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Annie Lennox: La bataille contre le sida continue

LONDON, UNITED KINGDOM - MARCH 14: Annie Lennox speaks about her experiences of the fight against HIV and AIDS in Africa during the annual Commonwealth Day Observance Service at Westminster Abbey on March 14, 2011 in London, England. (Photo by Leon Neal - WPA Pool/Getty Images) *** Local Caption *** Annie Lennox Photo: Getty Images
Elodie Noël - Metro World News

En cette Journée internationale de lutte contre le sida, la chanteuse et militante Annie Lennox explique que le meilleur moyen pour vaincre la maladie reste l’éducation.

Annie Lennox sait très bien comment la célébrité et les gestes controversés peuvent être utilisés pour attirer l’attention des médias et du public. Ainsi, en choisissant de porter un t-shirt arborant l’inscription «HIV Positive» (séropositive) pour faire une apparition à la télé en 2010, elle a remis à l’avant-plan de l’actualité la question des ravages que continue de faire le sida dans le monde – et fait naître bien des spéculations au sujet de son propre état de santé. Tout récemment, c’est l’acteur Charlie Sheen qui a braqué les feux des projecteurs sur cette épidémie meurtrière en révélant qu’il est lui-même séropositif.

Si la chanteuse ne s’intéresse pas au cirque médiatique qu’a suscité l’annonce de Charlie Sheen, elle se fait en revanche l’avocate passionnée du dépistage du sida et de la conscientisation du public, plaidant pour que toutes les victimes dans le monde soient traitées. Pour cette Écossaise de 60 ans, qui est ambassadrice de bonne volonté de l’UNESCO, informer la population de ce problème mondial de santé publique est une véritable mission. Elle en parle avec Métro à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre le sida.

Pourquoi êtes-vous devenue une militante antisida?
En 2003, Nelson Mandela m’a invitée à prendre part à un grand concert-bénéfice contre le sida en Afrique du Sud. Il avait organisé ce spectacle [dans le cadre de la campagne «46664, donnez une minute de votre vie au sida»] et convié des tas d’artistes, comme Peter Gabriel, Youssou N’Dour, Beyoncé et Bono, à y participer. Le lendemain, il a donné une conférence de presse devant les médias du monde entier pour expliquer que la pandémie de sida était en train de décimer son pays. Cela m’a interpellée en tant que femme et en tant que mère. J’étais stupéfaite de voir que si peu de gens, en Occident, étaient au courant de ce qui se passait en Afrique. Et les femmes étaient les premières touchées! Encore aujourd’hui, à l’échelle de la planète, le sida est la première cause de mortalité des femmes en âge d’avoir des enfants.

Croyez-vous que beaucoup d’idées fausses circulent toujours à propos du sida?
Sans l’ombre d’un doute. Les gens connaissent très mal la maladie. Eh non, le virus ne se transmet pas par des contacts superficiels tels que le fait d’étreindre une personne atteinte, de l’embrasser ou de boire dans le même verre qu’elle! Il faut vraiment s’attaquer à la peur que cause le sida et à la stigmatisation des victimes, et c’est par l’éducation qu’on peut y arriver. On doit en parler publiquement, mais c’est délicat à cause de la nature même de la maladie : les gens tendent à être discrets sur leurs comportements sexuels à risque.

Selon vous, faut-il des déclarations controversées pour relancer le débat sur cette question?
De nos jours, il y a une sorte de guerre des tranchées pour obtenir l’attention des médias. Parfois, un geste spectaculaire, comme le fait qu’un acteur hollywoodien révèle qu’il est séropositif, peut relancer le dialogue sur la question. Et c’est important, parce que si on cesse d’en parler, le sida est relégué à l’arrière-plan dans les médias. Or, c’est un problème de société majeur, qui est loin d’avoir disparu et qui nous concerne tous.

