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Travail: Réorientation salvatrice

Thoughtful teenager Photo: Métro

Portrait. Un grand mal pour un grand bien. Voilà ce qui peut résumer le revirement professionnel de Martine Provost. La vie ne lui a laissé d’autre choix que de se débrouiller pour faire ce qu’elle aime, lui imposant en quelque sorte d’oser.

Derrière son bureau d’adjointe administrative, Martine sait que sa personnalité est un peu anesthésiée, comme en dormance. Elle, la créative qui a toujours aimé s’occuper des autres. Mais, à l’époque, la sacrosainte stabilité l’emporte. «Notre société valorise beaucoup la sécurité à l’emploi. Le salaire qui tombe aux deux semaines, le 9 à 5.» Ce n’est pas vraiment elle, mais elle s’en accommode.

Jusqu’au jour où la vie lui joue un tour. À 32 ans, on lui diagnostique un cancer. Impossible de faire fi des questions fondamentales. Si elle en sort, ce sera forcément avec un empressement à vivre, un besoin indiscutable de faire ce qu’elle aime. Après quatre mois d’arrêt, et un avis médical l’estimant en rémission, Martine se retrouve sur le marché du travail. Non sans avoir au préalable profondément réfléchi. «J’ai consulté un orienteur parce que je voulais être certaine de faire le bon choix.» La démarche est confrontante. «On se met à nu, quelque part, en allant fouiller sur ce qui on est pour trouver quoi faire. Et puis se faire dire au final que tu peux faire ce que tu aimes, c’est presque troublant !»

«On passe une trop grande partie de notre vie au travail pour ne pas y être heureux.» -Martine Provost

Tout la ramène à l’événementiel. Après un passage dans une agence, elle intègre un club privé en tant qu’organisatrice des événements. Ce poste est finalement la somme de toutes ses expériences passées. Serveuse en restauration, agent de bord, administration : «Ça fait appel à mes compétences, et met en valeur mon côté social et créatif.» Organisatrice dans l’âme – les anniversaires, les fêtes de Noël pour son entourage, c’est elle – Martine a l’œil qui brille quand elle évoque le plaisir de voir ses clients heureux de passer un bon moment.

«Le plus grand défi a été de me fier à mon intuition. J’aurais facilement pu retourner en administration, mais ce n’était pas moi. Je savais que je prenais un risque, et je me suis dit que même si ça ne fonctionnait pas, je devais essayer.» Martine apprend vite, est rigoureuse et passionnée : elle choisit de se lancer sans formation, mais forte de son bagage antérieur. La démarche avec un conseiller d’orientation lui a aussi permis de comprendre comment elle pouvait valoriser ses acquis auprès de futurs employeurs.

Formation non essentielle
Reprendre des études alors qu’on est déjà avancé dans la vie adulte implique souvent renoncements… et endettement. Pourquoi ne pas d’abord évaluer quelles compétences sont transférables, et comment les valoriser ? «Il y a des stratégies pour ça, croit Mathieu Guénette, directeur des services professionnels chez Brisson-Legris, entreprise montréalaise spécialisée en orientation et gestion de carrière. Apprendre à présenter son bagage comme un atout, à se présenter tout court, à bâtir un réseau dans le domaine d’emploi visé : tout ça contribue au succès d’une réorientation.»

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