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Comment acheter son patron

Photo: Métro

Le départ à la retraite des baby-boomers pose un problème de relève pour les PME québécoises. La Fondation de l’entrepreneurship estime à 38 000 le nombre de releveurs nécessaires d’ici 2020. Des employés décident ainsi de racheter leur entreprise lorsque leur patron part à la retraite.

En 2013, Pierre Pigeon a réalisé son rêve: devenir propriétaire de Balcon Idéal, l’entreprise pour laquelle il travaillait depuis 15 ans. Employé aux ventes de cette PME montréalaise qui fabrique et installe des balcons et des marches en fibre de verre, M. Pigeon a mis sept ans à concrétiser son projet. Il faut dire qu’en 15 ans, il s’était imposé comme un homme indispensable dans sa compagnie. «J’ai toujours donné à l’entreprise comme si elle était à moi, raconte l’homme âgé de 48 ans. Je me suis arrangé pour devenir le bras droit des propriétaires.»

Un processus long et difficile
Financer son projet a été le premier obstacle à franchir. Pierre Pigeon a commencé par acheter le tiers des parts avec son argent. Le reste du capital a été acquis grâce à du financement personnel et à celui de Capital Croissance PME, un fonds d’investissement qui soutient et accompagne les PME québécoises. «J’ai passé un an à magasiner mon financement, j’ai suivi l’équivalent des cours de Finance 101, 102 et 103 en un mois! explique-t-il. Aller voir un avocat peut coûter 30 000 $, alors j’ai tout fait moi-même pour ne pas que les coûts soient trop élevés.»

M. Pigeon a également dû approfondir sa connaissance de Balcon Idéal. «Je maîtrisais bien la vente, mais il a fallu que je démontre des qualités de gestionnaire et que j’apprenne l’aspect technique de notre savoir-faire, se rappelle-t-il. J’ai donc travaillé à tous les postes de l’entreprise; j’allais à l’usine et sur les chantiers pendant les périodes plus mortes.» Cela a également permis à M. Pigeon d’asseoir sa crédibilité auprès de ses employés. «Te salir les mains dans tous les départements de ton entreprise prouve ton leadership, souligne-t-il. Et si un gars de tel département commence à me faire la vie dure, je connais assez son travail pour être capable de négocier avec lui.»

Le recrutement a constitué un autre défi à relever pour le néo-chef d’entreprise. «L’embauche d’employés clés a été très difficile, j’ai dû faire appel à plusieurs sites spécialisés, mais cela m’a forcé à redéfinir les tâches dans mon entreprise.»

De la persévérance
En devenant le seul maître à bord de Balcon Idéal, Pierre Pigeon a découvert une réalité différente du salariat. «Se lever à 4h du matin pour rentrer avant tout le monde et rester le soir pour finir mes ventes, avoir des oreilles partout et un radar constamment allumé… raconte-t-il. Et puis, il y a l’inquiétude qui s’installe, car les 35 gars qui travaillent pour moi ont des familles derrière.»

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