«Je ne suis pas séropositive, mais je milite contre le sida. Je porte ce t-shirt en signe de solidarité avec les gens qui ont le virus.» – Annie Lennox

Vous faites référence à Charlie Sheen, qui a parlé de son état récemment. Aimeriez-vous voir d’autres stars l’imiter?
Nous vivons à une époque où le statut de star est marchandé; on s’en sert pour faire de l’argent, pour faire parler de soi, etc. Ça crée des situations étranges. Par exemple, cet acteur ne voulait pas que son état soit connu; les circonstances l’ont forcé à le divulguer. Mais ça ne se passe pas toujours comme ça. Magic Johnson, la superstar du basketball, a eu le courage d’affronter le tabou et de dire qu’il était séropositif il y a des années de ça. C’est toujours une bonne chose d’en parler publiquement, mais pas si on y est obligé, comme ç’a été le cas de Charlie Sheen. J’aimerais croire que, quand une personnalité laisse savoir qu’elle est séropositive, elle le fait par choix, et qu’elle profitera de cette occasion pour dire aux gens de protéger leur santé en utilisant des préservatifs.

Vous avez probablement des amis ou des connaissances, dans le milieu du showbiz, qui ont le VIH-sida. Que faites-vous pour les soutenir?
Vous savez, bien des gens ont des amis séropositifs et ne le savent même pas. De façon générale, les personnes qui vivent avec cette maladie et qui le cachent se sentent très isolées. Elles ont peur. J’ai l’impression de répéter toujours la même chose, comme un mantra, mais ça reste vrai : tout le monde qui est actif sexuellement devrait subir un test de dépistage du sida.

Ce test est facile à faire. Pourquoi n’est-il pas inclus dans les examens médicaux de routine?
C’est une très bonne question! J’ai moi-même dû subir récemment un examen médical complet, à des fins d’assurance. On m’a fait une prise de sang, mais on a fait une telle histoire à propos du secret lié aux tests de dépistage du sida que j’en ai été scandalisée. Ce serait TELLEMENT plus simple si on dédramatisait ce test et qu’on l’incluait dans les examens de routine!

En Russie, le VIH-sida fait de véritables ravages, et pourtant peu est fait pour endiguer l’épidémie, notamment à cause des tabous liés là-bas à l’homosexualité et à l’usage de drogues. Comment peut-on aborder la question du sida de façon à la fois sensible et efficace, en tenant compte des différents contextes culturels?
J’ai presque 61 ans aujourd’hui. Durant les années 1970, quand j’étais dans la vingtaine, j’ai moi-même vu la société se transformer, en Grande-Bretagne et aux États-Unis notamment. Ça prouve que le changement est possible, mais pour faire évoluer les mentalités, il faut du temps et beaucoup de travail. Je crains qu’il faille des années pour sensibiliser les Russes à la question du sida. Dans bien des cas, l’ignorance crasse sévit à la tête même des États : ainsi, en Afrique du Sud, le président Jacob Zuma a dit, il y a quelques années, que prendre une douche pouvait minimiser les risques d’attraper la maladie… Il faut commencer par éduquer les gens qui sont censés être des leaders, ceux qui devraient être au courant parce qu’ils sont responsables des politiques de santé publique.

Vous avez écrit la chanson Sing pour sensibiliser les gens au VIH-sida. Envisageriez-vous d’écrire une autre pièce pour une bonne cause si l’occasion se présentait?
Les chansons peuvent se révéler d’excellents moyens de diffuser des messages, de faire connaître certaines causes et d’amasser de l’argent. Mais ça fait tellement longtemps que je n’en ai pas écrit… Je ne sais pas si je suis encore capable de le faire! (Rires)

Événement

Annie Lennox tient une vente aux enchères spéciale en ligne, appelée Books I have loved (les livres que j’ai aimés), jusqu’au 8 décembre, afin d’amasser des fonds pour les femmes et les enfants dont la vie est affectée par le VIH-sida. La chanteuse a choisi elle-même 10 livres qu’elle a ensuite annotés et qu’elle dédicacera de manière personnalisée à chacun des chanceux.

Pour plus de détails : www.annielennox.com

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