Soutenez

Un traitement contre le cancer sans perte de cheveux

Photo: Métro

Un nouveau traitement contre le cancer du sein vient tout juste de faire son entrée sur le marché canadien. Plus précis dans le ciblage des cellules cancéreuses que la chimiothérapie traditionnelle, il permet d’éviter aux patientes la très difficile étape de la chute des cheveux.

Cela fait deux semaines que le traitement Kadcyla a été homologué par Santé Canada. Pour l’instant, ce traitement conjugué anticorps-médicament ne peut être utilisé que par les femmes ayant le cancer du sein HER2+ non opérable, mieux connu sous le nom de métastatique. Ce stade signifie que le cancer s’est propagé ailleurs dans l’organisme, qu’il est plus invasif et qu’il répond mal aux traitements conventionnels.

«C’est normal qu’un nouveau médicament soit testé en premier lieu sur les individus qui en sont à l’étape métastatique. C’est une question d’éthique : il faut qu’ils aient d’abord essayé tous les traitements reconnus», déclare le docteur Alain Bestavros, directeur du programme d’oncologie à l’hôpital Notre-Dame du CHUM.

Le Dr Bestravros a assisté aux essais cliniques qui ont permis au Kadcyla d’être autorisé. Il a constaté l’efficacité du traitement. «Ce médicament permet une thérapie ciblée, explique-t-il. On attache de la chimio toxique à un anticorps qui va s’attaquer directement à la cellule cancéreuse, de sorte que la chimio ne se rend pas – ou presque pas – dans les parties saines du corps.»

Selon le Dr Bestavros, seulement 3 % des centaines de femmes qui ont fait partie des essais cliniques internationaux du Kadcyla ont perdu des cheveux, contrairement à 95 % avec la chimiothérapie traditionnelle. Les participantes ont aussi eu moins d’effets secondaires; elles ont eu moins de nausées et ont échappé à l’impression de fatigue perpétuelle qui accable tant de patientes durant la chimiothérapie.

«Les femmes atteintes du cancer ont très souvent une vie sociale et sexuelle active. Le fait de se retrouver sans cheveux les bouleverse profondément», précise le docteur, qui rappelle que la moyenne d’âge de ses patientes est de 60 ans.

«Lorsqu’un traitement permet d’éviter la perte des cheveux, ça fait toute la différence du monde», témoigne Delaney Janhunen, qui a reçu à 36 ans un diagnostic de cancer du sein métastatique. «Pendant les premières années, j’ai subi de la chimio traditionnelle. Chaque jour, en me voyant à la maison sans perruque, mon mari et mes trois enfants se rappelaient que j’étais malade», raconte cette mère de famille ontarienne.

[pullquote]

Mme Janhunen, qui a participé aux essais cliniques pour tester le Kadcyla, utilise le traitement depuis trois ans. C’est la seule patiente de son groupe à être encore en vie. Encore mieux, elle a vu ses tumeurs diminuer. «Quelques semaines après ma première infusion, les tumeurs sous  mes bras ont presque disparu», explique-t-elle.

«Pour l’instant, le Kadcyla a permis aux femmes atteintes du cancer métastatique de survivre en moyenne six mois plus longtemps», indique le Dr Bestavros. Si cette moyenne semble décevante, c’est déjà «beaucoup de temps à ajouter à sa vie», croit le spécialiste, «surtout lorsqu’on vous annonce qu’il ne vous reste que deux ou trois ans à vivre».

Ce dernier dit croire que la chimiothérapie traditionnelle pourra être remplacée, dans un avenir plus ou moins proche, par de nouveaux traitements plus ciblés, comme le Kadcyla, ce qui permettra à terme à toutes les patientes atteintes du cancer métastatique de vivre plus longtemps.

Ce traitement, ou un équivalent, pourrait aussi être utilisé durant la chimiothérapie donnée aux femmes ayant un cancer du sein localisé, moins sérieux que le métastatique. Plusieurs essais cliniques sont en cours à l’heure actuelle, assure l’oncologue.

Graphique tumeursScreen shot 2013-09-30 at 18.15.25

Un casque glacé contre la perte de cheveux
En attendant que toutes les femmes atteintes du cancer puissent bénéficier d’un traitement ciblé qui permet d’éviter la perte des cheveux, une technologie existe déjà : le bonnet réfrigérant, aussi connu en anglais sous le nom de scalp cooling.

Assez semblable à un bonnet de bain, l’équipement posé sur la tête des patientes est parcouru par un liquide réfrigérant qui abaisse la température du cuir chevelu, ce qui a pour effet de diminuer la quantité de substances chimiothérapeutiques dirigées vers les cellules capillaires. Résultat : une perte de cheveux plus faible.

Dans une étude-pilote menée par la chercheuse-oncologue Julie Lemieux, du Centre de recherche du CHU de Québec, les participantes ont constaté la réussite du traitement dans 49 % des cas. Comme quoi tout est une question de perception, une coiffeuse professionnelle qui a suivi les mêmes patientes a plutôt observé qu’une perte de cheveux majeure avait été évitée dans 34 % des cas.
– À gauche : La chimiothérapie conventionnelle attaque tant les cellules cancéreuses que les cellules normales saines, comme les cellules de la racine des poils ou celles qui sont présentes dans le système digestif (tractus gastro-intestinal).
– À droite : Les conjugués anticorps-médicament, comme Kadcyla, ne ciblent et détruisent que les cellules cancéreuses, limitant les effets toxiques sur les cellules et tissus sains.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.