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Intelligence artificielle: des entreprises locales sont nécessaires

3d rendering of human brain on technology background represent artificial intelligence and cyber space concept Photo: Getty Images/iStockphoto

MONTRÉAL — Célébrer les investissements des grandes entreprises multinationales ne suffira pas à implanter durablement le secteur de l’intelligence artificielle à Montréal. Il faudra aussi trouver des champions locaux, affirme l’un des plus grands spécialistes du domaine, Yoshua Bengio.

Le Canada et plus particulièrement Montréal sont des plaques tournantes de la recherche en apprentissage profond, un domaine qui pourrait trouver diverses applications dans des domaines aussi variés que la médecine ou les véhicules autonomes.

Après Google, Microsoft et Samsung, Facebook est le dernier géant de la Silicon Valley à s’installer à Montréal. L’entreprise a annoncé le 15 septembre qu’elle ouvrira un nouveau laboratoire de recherche en intelligence artificielle et investira plus de 7 millions $ US à Montréal.

Selon M. Bengio, qui est le directeur de l’Institut des algorithmes d’apprentissage de Montréal (MILA) de l’Université de Montréal, d’autres annonces semblables sont à prévoir.

Il croit que la réputation du Canada dans le domaine de l’intelligence artificielle est renforcée par sa capacité à attirer les meilleurs chercheurs mondiaux en raison des liens entre la recherche universitaire et l’innovation.

Toutefois, il craint que sans la présence d’entreprises locales, les idées élaborées au Canada se transforment en bénéfices financiers de l’autre côté de la frontière, aux États-Unis.

«Même si ces grandes entreprises qui s’installent à Montréal contribuent de belle façon à l’écosystème, on aura besoin, d’ici quelques années, d’entreprises canadiennes pour lancer le pays vers la voie du succès international», a dit M. Bengio en entrevue.

Sinon, on pourrait assister à une forme d’exode des cerveaux, soutient Gabriel Woo, le directeur de l’Institut de recherche RBC, un laboratoire de recherche artificielle établi à Toronto.

«On ne les voit pas traverser physiquement la frontière, mais on doit se protéger contre une forme insidieuse d’exode des cerveaux qui nous ferait perdre des brevets et de la richesse», a-t-il souligné.

Autre source d’inquiétude: en engageant des professeurs universitaires, les multinationales limitent la formation des étudiants locaux.

Le ministre fédéral du développement économique, Navdeep Bains, croit qu’on peut à la fois attirer des investissements étrangers et aider la croissance des entreprises canadiennes.

«Il est important que nous développions la propriété intellectuelle au Canada, que nous favorisions la croissance de la propriété intellectuelle et de l’intelligence intellectuelle, que nous utilisions les données afin d’aider les entreprises à réussir à l’échelle mondiale.», a-t-il dit.

M. Bains prévoit dévoiler d’ici les prochains mois la politique canadienne des supergrappes d’innovation et sa stratégie pour protéger la propriété intellectuelle.

Jean-François Gagné, le pdg d’Element AI, une toute jeune entreprise montréalaise, mentionne que les grandes corporations cherchent toujours à déterminer ce que l’intelligence artificielle peut leur apporter. Elles ne veulent toutefois pas se laisser distancer par leurs concurrentes.

«La motivation véritable est la survie, a souligné M. Gagné, qui demeure surpris du grand nombre d’appels qu’il reçoit des grandes entreprises. C’est la peur des nouveaux arrivés ou d’une société qui les perturbera totalement.»

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