Soutenez

Dans les coulisses de La Remise, future bibliothèque d’outils

Photo: collaboration spéciale

Même si la future bibliothèque montréalaise d’outils n’ouvrira que cette fin de semaine, elle se distingue déjà par plusieurs aspects. Brève incursion chez ce nouveau joueur de l’économie montréalaise du partage.

À quelques jours de l’ouverture, on voulait voir à quoi allait ressembler cette bibliothèque hors du commun. Alors on est allé voir. Première surprise, on est accueilli par trois filles. «La Remise n’est pas un lieu «genré». D’ailleurs, la moitié du conseil d’administration est composé de filles», souligne Valérie Fréchette, travailleuse sociale de son métier.

«C’est ça la beauté du projet: il s’adresse à ceux qui ont du talent, mais aussi à ceux qui veulent acquérir un savoir-faire», ajoute Louise Cadieux, finissante en sciences humaines, qui n’avait qu’une connaissance limitée du maniement de la scie électrique avant de s’investir dans ce projet et qui s’affairait pourtant à dresser des cloisons au moment de notre passage.

Dès cette fin de semaine, le local situé dans le quartier Villeray accueillera ses premiers visiteurs. La carte de membre coûte 10$ et l’abonnement annuel, qui permet un nombre de locations illimitées, sera de 60$. Des cartes de points (30$ pour 10 points) seront aussi disponibles pour des usages plus ponctuels. Le coût de location dépendra de la consommation d’énergie de l’outil emprunté. La tondeuse à main pourra être vraisemblablement empruntée pour un petit point. Pour le marteau-piqueur, prévoir déjà trois points.

Oui, vous avez bien lu! La Remise compte parmi les 300 outils déjà reçus en don, un marteau-piqueur. «Ça, c’est le genre d’outils qui permet de recruter des membres assez loin de notre périmètre», explique Valérie Fréchette. L’organisme dispose aussi d’une machine à tricoter, d’un rétroprojecteur, d’une machine à pain, mais est à la recherche d’un rotoculteur pour satisfaire sa clientèle, future propriétaire de belles pelouses ou de potagers prolifiques.

Signe que la clientèle sera au rendez-vous, La Remise compte déjà près de 200 membres. Parmi les bibliothèques d’outils en Amérique du Nord, celle de Montréal a récolté plus de dons sur Indigogo que ses congénères de Denver, Seattle ou Toronto : 23 864 $ en un mois. Le succès de la campagne de sociofinancement a permis de compenser la faiblesse du financement public, qui n’a pas été à la hauteur des prévisions.

Autre découverte, La Remise ne sera pas uniquement un lieu d’emprunt. Ce sera aussi un lieu d’échange de savoir, où se tiendront régulièrement des ateliers thématiques. Le premier portera sur les gestes à maîtriser en vue d’un déménagement. Au menu: Comment poser une tablette sans faire de son mur un gruyère et Refaire les joints d’étanchéité du bain sans faire rire ses colocs? L’Association des locataires de Villeray sera sur place, le jour de l’atelier, pour faire connaître aux participants leurs droits en matière de logement.

Suivront des ateliers portant sur la réparation des vélos, le jardinage, la menuiserie, le tricot et l’artisanat. «L’idée, c’est aussi de se rencontrer pour échanger des trucs», précise Éliane Fortin-Burns.

À Toronto, 18 mois après son ouverture, la bibliothèque d’outils a dû ouvrir une succursale pour répondre à la demande. On peut déjà dire de La Remise: Et elle vécut heureuse et eut beaucoup d’enfants… à Saint-Henri, Hochelaga-Maisonneuve ou Côte-des-Neiges.

Réalité de perceuse
Selon une étude du World Wildlife Fund, qui s’est penché en 2013 sur le temps d’utilisation de certains appareils, une perceuse n’est utilisée que une minute et demie par an, soit 0,00029% du temps. C’est l’outil le moins utilisé devant la souffleuse à feuilles (quatre heures par an), le mélangeur (sept heures par an), ou le réchaud à fondue (12 heures par an).

«Sachant que chaque foyer possède pour environ 6000$ d’appareils à usage ponctuel, c’est l’équivalent de cent ans d’abonnement à La Remise», souligne Blaise Rémillard, un des instigateurs du projet.

La Remise
8280, boulevard Saint-Laurent

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.