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Cancer, quand la carrière en souffre aussi

Photo: Métro

Grâce à l’amélioration des traitements, 200 000 Québécois sont toujours vivants 10 ans après avoir eu un cancer. La question de leur retour au travail est une réalité nouvelle avec laquelle les employeurs, les survivants et les professionnels de la santé doivent apprendre à composer.

Statistique Canada a récemment publié une étude examinant les conséquences de la maladie sur la vie professionnelle des survivants du cancer.

Trois résultats ressortent, notamment : les survivants du cancer sont moins susceptibles de travailler comparativement aux autres, leurs revenus annuels moyens sont plus faibles et l’impact de la maladie est encore plus fort chez les personnes sans diplôme d’études secondaires. Si le caractère trop physique de l’emploi de ces derniers est incompatible avec les séquelles ressenties, le fait de ne pas avoir de diplôme post-secondaire rend plus difficile la réorientation professionnelle.

Ces conclusions ne surprennent pas Mélanie Samson, gestionnaire de projets à la Division du Québec de la Société canadienne du cancer. À travers les appels reçus à sa ligne d’information et de soutien, l’organisme a constaté que les survivants du cancer ont tendance à moins bénéficier de promotions, ce qui nuit à la progression de leurs salaires. «Le cancer est une maladie de plus en plus chronique, mais il reste pourtant encore socialement perçu comme un synonyme de mort, explique Mme Samson. Il y a cette idée selon laquelle les survivants ne sont pas aptes à retourner travailler. C’est parfois vrai, mais c’est aussi faux.»

Des progrès à faire
Mme Samson pointe du doigt la méconnaissance du cancer et de la réalité vécue par les survivants. Certains effets des traitements de radiothérapie ou de chimiothérapie, comme la fatigue, les pertes de mémoire ou les difficultés de concentration, sont parfois très longs à s’estomper. «Parfois, on ne peut pas tout refaire comme avant dès le début, mais chaque cas est différent», affirme-t-elle.

L’aptitude de la personne à retravailler normalement dépend du type de cancer, des traitements subis mais aussi de la réponse du corps qui varie d’un patient à l’autre. Les collègues et les superviseurs d’un survivant ont tendance à sous-estimer sa capacité à accomplir ses tâches comme avant ou, au contraire, à les surestimer en se basant sur l’expérience d’une cousine ou d’un voisin qui s’est très vite rétabli.

«L’employeur démontre en général une volonté de réintégrer la personne, mais les accommodements physiques et psychologiques ne sont pas toujours appropriés», indique Mme Samson. Par souci de bien faire, l’employeur peut, par exemple, vouloir alléger la charge de travail du survivant en lui confiant moins de responsabilités, mais l’employé peut alors se sentir discriminé. Ou alors, il demandera à une personne de faire de la saisie de données pour lui éviter de soulever des boîtes, mais des séquelles sur sa capacité de concentration peuvent rendre cette tâche impossible à exécuter correctement pendant des heures, ou un lymphoedème peut l’empêcher de manipuler une souris pendant toute la journée. Résultat: la personne se démotive et l’employeur est insatisfait de ses performances.

Parfois, c’est le survivant lui-même qui, se sentant coupable de donner plus de boulot à ses collègues, nuit à sa reprise du travail en voulant reprendre son emploi trop tôt. Le risque est alors de devoir s’arrêter de nouveau. La Société canadienne du cancer incite donc les patients à décrire en détail leur quotidien professionnel aux intervenants en santé concernés afin de pouvoir préparer de façon optimale leur retour au travail, question d’amoindrir les effets de la maladie sur leur carrière.

Soutien
Ligne d’information et de soutien de la Société canadienne du cancer 1 888 939-3333

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