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Malade d'avoir trop bu

Woman runner is having a break and drinking water Photo: Getty
Eve Beaudin - Agence Science-Presse

On met beaucoup l’emphase sur l’importance de bien s’hydrater quand on fait du sport.

Or, il est possible de trop s’hydrater. À chaque marathon ou épreuve sportive, des gens par ailleurs actifs et en bonne santé sont malades d’avoir trop bu. C’est pourquoi médecins et organisateurs de défis sportifs redoublent d’efforts pour sensibiliser les participants à l’importance de boire assez, mais pas trop.

Il y a une trentaine d’années, les marathons et autres épreuves d’endurance 
physique étaient réservés aux athlètes de haut niveau. Comme un effort physique intense de longue durée peut entraîner une transpiration excessive, on a donc mis l’emphase sur l’importance de boire suffisamment. «Dans les années 1990, l’American College of Sport Medicine recommandait aux athlètes de boire le plus possible, et l’armée américaine allait jusqu’à encourager ses troupes à boire 
1,8 litre d’eau par heure lorsque la température dépassait les 30 degré Celsius», se rappelle le Dr Marc Gosselin, urgentologue spécialisé en médecine sportive et directeur médical de l’Ironman Mont-Tremblant depuis six ans.

«À cette époque, les dangers de l’hyperhydratation étaient méconnus. On sait maintenant que ces recommandations sont exagérées et peuvent s’avérer dangereuses: l’hyper-hydratation peut entraîner l’hyponatrémie, une condition médicale pouvant causer divers troubles physiologiques, le coma, voire la mort.»

Selon le médecin, les directives de l’armée américaine auraient entraîné 125 hospitalisations et au moins 6 décès liés à l’hyperhydratation de 1990 à 1996. Des marathoniens en sont aussi décédés.
Une étude publiée en 2005 dans le New England Journal of Medicine a déterminé que près d’un sixième des participants à un marathon développe une hyponatrémie à des degrés divers. Ce seraient les marathoniens plus lents, qui transpirent peu et qui boivent beaucoup d’eau, qui seraient les plus à risque. L’hyponatrémie fait aussi des victimes dans d’autres disciplines. Par exemple, il y a trois ans, un jeune footballeur américain est décédé en Géorgie après avoir bu 15 litres d’eau et de boisson sportive sur les encouragements de son entraîneur, qui pensait bien faire.

Le terme «hyponatrémie» fait référence à un bas niveau de sodium dans le sang. Quand on boit de l’eau de manière excessive dans un court laps de temps, les reins n’ont pas le temps d’évacuer l’eau et le niveau de sodium sanguin baisse rapidement.

«L’effet est aggravé au cours d’un effort physique prolongé, car le corps produit une hormone antidiurétique qui lui fait retenir encore plus l’eau», explique le Dr Gosselin. «C’est ce qu’on appelle l’hyponatrémie liée à l’entraînement.» Alors qu’en temps normal, les reins peuvent éliminer de 
800 à 1 000ml par heure, dans une situation de marathon, l’hormone antidiurétique pourrait réduire l’excrétion d’urine jusqu’à 100ml par heure, peut-on lire dans le journal Scientific American. Ainsi, même en suant abondamment, une personne qui boit trop d’eau aura un gain net d’eau dans le corps.

L’hyponatrémie liée à l’entraînement peut survenir pendant l’activité sportive ou jusqu’à 24 heures après une épreuve d’endurance. La chute rapide du niveau de sodium dans le sang peut provoquer des nausées, des malaises, des maux de tête, des vomissements et, dans les cas les plus sévères, des convulsions, le coma et même un arrêt respiratoire. «Il faut traiter ces personnes en leur donnant rapidement un salin hypertonique, un fort concentré de sodium», indique le Dr Gosselin.

Boire à sa soif
L’hyponatrémie liée à l’entraînement étant maintenant mieux connue, les recommandations d’apports en fluides destinés autant aux athlètes de haut niveau qu’aux sportifs du dimanche ont été revues ces dernières années. Ainsi, l’Association internationale des directeurs médicaux de marathon (IMMDA) recommande aux coureurs de viser une consommation ad lib de fluides de 400 à 800ml par heure. La plus grande quantité étant destinée aux coureurs rapides qui compétitionnent dans un environnement chaud et la plus petite dose, à ceux qui marchent ou qui courent lentement dans des conditions plus fraîches.
Pour sa part, le Dr Gosselin invite les sportifs à se fier à leur soif.

Verdict
Lors d’une épreuve sportive, il faut bien s’hydrater tout en évitant de boire de façon excessive. Les spécialistes recommandent de boire de 400ml à 800ml d’eau ou, tout simplement, de se fier à sa soif!

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