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Drainville s'interroge sur les médecins

Photo: Archives Métro

QUÉBEC – Le candidat à la direction du Parti québécois Bernard Drainville a remis en question, lundi, la possibilité pour les médecins de se constituer une entreprise pour payer moins d’impôt.

La légitimité de cette pratique légale, qui prive toutefois l’État québécois de plusieurs dizaines de millions de dollars chaque année, doit fait l’objet d’un débat, a affirmé M. Drainville lors d’une conférence de presse.

«Est-ce que c’est légitime de permettre à un médecin de s’incorporer, de devenir «médecin inc.» pour sauver de l’impôt, et pour sauver beaucoup d’impôt même, alors qu’ils reçoivent la vaste majorité de leurs revenus à même les fonds publics, a-t-il dit. Je pense que c’est une question légitime et c’est un débat qu’il faudra avoir au Québec.»

M. Drainville a avancé que pour un omnipraticien dont le revenu est de 150 000 $, l’incorporation lui fera économiser 13 000 $ d’impôt, tandis qu’un spécialiste qui procède de la même façon récupérera 20 000 $ sur une rémunération 250 000 $.

Selon des données de 2012, 3200 omnipraticiens et 4032 spécialistes étaient incorporés, une disposition réservée à d’autres professionnels comme les ingénieurs, les notaires et les avocats, a indiqué le candidat et député de Marie-Victorin.

«Trente pour cent des 21 000 médecins étaient incorporés en 2012 et je pense que ça a beaucoup augmenté depuis, a-t-il dit. J’ai entendu dire qu’il y avait plus de la moitié des médecins qui étaient aujourd’hui incorporés. Je pense que cette question de l’incorporation des médecins pour sauver de l’impôt est un débat qu’il faudra avoir avant longtemps.»

M. Drainville a affirmé que la loi permettant aux professionnels de s’incorporer, adoptée en 2001, n’était pas destinée aux médecins au départ.

«Ce que font les médecins n’est pas illégal, c’est tout à fait légal, a-t-il dit. La question que je pose c’est: sur le plan de l’éthique fiscale, est-ce que c’est légitime, est-ce que c’est raisonnable? Ce serait très bien perçu de la population que les fédérations médicales disent: ‘écoutez, on pensait pas que ça allait prendre l’ampleur que ça a pris’.»

Par ailleurs, le candidat a dévoilé un nouvel élément de son programme. S’il est élu chef du PQ, en mai, puis premier ministre ensuite, il misera sur des cliniques d’infirmières pour augmenter l’accessibilité aux soins de santé.

M. Drainville croit que des cliniques d’infirmières répondront mieux aux problèmes de santé courants comme les infections et les maladies chroniques.

Le projet du candidat s’inspire d’un modèle coopératif de clinique mis en place à Québec, qui est soutenu financièrement par la Fédération interprofessionnelle du Québec (FIQ), un syndicat d’infirmières.

M. Drainville mettrait en place une clinique sans rendez-vous de ce type dans chacune des 17 régions administratives du Québec, grâce à un budget 15,3 millions $.

Chacun des établissements, ouvert cinq jours semaine, compterait une infirmière praticienne spécialisée (IPS), des infirmières à temps partiel, une intervenante psychosociale, une coordonnatrice et une réceptionniste.

Selon M. Drainville, les groupes de médecins de famille ne sont pas suffisants pour répondre à la demande des patients.

Lors d’une conférence de presse, lundi, M. Drainville a déclaré que les IPS sont sous-utilisées actuellement dans le secteur des soins de santé.

«Pour 15 millions $, on aurait 17 cliniques d’infirmières, 2 $ par année par Québécois, pour tester ce modèle-là, a-t-il dit. Et ce que j’ai vu sur le terrain, ça fonctionne, ça marche.»

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