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Incivilité au travail: un peu de respect!

Checking social media during the work Photo: Métro
Anne-Hélène Dupont - 37e avenue

Une seule pomme pourrie peut rendre l’atmosphère de travail dangereusement toxique, constataient récemment trois chercheurs de l’Université de Lund, en Suède.

Qu’est-ce que l’incivilité en milieu de travail? Quels sont ses effets? Comment la combattre? Deux psychologues du travail nous en parlent.

Un manque de savoir-vivre
Envoyer des textos ou bâiller sans retenue en réunion, négliger de répondre aux salutations du voisin de bureau, prendre tout le crédit pour un travail réalisé en équipe, laisser un collègue de côté lorsqu’on organise un événement spécial : voilà le genre de comportements qu’englobe la notion d’incivilité.

«Ce sont des microcomportements, des microagressions qui font réagir le cerveau émotionnel de l’individu qui se sent ciblé», explique la psychologue du travail et coach d’affaires Pierrette Desrosiers.

Commis consciemment ou pas, ces manques de savoir-vivre peuvent donner aux collègues le sentiment de ne pas être respectés, voire d’être exclus.

Et ces sentiments ne sont pas anodins : «Les besoins psychologiques d’un individu sont aussi importants que ses besoins physiques», rappelle Pierrette Desrosiers.

Un phénomène contagieux
Les comportements incivils sont en outre contagieux. C’est là une des principales conclusions de l’étude sur l’incivilité menée par les chercheurs de l’Université de Lund. Les données obtenues auprès de quelque 6 000 travailleurs placent en effet l’imitation au premier rang des causes d’incivilité en milieu de travail.

«C’est ce qu’on appelle la spirale de la civilité. Ce n’est pas nouveau, mais cette étude le confirme», indique Marie-France Savard, CRHA, psychologue spécialisée en développement organisationnel. Elle explique : «Si quelqu’un nous interpelle de façon incivile, on a tendance à rétorquer sur le même ton. La contagion vient de ce que l’entourage passe en mode réaction et peut même renchérir.»

Plus le coupable occupe un rang élevé dans la hiérarchie, plus son impolitesse tendra à se répandre, ajoute Pierrette Desrosiers : «Si le patron regarde son téléphone et envoie des messages en pleine réunion, ça devient une façon de faire qui est acceptée dans l’organisation.»

L’inaction des gestionnaires peut elle aussi favoriser la contagion, croit Marie-France Savard : «Il arrive qu’on dénonce une incivilité et que le gestionnaire la banalise ou même tourne la situation contre la victime en lui disant de ne pas être aussi susceptible. Banaliser ou refuser d’agir revient à accepter un tel comportement.»

Petits gestes, grands impacts
Les auteurs de l’étude suédoise mentionnent que l’incivilité a pour conséquences une baisse de la satisfaction professionnelle, un risque accru de maladies mentales chez les victimes et une baisse de la productivité.

«L’accumulation de ces petits gestes fait qu’à partir d’un certain moment, on n’en peut plus», indique Pierrette Desrosiers. La psychologue précise que l’insomnie et l’anxiété sont parmi les effets potentiels à long terme du manque de savoir-vivre au travail.

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