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Diabète, hypertension: traitements mal suivis

MONTRÉAL – Plus du tiers des Québécois qui souffrent de diabète, d’hypertension ou d’hypercholestérolémie ne suivent pas correctement leur plan de traitement, révèle une étude menée sur plus de 20 000 Québécois par le biais de la banque de données du projet Cartagène.

«C’est extrêmement préoccupant qu’autant de Québécois n’atteignent toujours pas un niveau sécuritaire de sucre, de cholestérol ou de pression artérielle malgré leur diagnostic», estime le Dr François Madore, qui a corédigé l’étude et qui est directeur de la recherche à l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal.

De manière plus précise, 38 pour cent des adultes souffrant de diabète, 39 pour cent des Québécois dont le cholestérol sanguin est trop élevé et 31 pour cent des hypertensifs boudent, du moins en partie, les recommandations de leur médecin, même s’ils connaissent tous l’existence de leur pathologie.

Un laisser-aller qui peut avoir de graves conséquences à long terme. Tant les niveaux élevés de sucre, de pression artérielle que de cholestérol sont des facteurs de risque pour le développement de maladies cardio-vasculaires.

«Si on contrôle mal ces trois maladies, on risque d’avoir beaucoup de maladies cardio-vasculaires et d’accidents cardio-vasculaires dans 10, 15, 20 ans», résume le Dr Madore.

En plus de causer des préjudices importants à la santé des patients, la société dans son ensemble souffre de cette mauvaise prise en charge, croit le Dr Stéphan Troyanov, qui a codirigé cette étude.

Il évalue que les coûts du mauvais contrôle de ces trois maladies pour le système de santé québécois s’élèvent à plusieurs milliards de dollars par année.

Des conséquences qui sont d’autant plus fâcheuses que tant le diabète, l’hypertension que l’hypercholestérolémie peuvent, plus souvent qu’autrement, être contrôlés par des ajustements dans les habitudes de vie et par la prise de médicaments.

Pourquoi alors tant de Québécois ne suivent pas adéquatement les traitements qui leur sont prescrits? Ce sont principalement des facteurs socioéconomiques qui apportent un éclairage, révèle l’étude.

Ainsi, les personnes moins bien nanties et moins éduquées souffrent, dans une plus grande mesure, d’une pathologie mal contrôlée, avancent les auteurs de l’étude.

«On s’est également rendu compte que ceux qui avaient un suivi régulier auprès de leur médecin avaient un meilleur contrôle de ces différentes maladies», ajoute le Dr Madore. Certains traitements sont aussi mal adaptés aux patients, ont conclu les chercheurs.

Un suivi médical plus étroit jumelé à une plus grande vulgarisation des connaissances sur ces trois maladies pourrait donc être des solutions pour déjouer les pronostics, croit le Dr Madore.

«On s’est rendu compte que les gens avaient peu de connaissances au sujet de leur maladie. Si on améliorait l’information qui circule autour de ces différentes maladies, on pourrait certainement aller chercher un meilleur contrôle de la maladie à court terme», suggère-t-il.

Se faisant rassurant, le Dr Madore ajoute que des études démontrent l’existence d’un phénomène similaire ailleurs au Canada, aux États-Unis et en Europe. «On se rend compte que ce n’est pas un phénomène unique au Québec. C’est un peu partout pareil», tempère-t-il.

Le projet Cartagène récolte, depuis 2009, des échantillons de sang de dizaines de milliers de Québécois afin d’alimenter la recherche en santé.

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