Soutenez

Troubles de l’apprentissage: Réussir coûte que coûte

Photo: Métro

Nombreux sont les jeunes qui entament des études postsecondaires avec des difficultés liées aux troubles de l’apprentissage (TA). Ils redoublent d’effort, mais souvent l’aide d’un spécialiste est nécessaire pour leur permettre de rester sur les bancs d’école.

Selon l’Institut des troubles de l’apprentissage, les TA touchent environ 1 personne sur 10, soit 700 000 Québécois. L’Enquête canadienne sur l’incapacité effectuée en 2012 révèle que «les problèmes d’apprentissage sous-jacents les plus souvent mentionnés sont le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H), et d’autres troubles du développement liés aux aptitudes scolaires» tels que la dyslexie ou le trouble du spectre de l’autisme, par exemple.

Bien que plus facilement détectable chez l’enfant à cause de l’agitation motrice, le TDA/H n’en reste pas moins identifiable chez les jeunes. «Les symptômes sont semblables à ceux de l’enfant, explique Ariane Hébert, psychologue et auteure du livre TDA/H – La boîte à outils. Inattention, manque d’organisation, difficultés à planifier sur le long terme, comme gérer son agenda et anticiper les révisions pour les examens, tout ça, les TDA/H, ça les dépasse!»

«Chez l’adulte, l’agitation se passe à l’intérieur. C’est un peu comme un canard, sous l’eau il nage de toutes ses forces, mais quand on le regarde on voit juste un canard tranquille sur l’eau.» -Ariane Hébert, psychologue et auteure

Des troubles latents
Les difficultés d’apprentissage n’apparaissent pas soudainement au cégep ou à l’université. Elles se manifestent souvent chez des étudiants qui ont réussi à franchir les étapes scolaires de justesse. «Ils sont intelligents et ils arrivent à compenser pendant plusieurs années, estime Mme Hébert. Mais dès que les attentes deviennent trop élevées, les stratégies compensatoires qu’ils ont développées ne suffisent plus. Ils ont souvent l’impression que l’énergie qu’ils investissent est démesurée par rapport aux résultats qu’ils obtiennent.»

Mais avoir un trouble de l’apprentissage n’est pas synonyme d’échec scolaire. Bien au contraire précise Josée Sabourin, psychologue en aide à l’apprentissage au Centre étudiant de soutien à l’apprentissage et à la réussite (CESAR) à l’Université de Montréal. «On ne parle pas de difficulté intellectuelle. Ces élèves ont du potentiel, assure Mme Sabourin. C’est certain que, pour un étudiant qui est dans un programme demandant un haut niveau de concentration, ce sera un plus compliqué. Mais s’il est motivé, il y a tellement d’outils à sa disposition pour l’aider à réussir.» Et Mme Hébert d’ajouter : «C’est sûr que les acquis qui ne se sont pas faits en même temps que les autres devront être réinvestis ou laissés de côté. Mais il n’y a pas une épée de Damoclès au-dessus de la tête de l’étudiant pour tout le reste des apprentissages.»

Ajustements et accommodements
Comme pour tout changement, une période d’adaptation est nécessaire avant de voir des améliorations, et les premiers temps sont les plus difficiles pour ces élèves. «Il faut commencer doucement, et ne pas s’engager dans un nombre important de cours. Souvent, nos étudiants prennent quatre cours au lieu de cinq pour être capables d’y arriver», explique la psychologue du CESAR qui accompagne plus d’une centaine d’étudiants.

Puisque la Loi sur l’instruction publique stipule que «la commission scolaire doit […] adapter les services éducatifs à l’élève handicapé ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage selon ses besoins […]», de nombreux accommodements légaux sont mis à la disposition des jeunes pour leur donner les mêmes chances que les autres de réussir.

«Pour ces étudiants en difficulté d’apprentissage, [les accommodements] c’est comme s’ils ne voyaient pas bien et qu’on leur donnait des lunettes pour mieux voir.» -Josée Sabourin, psychologue en aide à l’apprentissage au CESAR à l’Université de Montréal

«Par exemple, pour les étudiants atteints d’un trouble de l’attention majeur, tel que le TDA, être dans un local isolé leur permet de passer l’examen sans être perturbés, affirme Mme Sabourin. Ils ont ainsi la possibilité de réussir au même titre que les autres. Pour les dyslexiques, l’accès à un ordinateur ou du temps supplémentaire pour lire l’examen sont des accommodements typiques», poursuit-elle.

Ainsi, avec des accommodements légaux, quelques stratégies mises en place avec l’aide d’un spécialiste et une bonne dose de motivation, l’étudiant avec un TA met toutes les chances de son côté pour réussir son parcours postsecondaire.

«Pour mon âge, je faisais trop d’anxiété»

Yannicia Fréchette-Hudon
Yannicia Frechette-Hudon

Élève en Techniques de bioécologie au cégep de Saint-Laurent, Yannicia Fréchette-Hudon, 20 ans, a été diagnostiquée à 11 ans comme ayant un trouble du déficit de l’attention (TDA). En plus de sa médication, elle bénéficie d’accommodements légaux pour pallier ses troubles d’apprentissage. Métro s’est entretenu avec l’étudiante qui a décidé de faire son cégep en quatre ans pour ne pas être surchargée et ainsi réussir.

Comment vous êtes vous rendu compte que vous aviez des troubles d’apprentissage?
Au primaire, on faisait des lectures. Les autres avaient le temps de lire toute la page et de passer à la suivante, tandis que moi, j’étais encore sur la première. Mais surtout, pour mon âge, je faisais trop d’anxiété. C’est ce qui a poussé ma mère à me faire évaluer par une psychologue, qui a découvert que mon anxiété était liée au TDA.

Quelles stratégies ont été mises en place?
Jusqu’au secondaire, je prenais seulement ma médication. Ça m’aidait à me concentrer et à suivre le cours. Mais au cégep, j’ai eu des accommodements. Pendant les examens, j’ai le droit à un ordinateur avec un logiciel de correction et le tiers du temps supplémentaire.

Quels sont les bénéfices de ces accommodements?
Avoir plus de temps diminue mon anxiété. Comme je suis moins anxieuse, je peux mieux me concentrer sur l’examen. Et, ça paraît sur mes notes! Le fait d’avoir moins de cours par session me permet aussi d’être plus concentrée.

Propos recueillis
par Anicée Lejeune

 

Ressources
Voici une liste non exhaustive des ressources mises à la disposition des étudiants :

  • Au cégep et à l’université : Le soutien à l’apprentissage des différents services aux étudiants des établissements.
  • Hors du parcours scolaire : Le Centre d’évaluation neuropsychologique et d’aide à l’apprentissage (CENAA) : www.cenaa.ca
  • L’Institut des troubles d’apprentissages : www.institutta.com
  • Les étudiants qui pensent être en difficulté d’apprentissage peuvent faire des démarches pour consulter un psychologue.

 

TDA/H
La boîte à outils
Éditions de Mortagne
17 $

www.boiteapsy.com

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.