de sept mois, l’accent est mis sur la relation d’aide avec des toxicomanes dont le dossier a été judiciarisé. J’y avais souvent des discussions de cas avec des collègues pour avoir un éclairage différent et je faisais aussi des recherches approfondies. Je devais également émettre des recommandations concernant l’évolution de certains clients et rédiger des lettres de suivi pour les tribunaux.

Quelles sont les qualités à posséder pour exercer ce métier?
L’ouverture d’esprit est primordiale. Il faut être le plus tolérant et objectif possible, nous devons interagir avec des clientèles très variées et ce que nous entendons dans nos bureaux est parfois assez horrible. L’aptitude pour le travail d’équipe est également importante, c’est impossible de travailler seul dans ce domaine. Les expertises de nos collègues peuvent nous être utiles pour gérer le dossier de certains clients.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail?
La relation d’aide. J’aime les gens et je m’intéresse à l’autre. À la première rencontre avec mon tout premier client, par exemple, je ne savais pas trop quoi faire pour l’aider. Mais j’ai cru en lui parce qu’il voulait se reprendre en main et quelques semaines plus tard, il avait arrêté la drogue et repris contact avec sa famille et ça, c’est lui qui l’a accompli. Nous étions deux à ramer dans le bateau. La diversité des cas rencontrés me plaît également. Je ne peux pas dire qu’on s’ennuie en criminologie!

Y a-t-il un aspect de votre travail qui est plus difficile?
Nous sommes parfois confrontés à des réalités difficiles, il faut donc se forger une carapace et savoir la mettre de côté une fois la journée terminée: je pense que c’est un défi pour tous ceux qui travaillent en relation d’aide. Nous pouvons aussi être exposés à de la violence psychologique ou à la manipulation de la part des clients.

Auriez-vous un conseil à donner à quelqu’un qui souhaite devenir criminologue?
Être certain de savoir dans quoi on s’embarque, parce que la formation est assez exigeante. Et être ouvert d’esprit!

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