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L’allaitement protège les enfants de l’obésité

Du 25 au 27 septembre, médecins généralistes et spécialistes assisteront aux Entretiens de Bichat à Paris, pour faire un état des lieux de la santé d’aujourd’hui. Un temps fort pour faire le point sur une maladie symptomatique des nouvelles générations: l’obésité infantile. Éclairage avec le Dr Béatrice Jouret, praticien hospitalier à l’endocrinologie de l’Hôpital des enfants de Toulouse.

Aujourd’hui, combien d’enfants sont concernés par l’obésité en France?
Dix-huit pourcent des enfants âgés de 0 à 18 ans sont en surpoids ou obèses. On observe une augmentation de l’obésité après l’école maternelle. 12,1% des enfants en maternelle sont concernés, dont 3,1% sont obèses. En primaire, en classe de CM2, 19% des enfants sont en surpoids ou obèses, quant aux adolescents ils sont 18%.

Existe-t-il un profil bien distinct pour les enfants souffrant d’obésité?
Il y a davantage d’enfants obèses chez les familles d’ouvriers. D’après les derniers chiffres à jour, 22% des adolescents, dont l’un des parents est ouvrier, souffre d’obésité ou de surpoids, quand ils sont 12% chez les cadres. On constate également que l’obésité est plus présente dans les régions du Nord-est et celles proches de la Méditerranée, en raison d’une sédentarité plus forte et de la proportion de familles ouvrières qui y vivent.

L’obésité infantile est-elle un fléau marquant les nouvelles générations, ou nos grands-parents et parents entendaient déjà parler de cette maladie il y a cinquante ans?
Oui, c’est un fait nouveau. La sédentarité a joué un rôle majeur dans l’apparition de l’obésité infantile. Les enfants font moins de sport et bougent moins que les anciennes générations. Plusieurs raisons à cela. Il y a aujourd’hui le risque de l’insécurité qui empêche les enfants de sortir aussi souvent qu’avant, et puis il y a la multiplication des écrans. C’est un vrai problème, surtout lorsqu’il s’agit de la télévision, qui a un impact sur les signaux cérébraux. On sait que les enfants mangeront plus au repas qui suit une séance de télévision. Les enfants sont devant un écran en moyenne 3 heures par jour. Cette durée est un niveau symbolique auquel il faut être vigilant. En dessous de ce niveau, le risque de devenir obèse s’amoindrit. On a en effet constaté que les enfants qui regardent la télévision moins de 3 heures par jours bougent davantage.

Il y a cinquante ans, l’alimentation n’était pas la même non plus?
Aujourd’hui, les enfants ingurgitent des aliments à haut niveau calorique, comme les sodas. Les rythmes de prise alimentaire ont également changé. Les enfants mangent désormais à toute heure.

Y-a-t-il d’autres facteurs exposant un enfant au risque du surpoids ou de l’obésité?
Le sommeil est primordial. Les enfants qui ne dorment pas assez ou au contraire qui dorment trop ont moins de satiété et sont davantage concernés par l’obésité. On recommande de faire dormir les enfants entre 8h et 13h, pour les plus petits.

A la naissance, certains enfants sont-ils plus exposés que d’autres?
Le poids de naissance est effectivement un bon indice. Il faut évidemment l’évaluer en fonction du terme. Un enfant né à terme qui pèse plus de 4 kg a davantage de risque de connaître l’obésité.

La grossesse et l’allaitement sont-ils des moments clés pour prévenir une obésité infantile?
La grossesse joue un rôle très important ! C’est un fait, les femmes obèses ont plus de risque de mettre au monde des enfants qui connaîtront l’obésité. Pour sa part, l’allaitement est un facteur protecteur. Mais, il faut que le bébé soit nourri au moins quatre mois qu’il y ait vraiment un effet. L’allaitement joue un rôle parce que le lait éduque l’enfant au goût. Aussi, le lait s’adapte en fonction de la tétée et il régule bien l’enfant sur le rythme alimentaire.

Quels sont les symptômes et les situations qui doivent alerter les parents sur une possible obésité à venir?
La graisse abdominale est un bon indicateur. Elle pose un risque futur de diabète et de maladie cardiovasculaire. Les parents doivent aller consulter leur médecin traitant, qui doit surveiller l’indice de masse corporelle, ainsi que l’évolution des courbes de poids. Le plus important est de stabiliser l’IMC quand l’enfant est adolescent, pour diminuer les risques cardiovasculaires à l’âge adulte.

Comment se soigne l’obésité des enfants?
C’est une maladie endocrine qui présente une inflammation du tissu adipeux. Oui, elle se soigne, mais avec plusieurs acteurs de proximité. Il y a le diététicien, l’éducateur sportif pour faire bouger l’enfant et le psychologue. Le soutien psychologique est primordial. Les enfants en surpoids souffrent même quand ils sont tout petits. Il faut aussi modifier l’alimentation.

Parle-t-on de régime?
Non, pas du tout. L’enfant doit manger un peu de tout mais en quantité raisonnable. Il peut donc manger quelques bonbons quand il doit fêter l’anniversaire d’un copain. L’important c’est que toute la famille observe la même hygiène de vie saine, y compris les autres frères et soeurs. L’enfant en surpoids ou obèse ne comprendra pas pourquoi il est le seul à connaître des restrictions.

Le sport est aussi primordial?
Oui, il faut commencer très tôt, et éviter de balader son bambin en poussette trop longtemps. La marche est ce qu’il y a de mieux. Il faut lui donner le plaisir de bouger et de faire du sport, que ce soit du vélo ou du babygym. On recommande à ce que les enfants fassent entre 2 et 3 heures de sport par semaine, dès 3 ans.

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