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Entrevue avec la blogueuse Emma, qui a démystifié le concept de «charge mentale»

Photo: Collaboration spéciale

La blogueuse Emma, celle qui a démystifié le concept de «charge mentale», publie ces jours-ci le troisième tome de sa série Un autre regard.

En pleine tournée promotionnelle pour La charge émotionnelle et autres trucs invisibles (Massot Éditions), l’auteure française était de passage à Montréal. Extraits d’une discussion sans frontières.

On vous connaît pour votre travail sur la charge mentale et tout particulièrement grâce à Fallait demander, dont des extraits ont été largement partagés sur les réseaux sociaux. Quelle est la différence entre charge mentale et charge émotionnelle?
La charge mentale concerne toutes les choses concrètes. On pense entre autres aux tâches ménagères. La charge émotionnelle, c’est plutôt le souci de faire plaisir aux autres, de les mettre à l’aise et de toujours être à leur écoute, ce qui fait qu’on s’oublie un peu.

Pourquoi avez-vous voulu aborder cette question?
J’ai commencé à avoir une idée de ce que c’était en me promenant sur des forums de discussion sur l’internet. Des forums de mamans, mais pas seulement, qui disaient être fatiguées de toujours s’adapter aux envies des autres. Dans les faits, elles éteignent presque leurs propres émotions pour laisser la place à celles de leur entourage.

Dans cette nouvelle BD, vous parlez aussi des violences policières. Vous avez expliqué en entrevue que c’était «pour diversifier les publics». Comment choisissez-vous les histoires que vous partagez?
Je pars toujours d’injustices sociales. Ces histoires touchent toute une population et j’ai envie de les partager avec ma communauté.

Quels sont les échos que vous recevez des lecteurs, en particulier des femmes?
Je reçois beaucoup de commentaires, par exemple de gens qui suivent actuellement le cheminement que j’ai suivi il y a huit ans et qui ont envie d’agir pour que les choses changent. C’est d’ailleurs ce qui m’encourage à continuer.

Bien sûr, il y a aussi les retours négatifs de personnes qui se sentent menacées par mon travail et qui voudraient que les choses restent telles qu’elles sont.

Et les hommes, qu’en disent-ils?
Bien sûr, ma communauté compte 90% de femmes, mais certains m’écrivent pour me remercier parce que mes BD leur ont permis de prendre conscience de leurs biais et de leurs conditionnements.

Par exemple, en dédicace à Paris récemment, un jeune homme m’a dit s’être retrouvé dans le rôle de l’homme qui ne veut pas s’interroger sur ses comportements sexuels pour éviter qu’on le mette dans la case de l’agresseur. Il m’a avoué que mes BD l’ont motivé à faire plus attention avec ses partenaires.

Comment votre travail a-t-il évolué depuis la parution d’Un autre regard?
Je fais plus attention à ce que je publie [sur mon blogue et les médias sociaux]. Quand nous n’étions que 500, je postais les choses qui me passaient par la tête au moment où j’en avais envie. Maintenant, à 300 000 personnes, j’ai besoin de prendre du recul et de réfléchir à qui va être touché par ce que j’écris. Je dois aussi me demander si j’aide vraiment les personnes que je veux aider. C’est important de réfléchir car, parfois, on fait plus de mal que de bien.

Dans la BD, on comprend que vous avez bientôt l’intention d’approfondir la question du consentement. Que pouvez-vous nous dire de ce prochain projet?
Le tome 4 est en préparation, et je pense que je ferai une histoire sur la culture du viol de façon plus détaillée. Depuis que j’ai six ou sept ans, je sais que le viol est un risque quand on est une fille et que c’est à moi de prendre garde à ne pas en être victime. Je ne crois pas que les garçons sont aussi sensibilisés à ça. Pourquoi c’est toujours aux filles qu’on dit de faire attention? C’est comme si le poids de la responsabilité reposait sur elles.

Je travaille aussi à une autre BD à propos des charges mentales qui pèsent sur les femmes, comme l’épilation ou la contraception. Je vais la publier sur mon blogue.

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