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Un programme universitaire pour comprendre les réalités autochtones

A sign welcomes visitors at the Attawapiskat airport in the remote northern Ontario community on Monday, April 18, 2016. THE CANADIAN PRESS/Colin Perkel Photo: Colin Perkel/THE CANADIAN PRESS

L’Université de Montréal offre, depuis septembre 2015, le premier programme francophone en études autochtones au Canada.

Hébergé au Département d’anthropologie, ce programme pluridisciplinaire de 30 crédits (une mineure) propose d’explorer différents aspects de la réalité des peuples autochtones, au Canada et dans le monde. Un module de 15 crédits est également offert. Métro s’est entretenu avec sa directrice, Marie-Pierre Bousquet.

Pourquoi avoir regroupé les cours qui s’intéressent à la problématique autochtone dans un programme?
Pendant des années, j’aurais voulu participer à un programme en études autochtones, mais il n’y en avait pas à Montréal. J’ai fini par le créer moi-même, et en français. D’abord, les étudiants autres que ceux inscrits en anthropologie ne savent pas qu’il existe des cours sur les autochtones. Par ailleurs, beaucoup de départements n’offraient pas de cours alors que des chercheurs travaillaient sur ce sujet. J’ai fait du lobbying avec ces collègues pour en créer.

De plus, les personnes appelées à travailler avec les autochtones ont besoin d’un cursus structuré plutôt que de cours dispersés, afin de démontrer qu’ils ont saisi la totalité de la problématique.

Justement, à quel public s’adresse le programme?
J’ai été surprise par la diversité des profils : des tout jeunes curieux, des personnes retraitées, des gens en formation professionnelle courte… Mon idée était de répondre à une demande, les gens étant souvent ignorants des réalités autochtones. On m’avait prédit peu d’étudiants, mais il y a en fait un grand intérêt pour le programme. Et il y a même des étudiants autochtones qui se sont inscrits alors que l’Université de Montréal n’est pas réputée pour son accueil. Je travaille d’ailleurs avec l’administration pour développer des services spécifiques pour eux.

«La réponse des étudiants a dépassé nos attentes. Il y a une volonté de  comprendre la réalité  de ces populations.»  –Marie-Pierre Bousquet, professeure agrégée et directrice des programmes en études autochtones à l’Université de Montréal

Selon ce que rapportent les grands médias, la situation des autochtones au Canada semble très sombre – on pense notamment à la vague de suicides chez les jeunes à Attawapiskat. Est-ce vraiment le cas?
Elle n’est pas si noire que ça. Il y a beaucoup de problème dans certaines petites communautés, mais en fait, il n’y a que les journaux des régions qui parlent de ce qui va bien. La situation des autochtones serait néanmoins globalement à améliorer, car ils ont des conditions et une espérance de vie inférieures à la moyenne des Canadiens.

Certaines communautés vont bien, comme la Osoyoos Indian Band, en Colombie-Britannique, qui produit un  vin réputé, le Nk’Mip. Une des clés est le contrôle du territoire et des ressources. Juste à côté d’Attawapiskat, il y a des mines de diamant, mais la communauté n’a aucun droit sur le territoire, donc elle ne touche pas de redevances. Le secret de la réussite, c’est la capacité de contrôle et d’autodétermination des membres. Même avec les meilleurs services du monde, une communauté qui n’a pas l’impression de contrôler son territoire, et donc sa destinée, pourrait connaître le genre de problèmes que connaît Attawapiskat.

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