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Certaines bactéries protègent contre les allergies alimentaires

Photo: Pack-Shot/shutterstock.com

Certaines bactéries dans la flore intestinale protègent contre des allergies alimentaires montre une recherche sur des souris qui pourrait déboucher sur des traitements probiotiques.

Les allergies alimentaires, dont les causes restent inconnues et peuvent être parfois mortelles si le système immunitaire sur-réagit, touchent 15 millions d’Américains, dont un enfant sur 13.

Les chercheurs ont découvert que des bactéries clostridium, communes dans la flore intestinale, protègent contre l’allergie aux arachides, très répandue dans la population et jusqu’à présent incurable.

Pour ces travaux, ils ont manipulé génétiquement des souris pour les rendre allergiques à cette arachide. En induisant une réponse immunitaire qui empêche les allergènes d’entrer dans le sang, les clostridia minimisent l’exposition de l’organisme et évitent la sensibilisation, le mécanisme clé de développement des allergies, expliquent ces scientifiques de l’Université de Chicago (Illinois, nord) dont la recherche paraît dans les Comptes-rendus de l’Académie américaine des sciences (PNAS) datés du 25 au 29 août.

Cette découverte met en lumière l’efficacité potentielle des thérapies probiotiques, soulignent-ils. Il s’agit d’utiliser des micro-organismes vivants, des bactéries ou des levures, qui comme complément alimentaires à certains aliments tels les yaourts ou les céréales, auraient un effet bénéfique sur la santé. Plusieurs études ont suggéré que l’hygiène moderne et les habitudes alimentaires pourraient jouer un rôle en perturbant la flore bactérienne intestinale et celle de l’épiderme.

La fréquence des allergies alimentaires chez les enfants a augmenté de 50% entre 1997 et 2011 et des recherches ont montré une corrélation entre l’usage accru des antibiotiques et des agents antimicrobiens.

On peut tester ce traitement facilement
« La sur-utilisation des antibiotiques, des régimes alimentaires riches en graisse, des naissances par césarienne, l’élimination de pathogènes courants dans l’environnement et même la composition des formules pour enfant ont affecté l’évolution de nos microbiomes », explique Cathryn Nagler, professeur d’allergologie alimentaire à l’Université de Chicago (Illinois, nord), principal auteur de ces travaux. « Nos résultats laissent penser que tous ces facteurs pourraient contribuer à une susceptibilité grandissante aux allergies alimentaires », souligne-t-elle.

Pour leur expérience, les auteurs ont testé sur plusieurs groupes de souris les effets des bactéries intestinales sur les allergies aux cacahuètes.

Un premier groupe avait été élevé en milieu stérile dépourvu de germes et un deuxième groupe de rongeurs avait été traité avec des antibiotiques peu après leur naissance, réduisant fortement leur flore bactérienne intestinale. Un troisième groupe avait été élevé normalement.

Les deux premiers groupes de souris ont eu des réactions immunitaires très fortes aux cacahuètes, produisant des niveaux nettement plus élevés d’anticorps contre les allergènes de cette arachide que les souris ayant un microbiome intestinal normal.

Cet excès de sensibilisation aux allergènes d’arachide a pu être fortement atténué en réintroduisant dans l’intestin de ces rongeurs un mélange de bactéries clostridium, expliquent les chercheurs.

En revanche, la réintroduction d’un autre groupe important de bactéries intestinales, les bactéroides, n’a donné aucun résultat, ce qui indique que les clostridia jouent bien un rôle protecteur unique contre les allergies, selon eux.

Une analyse génétique et moléculaire des clostridia a révélé comment elles empêchent des réactions allergiques dans l’intestin. Elles déclenchent dans les cellules immunitaires un mécanisme qui produit des niveaux élevés d’une molécule connue pour réduire la perméabilité de la paroi intestinale.

Les souris allergiques aux cacahuètes dans les deux groupes d’étude ont été traitées soit avec cette molécule (ILL-22), soit par une recolonisation de leur intestin avec des bactéries clostridium.

Elles ont toutes montré une nette réduction des allergènes dans leur sang, indiquent les chercheurs. Ils relèvent que les bactéries clostridium sont communes dans la flore intestinale humaine et représentent une cible évidente pour des thérapies visant à la prévention ou au traitement des allergies alimentaires.

« C’est emballant car nous connaissons ces bactéries et nous savons comment les utiliser », note le professeur Nagler. « Il n’y a bien sûr aucune garantie mais ce traitement peut être testé facilement contre une maladie contre laquelle pour le moment nous n’avons rien ».

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