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Montréal, à la croisée du Pérou et de la France

Photo: Chloë Baril-Chassé/collaboration spéciale

Une fois par mois, Métro propose, en collaboration avec le projet Alliés Montréal de la Conférence régionale des élus de Montréal (CRÉ), des portraits inspirants de Montréalais issus de l’immigration qui témoignent de leurs parcours et de leurs succès.

Sandra Huaman et Davidsen Jugnah racontent leurs parcours migratoire et professionnel la pupille étincelante. Un soir de février un peu terne, la Péruvienne et le Français ont trouvé en Montréal leur juste milieu.

L’un et l’autre ont tâtonné quelques années, chacun de leur côté, avant de faire de Montréal leur point de chute. Après une maîtrise en administration, Sandra laisse le Pérou pour étudier l’anglais aux États-Unis. L’occasion de quitter un pays qui en offre peu ne se refuse pas. Mais chez l’oncle Sam, c’est une autre paire de manches. Tout ce que Sandra parvient à y faire, c’est étudier, et travailler d’arrache-pied pour payer l’université. Ce n’est pas ainsi qu’elle entend vivre. Elle pousse plus au nord, se laissant tenter par Montréal, parce qu’elle y a de la famille installée depuis vingt ans.

Très vite, elle comprend que sans la maîtrise du français, ses chances de trouver un emploi sont minces. Six mois de cours de francisation plus tard, elle entre à HEC, où elle décroche un certificat en commerce international. Le manque d’expérience, croit-elle, lui nuit encore aujourd’hui pour trouver un emploi dans son domaine. Employée chez Simons, Sandra optera peut-être pour poursuivre ses études, malgré une équivalence de diplôme un peu décevante à ses yeux (un DEC pour ses cinq ans d’université). «Ici, tout est possible», assure-t-elle.

Une succession de hasards l’amène à croiser Davidsen un soir d’hiver 2011, au métro Joliette. Lorsqu’il quitte Sherbrooke en 2000, après y avoir terminé ses études en sciences du sport, pour rentrer en France, le kinésiologue chérit l’idée de revenir au Québec. Au cours de la décennie qui suit, il enchaîne les emplois dans son domaine, et se voit offrir une mission au Gabon, pour superviser l’implantation d’une salle de sport. On lui propose d’y rester, mais «ça manque de défi». Entretemps, Davidsen dépose une demande de résidence permanente.

«J’ai obtenu mon certificat de sélection du Québec en trois semaines. J’ai pris ça comme une marque de confiance que je me devrais d’honorer. Immigrer, ça n’est facile pour personne. Mais il y a des opportunités, on finit toujours par aboutir.» – Davidsen Jugnah

 

Le 5 avril 2010, il atterrit à Montréal. Le 6 avril au matin, il dépose un CV, obtient une entrevue la journée même, et commence ainsi à travailler pour Nautilus. Il décroche des contrats de kinésiologue dans deux autres institutions, cumule les emplois comme travailleur autonome. Lorsqu’il apprend qu’un centre multi-sport de Cornwall, en Ontario, cherche un gérant, il se lance. L’entrevue dure deux minutes, on le remercie poliment, mais son niveau d’anglais («2 sur une échelle de 1 à 10 !», rit-il) ne passe pas. Son premier réflexe est de se mettre intensivement à l’anglais. Quelques mois plus tard, il offre de nouveau sa candidature au même poste toujours vacant, avec succès !
Le temps a passé depuis la rencontre fortuite sur le quai du métro, Davidsen et Sandra vivent ensemble lorsqu’il commence à travailler à Cornwall. À mi-chemin entre leurs lieux de travail se trouve Vaudreuil: ils décident de s’y installer. Chaque matin, Davidsen longe un grand chantier, dont il observe l’évolution avec curiosité. Jusqu’au jour où, devant l’immense bâtiment, se dresse un panneau annonçant «centre multisport». Il envoie une candidature spontanée, et y entre en avril 2012, à l’ouverture officielle, comme directeur de la programmation.

Ensemble, ils racontent leur parcours d’immigration avec le sentiment partagé que les occasions à saisir demeurent nombreuses. Leur plus grand accomplissement reste aujourd’hui d’élever leur petite fille Jolia, incarnation de cette croisée des chemins.

L’émission de Radio-Canada International Tam-Tam Canada a produit une version radio de ce reportage. Réalisée par la journaliste Anne-Marie Yvon, cette émission est disponible sur le site de RCI.

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