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Des idées pour bâtir un Montréal en santé

Les municipalités québécoises manquent de moyens règlementaires pour bâtir des villes en santé, selon Corinne Voyer, directrice de la Coalition Poids qui organise mardi prochain à Montréal, un colloque sur la question. Malgré tout, plusieurs arrondissements arrivent à tirer leur épingle du jeu. Entrevue.

Quels sont les bons coups montréalais à souligner?
Pour favoriser la marche dans leur quartier, les arrondissements de Saint-Laurent et de Rosemont-La-Petite-Patrie interdisent toute nouvelle implantation de restaurants avec un service au volant. Ville-Marie autorise la vente de fruits et légumes à vélo (les Fruixi) pour combler les déserts alimentaires, et Côte-des-Neiges–Nôtre-Dame-de-Grâce a adopté une politique de saines habitudes de vie. Le problème au Québec, c’est que les pouvoirs des municipalités en matière de santé sont limités car c’est de juridiction provinciale. Faire comme la ville de New-York qui force l’affichage du sodium et des calories dans les fast-foods sur son territoire n’est pas envisageable. Il faut passer par le gouvernement.

Justement quelles sont les initiatives d’ailleurs qui pourraient nous inspirer?
Le Sénat français est en train d’étudier l’interdiction des fontaines de boissons sucrées à volonté. C’est inspirant quand on sait qu’au Québec les garçons de 14 à 18 ans boivent un demi litre de boisson gazeuse par jour et que les filles en boivent un tiers de litre. En Allemagne, pour permettre aux enfants de jouer dehors, on a modifié la législation sur le bruit: impossible de déposer une plainte à propos du bruit causé par des enfants qui jouent dehors (mesure similaire dans Verdun). Certaines villes des États-Unis comme New-York ont aussi implanté aussi le programme FRESH, qui offre notamment un crédit de taxes foncières pour faciliter l’implantation ou le maintien d’épiceries offrant des aliments frais dans les secteurs mal pourvus.

Que devrait faire Montréal?
Montréal a organisé il y a deux ans une grande consultation publique qui a abouti à une politique Montréal physiquement active qui comprend quatre grands axes. Mais il faudrait que les initiatives locales prises par certains arrondissements percolent un peu partout sur l’île. L’idée c’est que tous les arrondissements adoptent des initiatives porteuses car il y a encore beaucoup d’inégalités. Et même si en la matière, les initiatives locales peuvent essentiellement se faire en jouant sur le zonage, encore faut-il les appliquer. Par exemple, les promoteurs immobiliers sont censés prévoir 10% d’espaces verts dans leurs projets ou de compenser financièrement leur absence. Il faudrait changer cela et rendre la règle des 10% non négociable, c’est une question de santé publique.

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