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Devenir exploratrice souterraine

Marie-France Auclair, égoutière depuis 19 ans pour la Ville de Montréal, adore son métier. «J’ai toujours aimé les endroits mystérieux.» Rencontre avec l’Indiana Jones des égouts.

Se promener accroupi dans l’eau, dans un environnement sombre, malodorant, peuplé de rongeurs, pour assurer à l’entretien des égouts de Montréal, de prime abord, ce n’est pas le métier le plus attrayant.

«Mais il faut dire que j’ai été formée par un égoutier passionné.» Un égoutier digne d’un roman. «Les ondes ne passent pas dans le réseau. Pour sa sécurité, l’égoutier, dans l’égout, doit constamment parler à ses collègues. Comme ça, ils savent si tout va bien. Mon formateur se baladait dans les égouts en chantant à pleins poumons. Comme il avait une belle voix, ça donnait un petit côté magique au métier.»

Malgré ce petit côté poétique, le métier n’est pas une partie de plaisir. «C’est sûr que nous travaillons accroupis dans des endroits clos où il y a peu d’espace. Mais c’est une question d’endurance. Il faut s’habituer à être constamment accroupi», continue-t-elle. Et la sécurité? «Quand il y a apparence de pluie, on n’a pas le droit de descendre. Parce que, si je suis à quatre pattes dans un égout qui fait 2 pi par 4 pi et qu’il se met à pleuvoir, c’est dangereux», soutient-elle en soulignant qu’ils sont de mieux en mieux protégés par l’équipement et que les avancées technologiques leur permettent de descendre moins souvent qu’avant.

«Les inspections se font grâce à des caméras.» Mais le danger pourrait venir d’ailleurs, des rats par exemple. «Les rats! Ils font leurs petites affaires et ne nous achalent pas, témoigne-t-elle. Ce qui est inquiétant, par contre, ce sont les bactéries qui se trouvent dans l’eau contaminée. C’est pourquoi nous recevons des vaccins contre l’hépatite A et B et le tétanos, et un appareil nous avertit de la présence du H2S, un gaz toxique qui se dégage durant la décomposition des excréments.» Et les serpents et autres alligators? «J’en ai jamais vu», s’esclaffe l’égoutière.


La formation est assurée à l’interne

Il n’existe pas de formation pour devenir égoutier. Pour devenir égoutier à la Ville de Montréal, il faut être col bleu et être titulaire d’un diplôme d’études secondaires. La formation est donnée à l’interne. L’aspirant égoutier doit suivre le Programme de qualifications des opérateurs d’eau potable : préposé à l’aqueduc : poste P6b d’Emploi-Québec et une formation en espace clos donnée par des formateurs accrédités par l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail, secteur Affaires municipales. Bien qu’elle ne soit pas exigée par la Ville, l’AEC en traitement de l’eau potable et des eaux usées peut constituer un atout.

Emploi saisonnier. La majorité des arrondissements de Montréal emploient des égoutiers de mai à septembre. Toutefois, certains arrondissements, comme Ville-Marie, disposent de trois égoutiers toute l’année.

Effectifs.
Ça dépend des arrondissements. Ville-Marie, par exemple, en a trois, tandis que d’autres, comme Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, en ont deux. Juridiction. L’entretien du réseau primaire est délégué aux arrondissements, alors que les collecteurs relèvent de la ville centre.

Réseau montréalais. Près de 7 000 km de tunnels et de tuyaux souterrains, dont près de 150 km qui ont été construits il y a 120 ans. Robert Laplante

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