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Une minute de 61 secondes cette nuit

Photo: Métro

La dernière minute du mois de juin durera 61 secondes. Une curiosité liée à la rotation irrégulière de la Terre, beaucoup moins disciplinée que les horloges atomiques. Mais cette seconde additionnelle est remise en cause par certains pays désireux de la supprimer.

Dans le monde entier, dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, en «temps universel coordonné» UTC (souvent appelé GMT de façon obsolète), la minute entre 23H59 et 00H00 durera une seconde de plus que la normale. En France, cette seconde «intercalaire» se glissera entre 01H59 et 02H00 le 1er juillet.

Les particuliers ne verront pas la différence. «Mais s’ils sont très sourcilleux, ils pourront toujours régler leur montre à la seconde près, au besoin en téléphonant à l’horloge parlante», explique Daniel Gambis, directeur du Service de la Rotation de la Terre, chargé de décider au niveau international de l’ajout de ces secondes intercalaires.

En revanche, «les grands systèmes de navigation par satellites, les systèmes de synchronisation des grands réseaux d’ordinateurs devront prendre en compte cette modification sous peine d’encourir des bugs», ajoute M. Gambis dont le service est basé à l’Observatoire de Paris.

Par cette seconde additionnelle, l’Homme entend réconcilier deux échelles de temps, celle du Temps universel (TU) basé sur la rotation de la Terre et sa position par rapport aux astres et celle du Temps atomique international (TAI), défini depuis 1971 à partir du parc mondial d’horloges atomiques.

Lorsque le Temps universel Coordonné (UTC) a été créé en 1972 par un accord international, il a été convenu que l’écart entre les deux ne devait pas dépasser 0,9 seconde. Au-delà, une seconde intercalaire doit être insérée dans le temps UTC.

Depuis 1972, 26 secondes (en comptant celle du 30 juin) ont été rajoutées.

Une seconde de trop?

Sur le très long terme, la planète bleue a tendance à ralentir, notamment en raison de l’attraction gravitationnelle de la Lune et du Soleil, responsable des marées.

Les horloges atomiques actuelles, qui s’appuient sur les propriétés des atomes pour mesurer le temps, sont en revanche d’une exactitude telle qu’elles n’enregistreraient qu’une seconde de dérive tous les 300 millions d’années.

Actuellement, près de 400 horloges atomiques dans le monde permettent au Bureau international des Poids et Mesures (BIPM) basé à Sèvres (région parisienne) de calculer le Temps universel coordonné (UTC).

Mais l’exercice de la seconde intercalaire n’est pas du goût de tout le monde et certains pays (Etats-Unis, France…) souhaiteraient le supprimer, le jugeant inutilement compliqué, pour ne plus se fier qu’aux horloges atomiques alors que d’autres (Grande-Bretagne notamment) plaident pour son maintien.

Une réunion organisée dans le cadre de l’UIT (Union Internationale des Télécommunications) aura lieu à ce sujet en novembre 2015 à Genève.

Les tenants de la suppression de cette seconde additionnelle soulignent qu’elle devient plus difficile à gérer maintenant que de nombreux équipements ont des horloges internes.

Le dernier ajout d’une seconde intercalaire le 30 juin 2012 avait provoqué un problème de synchronisation sur le web, notamment pour des serveurs ou des sites marchands.

Le géant américain de l’internet Google, qui a eu des soucis par le passé à cause de cette seconde additionnelle, a pris des dispositions pour que cela ne se reproduise pas cette année.

Le monde de l’espace aussi est attentif. Il n’y a jamais de lancement de fusées ces jours-là.

Les tenants du statu quo jugent que le système actuel est un bon compromis.

Si la seconde intercalaire était supprimée, le temps UTC serait alors découplé de la rotation de la Terre.

Pour Daniel Gambis, supprimer la seconde intercalaire reviendrait «à s’abstraire du temps naturel», lié aux astres. «Est-ce qu’on veut mettre l’Homme au service de la technologie ou la technologie au service de l’Homme», s’interroge-t-il?

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