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La deuxième vie d’Onomichi

Photo: Véronique Leduc/collaboration spéciale

À Onomichi, une ville portuaire près d’Hiroshima, au Japon, quelqu’un a refusé de laisser le centre-ville se détériorer.

Depuis, ateliers d’artistes, auberges et petits restaurants donnent une seconde vie à ce qui était un quartier abandonné. «Je suis née ici et je trouvais ça triste de voir l’ancien centre-ville délaissé, dit Masako Toyoda, jeune quadragénaire, en pointant, au haut d’un escalier extérieur, une des vieilles maisons qu’elle a achetée il y a huit ans. Elle date de 1937 et allait être détruite. J’ai fait arrêter le processus. C’est là que tout a commencé.»

Depuis qu’elle s’est mise en tête de redonner sa vigueur au centre-ville d’Onomichi, Masako ne chôme pas. C’est qu’au détour des ruelles sinueuses et des escaliers qui relient les 25 temples de la ville construite sur de hautes collines, on compte 500 maisons vacantes sur une distance de 2 kilomètres seulement.

C’est ce paysage tout en étages, qui donne sur la mer intérieure de Seto, qui procure tout son charme à cette ville, autrefois port d’embarcation du riz. Peu connue des touristes, mais appréciée depuis plus d’un siècle des artistes en quête d’inspiration, Onomichi est une des rares villes de la région dont les temples ont été épargnés par la Deuxième Guerre mondiale.

«Maintenant, les gens veulent posséder des voitures, et ici, les rues sont trop étroites. Plusieurs ont donc quitté pour les banlieues, là où il y a de grands centres commerciaux.» – Masako Toyoda

D’abord avec ses propres moyens et maintenant avec l’aide de maigres fonds du gouvernement, du travail de six employés, et de l’appui de 200 jeunes volontaires locaux qui s’enthousiasment pour l’idée, le projet avance bien. Masako est fière de présenter les résultats aux visiteurs qui le demandent. Il y a les bureaux de l’ONG qu’elle a créée et de minuscules studios d’artistes dans d’anciennes maisons étroites. Puis, dans un espace lumineux à flan de colline et longtemps abandonné, il y a le Air Café qui occupe depuis cinq ans la place d’un bureau gouvernemental. Il y a aussi la craquante boulangerie qui ressemble à une maison de poupées, puis, plus bas, le restaurant et l’auberge, installés dans une construction centenaire, autrefois une fabrique de kimonos. En huit ans, une vingtaine de projets ont fait renaître des maisons à l’abandon, apportant avec eux un vent de fraîcheur et créant des emplois. Et ce n’est pas fini: 80 maisons sont présentement en cours de rénovation.

L’expertise de Masako est maintenant en demande dans d’autres villes nippones qui espèrent voir revivre leurs quartiers. Elle a donné l’envie à d’autres de se réveiller avant qu’il ne soit trop tard.

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