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Design industriel: Félix Guyon milite pour le made in Québec

Photo: Geneviève Sasseville

Avant de se poser à Verchères, le designer industriel Félix Guyon a notamment fait escale à Londres et à Montréal.

C’est toutefois dans sa ville natale, bordée par le fleuve Saint-Laurent, que le récipiendaire du Prix de la relève des 8es Grands Prix du design puise aujourd’hui son inspiration. D’ailleurs, c’est là qu’il a installé ses fameux bancs voiles maintes fois récompensés, monuments érigés à la mémoire des fondateurs de la municipalité montérégienne.

Artiste dans l’âme, Félix Guyon s’est dirigé en design industriel pour explorer de nouvelles techniques, lui qui a grandi dans l’atelier de ses parents, «les deux fesses dans le plexiglas», rigole-t-il. Sa passion pour les objets utilitaires s’est affirmée au fil de ses études à l’Université de Montréal, d’autant qu’il arrive toujours à y intégrer «une touche artistique». Sa pratique lui permet finalement de profiter du meilleur des deux mondes : «Je peux m’exprimer comme en art et en même temps vivre de mes créations», souligne-t-il.

Morceaux choisis d’un entretien à bâtons rompus.

Retourner à Verchères était non seulement un retour aux sources, mais également un moyen de vous ancrer dans l’histoire familiale des Guyon…
Nous sommes trois générations de créateurs. Mon grand-père faisait des chaloupes de bois, puis mon père a lancé une entreprise de design spécialisée dans le plexiglas.

De retour à Verchères après l’université et quelques années passées entre Nantes, Londres et Montréal, j’ai repris le nom Les Ateliers Guyon, en quelque sorte pour amener le concept familial ailleurs tout en restant dans le domaine créatif et la fabrication.

À Verchères, j’aime profiter du calme et du bord du fleuve. C’est plus simple, plus contemplatif. Évidemment, c’est aussi moins effervescent que la ville, mais avec l’internet, il est facile de savoir ce qui se passe dans le monde. Pour moi, c’est l’équilibre parfait.

Vous avez autant créé du mobilier et du design résidentiel que des projets de plus grande envergure. Avez-vous une préférence?
Je ne pense pas. J’aime me faire brasser la cage, me faire surprendre et recevoir des propositions complètement différentes d’un projet à l’autre. Me faire sortir de ma zone de confort m’oblige à penser autrement.

«Je crée à partir d’un état d’esprit, en pensant à une atmosphère où je me retrouve et le client aussi.» – Félix Guyon

Quelles sont vos inspirations?
Mon style évolue, c’est sûr. En vieillissant, je fais des choses plus sobres. Moins ludiques si on peut dire. Mes premiers projets avaient un certain humour, par exemple la chaise étiquette, alors qu’aujourd’hui, j’aime que la touche d’originalité ne prenne pas toute la place.

Je pense que ce sont les matériaux qui m’inspirent. D’un côté la pureté et la beauté, la volonté de les mettre en valeur, et de l’autre, l’émotion qu’ils inspirent. Je crée à partir d’un état d’esprit, en pensant à une atmosphère où je me retrouve et le client aussi. Ensuite, je passe le tout à travers les filtres de la fonctionnalité et de la durabilité.

En tant que représentant de la relève, comment voyez-vous le design québécois aujourd’hui?
On se dirige vers la démocratisation du design. Il y a énormément de créativité au Québec et des centaines de firmes d’ici se démarquent. Même si on n’est pas encore rendus au même point que la Scandinavie, où le design est bien intégré partout, je pense que le domaine est en santé.

Que faire pour le faire rayonner davantage?
En parler! Ça commence avec des articles de journaux… Je comprends que monsieur et madame Tout-le-monde n’ont pas toujours le budget pour se payer du design québécois, mais juste le fait de prendre conscience que des produits d’une grande qualité sont fabriqués ici serait déjà un pas dans la bonne direction.

Projet marquant
«Les trois machines que j’ai inventées pour l’exposition itinérante du Art Director Club de New York constitue de loin le projet le plus créatif que j’ai eu l’occasion de faire, explique Félix Guyon. On m’avait donné carte blanche. J’ai essayé de jouer avec les époques dans un esprit Jules Verne en mariant la fabrication traditionnelle et les technologies actuelles.»

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Les bancs voiles rendent hommage «aux premiers fondateurs de la ville qui sont arrivés par le vent et l’eau dès 1740», peut-on lire sur le site internet des Ateliers Guyon. / Les Ateliers Guyon

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