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Le foie d'un porc a sauvé la vie de Mavis McArdle

MONTRÉAL – Il y a 20 ans, Mavis McArdle a eu la vie sauve grâce au… foie d’un porc. Une première au pays, selon ses médecins.

La Montréalaise a célébré le succès de cette intervention historique, vendredi, avec son équipe médicale de l’hôpital Royal Victoria.

En 1994, des médecins ont relié les veines de Mme McArdle à l’organe d’un porc — une opération d’une durée de quatre heures. Ils ont fait circuler le sang de la patiente vers le foie de l’animal grâce à une pompe pour s’assurer que le liquide organique soit nettoyé comme un organe humain le ferait. Le sang était ensuite redirigé dans son corps.

L’intervention avait à l’époque fait avancer considérablement la recherche sur les transplantations au pays.

La dialyse avec le foie animal a permis à Mme McArdle de survivre le temps qu’elle obtienne un organe humain. L’opération est venue à point nommé, puisqu’il ne lui restait que 30 minutes à vivre, selon ses médecins.

Avant son opération, Mme McArdle avait été plongée dans un coma de huit jours parce que son corps ne pouvait pas bien filtrer son sang. Le chef des transplantations de l’hôpital à l’époque, le docteur Jean Tchervenkov, a choisi d’expérimenter une intervention dont il avait entendu parler dans le New England Journal of Medicine.

Il s’agissait de la meilleure chance de survie de sa patiente, selon lui.

«C’était un miracle», s’est souvenu vendredi le docteur Tchervenkov, professeur à l’Université McGill.

Mme McArdle s’était finalement réveillée une heure après l’opération.

«Mavis a ouvert ses yeux et s’est mise à regarder autour d’elle. (…) Et un jour plus tard, par chance, un donneur d’organe a été trouvé à Toronto», a-t-il relaté.

Depuis, Mme McArdle a mené une vie normale et en santé — ou presque. La septuagénaire a dû se faire installer un nouveau genou et une nouvelle hanche. Elle a aussi combattu un cancer du sein.

Elle encourage d’ailleurs les Canadiens à «recycler» leurs organes. «Signez vos cartes de dons», a-t-elle affirmé, un sourire dans la voix.

En Amérique du Nord, environ 130 000 personnes attendent toujours un nouvel organe, pour la plupart des reins ou un foie.

Grâce aux avancées de la recherche, rendues possibles, entre autres, par l’expérience de Mme McArdle, les experts croient qu’il sera possible de transplanter des reins de porcs dès 2020.

Le docteur Joseph Tector, qui faisait partie de l’équipe médicale de la patiente, travaille désormais à l’Université de l’Indiana, pour mieux adapter les organes de porcs afin qu’ils deviennent plus compatibles avec le corps humain.

«Au bout du compte, je crois que nous en viendrons à transplanter principalement des organes de porcs dans l’être humain», a-t-il prédit.

Or, actuellement, les organes humains sont encore les seuls à pouvoir sauver des vies.

«Pensez-y. On n’est jamais trop vieux. À McGill, nous venons d’utiliser les reins d’un donneur de 85 ans et ils sont encore fonctionnels», a indiqué le docteur Tchervenkov

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