Soutenez

Du travail social à l’enseignement

View Directly Below of Seven Primary School Children Huddled Together Looking at the Camera Photo: Collaboration spéciale

Au cours de sa carrière de travailleuse sociale, Marie Lamothe connaît des clientèles et des milieux de travail variés. Chaque fois que se présente l’occasion de décrocher un poste, elle la saisit et va voir ailleurs. Jusqu’à ce qu’elle décide de quitter le milieu.

«Je n’étais pas malheureuse [en tant que travailleuse sociale], mais l’enseignement m’avait toujours intéressée. Après le cégep, j’ai été admise en travail social et en éducation. Mon attirance pour ces deux domaines remonte donc à loin!» À la porte de l’université, c’est le travail social qui l’emporte. Baccalauréat en poche, Marie Lamothe intervient d’abord auprès de jeunes présentant une déficience intellectuelle. Viendra ensuite le travail en CLSC auprès de personnes âgées, puis un poste à l’accueil psychosocial. Mme Lamothe y accompagne surtout des familles immigrantes en difficulté. Elle aime ce qu’elle fait, mais une petite voix en elle réclame autre chose.

À la fin de la vingtaine, après six ans de travail social, la perspective de se lancer dans un autre bac la rebute un peu. Elle entend parler de la formation en enseignement donnée par l’Université d’Ottawa en un an. «Je me suis dit “C’est ma chance!” et j’ai foncé.» Elle plonge dans une année d’études intense. Le retour sur les bancs de l’école représente tout un défi pour elle. «Surtout au bac, explique-t-elle. Je me retrouvais avec des étudiants beaucoup plus jeunes que moi. Et se remettre en mode études après plusieurs années sur le marché du travail, c’est difficile. Il y a un décalage, ce n’est plus comme à 20 ans, où tout notre entourage partage le même univers. J’étais aussi plus mature, plus sérieuse, donc plus exigeante envers moi-même.» À force de travail, Mme Lamothe relève le défi. Puis elle revient s’installer à Montréal, diplôme en poche.

Le hasard faisant bien les choses, c’est par une connaissance qu’elle se voit proposer une classe d’accueil dans une école primaire. «C’était dans mes cordes, mon bagage de travailleuse sociale m’avait apporté une certaine connaissance de la réalité des nouveaux arrivants.» Pour ses élèves, le français est souvent «la deuxième, voire la troisième ou la quatrième langue parlée.» Les enfants de sa classe sont, d’une certaine façon, ceux des parents qu’elle aidait autrefois, dans son rôle de travailleuse sociale. «Je comprends d’où ils viennent, j’ai une idée de ce qu’ils vivent à la maison, et ça me sert beaucoup.» Bien outillée par son passé d’intervenante, Mme Lamothe constate, après six ans d’enseignement, que ce sont les stages qui l’ont le mieux préparée à son nouveau travail. «C’est le terrain qui fait l’expérience.»

Aujourd’hui, Marie Lamothe s’interroge de nouveau sur son avenir professionnel. Même si elle a la certitude de vouloir œuvrer auprès de personnes immigrantes, elle se demande si l’enseignement répond à ses aspirations les plus profondes. Se réorienter? Peut-être. «Mais avant de changer, il faut identifier ce qui nous pousse à ça», estime la jeune femme qui a consulté un conseiller d’orientation.

«Changer de métier m’a donné un second souffle. Plonger dans un nouveau milieu où on redevient “le nouveau” sans expérience, ça force l’humilité.» – Marie Lamothe

Changer de carrière: quels défis?
«Le premier défi, c’est de découvrir et d’assumer notre potentiel latent, explique le conseiller d’orientation Érick Beaulieu. Ça peut sembler vertigineux de se dire qu’on va faire quelque chose qui nous rejoint vraiment, si jusque-là on s’est simplement adapté aux prérogatives du marché du travail.» Pour être fructueuse, la démarche demande avant tout de se comprendre, de se connaître. Condition sans laquelle le deuxième défi risque de décourager. «Certains facteurs, tels que les compromis qu’implique un retour aux études, provoquent un autre genre de vertige. Il faut du courage et de la conviction pour effectuer une réorientation.» Mais le jeu en vaut largement la chandelle, s’il est la clé pour éviter l’épuisement professionnel, croit le conseiller.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.