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Le chrysotile est considéré à risque pour la santé

OTTAWA – Sans tambour ni trompette, Santé Canada vient d’ajouter le chrysotile aux produits de l’amiante qui peuvent causer le cancer et d’autres maladies, une décision qui réjouit l’Association canadienne de santé publique.

Sur son site internet, Santé Canada a apporté le 19 juin dernier des modifications à sa page consacrée aux risques associés à l’amiante. Un porte-parole de la ministre de la Santé, Rona Ambrose, a expliqué jeudi que tous les ministères fédéraux revoient actuellement leur contenu web avant le grand déménagement vers un tout nouveau site gouvernemental centralisé. Michael Bolkenius a indiqué que Santé Canada en avait profité pour mettre à jour et clarifier les informations sur l’amiante, notamment sur ses risques pour la santé.

Ainsi, le site internet ne fait plus de distinction entre l’amiante et le chrysotile, une fibre d’amiante qui était, jusqu’au début des années 2010, un important produit québécois d’exportation. L’Organisation mondiale de la santé soutient déjà que toutes les formes d’amiante — y compris le chrysotile — peuvent causer le cancer du poumon, du larynx et des ovaires, le mésothéliome et bien sûr l’amiantose.

Le Canada reconnaissait jusqu’ici que l’inhalation «de quantités importantes» de fibres d’amiante pouvait causer ces maladies. Or, dans sa nouvelle page, Santé Canada a maintenant éliminé cette notion de «quantités importantes» de fibres respirées.

L’Association canadienne de santé publique (ACSP) salue la position révisée de Santé Canada concernant les risques pour la santé de l’exposition au chrysotile. L’ACSP demandait depuis 2008 l’interdiction de l’exploitation, de la transformation et de l’exportation de l’amiante chrysotile par le Canada.

«Nous sommes très heureux d’apprendre que le gouvernement du Canada fait ce premier pas en réponse aux appels de l’ACSP et de bien d’autres acteurs du milieu», a indiqué jeudi la présidente du conseil d’administration, Ardene Robinson Vollman, dans un communiqué.

«Le gouvernement du Canada a pris une bonne décision de santé publique», a soutenu pour sa part le directeur général de l’ACSP, Ian Culbert.

L’ACSP a rappelé qu’elle avait demandé au gouvernement en mai d’ajouter l’amiante chrysotile à la Convention de Rotterdam «créée spécifiquement pour protéger les habitants des pays en développement contre les préjudices attribuables aux matières dangereuses».

L’association croit maintenant que «le Canada devrait prendre des mesures supplémentaires pour limiter l’exposition possible à l’amiante en interdisant à partir d’un moment précis les produits contenant de l’amiante au Canada».

Le député néo-démocrate Pat Martin subit régulièrement des tests pour détecter les maladies liées à l’amiante étant donné qu’il a travaillé dans une mine auparavant. Il se réjouit de cette «immense» modification de Santé Canada. «L’industrie a répété pendant des décennies: « Oui, l’amiante tue, mais l’amiante canadien est moins mortel »», a-t-il indiqué.

Selon lui, la position du gouvernement jusqu’à présent était «éthiquement et moralement» répréhensible. «La politique sur l’amiante sent l’ingérence politique à plein nez. Il va sans dire que Santé Canada aurait agi plus rapidement si le gouvernement du Canada n’avait pas été si implicite sur (son appui) à l’industrie de l’amiante», a-t-il lancé.

Lors de la campagne électorale de 2011, le premier ministre Stephen Harper avait défendu l’industrie alors qu’il était de passage à Asbestos, au Québec, qui abritait à l’époque la mine Jeffrey.

«Le Canada est l’un des exportateurs de chrysotile et il y a quelques pays qui sont légalement des acheteurs. Notre gouvernement ne va jamais permettre une situation où il y aurait de la discrimination contre les compagnies canadiennes dans un marché international», avait-il affirmé.

L’amiante était aussi un enjeu sensible pour le ministre du Développement international Christian Paradis, qui représente entre autres la ville de Thetford Mines. M. Paradis avait annoncé en 2012, lorsque l’industrie s’était effondrée, un investissement de 50 millions $ afin de diversifier l’économie de la région.

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