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Le plus important pour la santé, ce ne sont pas les pics, mais la pollution au quotidien

Entre 2013 et 2018, les ventes d’essence ont bondi de 24%, une hausse «sans précédents» selon les écologistes. Photo: Archives Métro

Les particules fines, mesurées de manière inédite au-dessus de Paris par Airparif, sont dangereuses pour la santé, mais plutôt que les pics, c’est la pollution de tous les jours qui a « un retentissement important sur la santé », estime le Pr Denis Charpin, chef du service de pneumologie au CHU de Marseille et spécialiste de pollution atmosphérique.

Quel est l’intérêt de mesurer les particules ultrafines?
Plus la particule est fine, plus elle va descendre loin dans les voies aériennes. Les réseaux de surveillance de l’air ne mesurent pas les particules supérieures à 10 microns car elles n’ont qu’un effet très limité sur la santé. Les particules plus petites, inférieures à 10 microns mais supérieures à 2,5 microns, s’arrêtent généralement dans la région du nez ou de la gorge, voire dans les bronches. Les particules les plus fines, qu’on appelle particules ultrafines et qui font moins de 1 micron, voire encore beaucoup moins pour les nanoparticules, sont tellement petites qu’elles vont dans les alvéoles et des alvéoles, elles peuvent passer dans le sang au travers de la membrane alvéolo-capillaire. C’est un phénomène très important qui explique que, comme pour le tabagisme, les effets de la pollution atmosphérique concernent l’ensemble du corps.

Quels sont les effets sur la santé des particules fines?
On sait depuis très longtemps que les particules fines ont des effets sur les voies respiratoires. On sait qu’elles favorisent les affections respiratoires et certains cancers. Les conséquences des particules les plus fines au niveau des artères et du coeur ne sont en revanche connues que depuis une petite vingtaine d’années. Elles peuvent entrainer des infarctus du myocarde, avec les artères coronaires qui se bouchent, des troubles du rythme cardiaque, des morts subites, des accidents vasculaires cérébraux (AVC), comme chez les gens qui ont beaucoup fumé.

Quant aux nanoparticules, on ne les connaît pas encore très bien, mais on anticipe que ce sont les plus nocives.

Les personnes les plus à risques sont les enfants, les personnes âgées parce qu’elles ont moins de souffle et les personnes qui ont déjà des maladies soit cardiaques, soit respiratoires parce que là aussi, les réserves sont moins importantes.

Peut-on comparer un pic de pollution atmosphérique et le tabagisme passif?
C’est un peu particulier. On peut faire une estimation de particules isolées dans deux circonstances bien précises, mais la comparaison est difficile car tout dépend du nombre de personnes dans la pièce, du volume de la pièce, du taux de renouvellement de l’air dans la pièce. Cela dépend vraiment beaucoup des circonstances.

Plutôt que de s’intéresser aux pics de pollution, il faut s’attaquer à la pollution de fond qui est beaucoup plus importante que les pics de pollution. Des mesures comme la circulation alternée ne sont pas jugées très sérieuses par les médecins parce qu’elles agissent très ponctuellement un jour donné alors que tous les autres jours, on ne s’y intéresse pas. Pour nous, c’est même contre-productif parce que cela attire l’attention sur les pics de pollution alors que ce qui a un retentissement important sur la santé, c’est la pollution de tous les jours.

Au niveau individuel, le risque est faible mais il concerne tout le monde, tous les jours et ça finit par faire quelque chose de très important.

Ce n’est pas toutefois à Paris que la pollution aux particules est pas la plus élevée, mais à Marseille où elle coûte 8 mois d’espérance de vie aux habitants. Cela tient au fait que les rues sont étroites et que la diffusion des polluants n’est pas bonne.

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