Soutenez

Une journée avec l’équipe de soutien aux obèses morbides

Photo: Urgences-Santé

Il existe à Montréal des ambulanciers spécialisés dans les interventions auprès des obèses morbides. Métro a suivi une des équipes pendant une journée.

L’Unité de soutien technique d’Urgences-santé, qui comprend six paramédics, est basée au centre opérationnel Est, dans l’arrondissement de Saint-Léonard. Elle fonctionne actuellement 20 heures sur 24. L’équipe de jour prend son quart à 7h. Il est 7h07, les présentations sont à peine faites avec Denis Beauséjour et Sylvain Labonté que ce dernier reçoit déjà un appel d‘urgence. Un homme de 500lb est en arrêt cardiaque dans l’arrondissement de Montréal-Nord. Denis enclenche les sirènes.

«On intervient dès que le patient pèse plus de 350lb. On ne fait pas de manœuvres de réanimation, on est là pour épauler les autres paramédics dans les manœuvres de manipulation et de transport pour éviter qu’ils se blessent», explique Sylvain Labonté. Ces derniers ont pour cela toute une gamme d’équipements spécialisés et surtout beaucoup de savoir-faire avec cette clientèle particulière.

«Transporter un patient bariatrique dans des escaliers, ça peut être délicat. Les surplus de graisse abdominale peuvent peser jusqu’à 200lb à eux seuls. S’il penche à gauche ou à droite, ça peut faire basculer la civière», explique Denis Beauséjour. Pour réduire les risques, ce dernier compte sur un système de sangles qui permettent de centrer le tout et d’éviter à la graisse de remonter à la gorge et de causer des problèmes res­piratoires au patient.

Obèses-morbides urgences-santé

Cinq minutes après l’appel, les deux hommes sont sur les lieux, non sans avoir au préalable analysé rapidement l’état des marches d’escalier et noté la présence de glace sur le pas de la porte. Des pompiers et l’équipe de paramédics qu’ils doivent seconder travaillent fort à réanimer l’homme de 61 ans. Sans succès toutefois: la crise cardiaque a été foudroyante. «Il nous avait dit qu’il ne passerait pas l’été», confie sa femme à Denis Beauséjour.

Le jour précédent, des ambulanciers étaient venus, mais l’homme avait refusé d’être transporté à l’hôpital. «Les personnes obèses comme lui refusent souvent d’être transportées à l’hôpital, même si l’évacuation est faite plus discrètement qu’avant, note Denis Beauséjour. Il y a 10 ou 12 ans, avant la création de notre équipe, c’était le gros show. Ça prenait deux camions de pompiers, la police bloquait la rue et le matériel hospitalier n’était pas adapté.»

Il est 7 h 49; les deux paramédics ont quitté les lieux, car leurs services ne sont plus requis. Ce sera à l’équipe du salon funéraire de transporter le corps. Le téléphone sonne déjà. Le jet d’évacuation aéromédicale du gouvernement du Québec doit atterrir dans 30 minutes à Dorval. À son bord: un adulte et deux enfants qui doivent être transportés dans des hôpitaux mont­réalais. «Même si le nouvel avion est mieux, il y a un historique de blessures chez les paramédics au cours des transferts, alors on leur prête main-forte», explique Sylvain Labonté.

Cet ancien représentant syndical évalue à 250 le nombre de blessures annuelles chez les paramédics. «Chaque blessé coûte des milliers de dollars en cotisations à la CSST, alors même si notre service n’est pas facturé, il trouve sa justification économique dans les coûts qu’il permet d’éviter en limitant les blessures.»

Il est 11h26, encore un appel, le quatrième de la journée. Une patiente est coincée dans son lève-personne pour la baignoire. Un cas d’assistance publique qui ne nécessitera pas de transport en ambulance. Les deux hommes sont mis à contribution. Ils auraient tout aussi bien pu intervenir pour relever une personne atteinte de sclérose en plaques qui a chuté ou même un patient bariatrique coincé sur un siège de toilette (un cas plus fréquent qu’on le pense).

Peu avant 15h, à la fin de leur quart de travail, Denis et Sylvain ont répondu à quatre appels. Le camion Ford de six ans compte 440 000km, signe que les équipes de l’Unité de soutien technique ne chôment pas.

L’obésité morbide
L’obésité morbide correspond à un Indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 40, soit à une personne de 5pi 7po qui pèserait plus de 256lb.

  • Les statistiques précises manquent sur l’obésité morbide que certains évaluent à 300 000 personnes au Québec
  • L’obésité morbide est incluse dans les chiffres sur l’obésité globale, signe que cette particularité est encore mal évaluée.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.