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Enseignant de jour, drag queen de nuit

Photo: TC Media - Denis Germain
Sarah Laou - Le Courrier du Sud / TC Media

Sébastien Potvin, alias Barbada de Barbades, est la coqueluche de l’émission de téléréalité ILS de jour, ELLES de nuit, diffusée sur Artv depuis le 7 avril. TC Media est allé à la rencontre de celui qui partage sa vie entre l’enseignement dans les écoles primaires de la Rive-Sud et les spectacles multiformes de drag queen.

Dans la série documentaire animée par l’icône de l’art de la drag au Québec, Mado Lamotte, le téléspectateur explore les réalités d’un domaine artistique méconnu et hors normes. On y découvre des amoureux de la scène, dont l’énergique Sébastien Potvin, 32 ans, originaire de l’arrondissement de Saint-Hubert.

Un talent aux multiples facettes
Le jour, Sébastien Potvin est plutôt classique. Ce professeur de musique détenteur d’une maîtrise de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) joue de la flute traversière et s’implique en tant que syndicaliste. Il a également fait partie durant plusieurs années des cadets de l’Escadron 827 de Longueuil, avant de devenir officier. Mais le jeune homme compte d’autres cordes à son arc: danseurs, humoriste et DJ. Et ces talents s’expriment lorsqu’il enfile les tenues flamboyantes de Barbada.

Barbada de Barbades est le personnage explosif que Sébastien Potvin a façonné et qui prend vie sur la scène du cabaret Mado de Montréal ou sur celle du Cirque du Soleil.
«Ce nom est un hommage à mes origines, car mon père, que je n’ai pas connu, est de la Barbade», explique le jeune métis. Coiffé de perruques extravagantes, affublé de robes pailletées, d’accessoires clinquants et de talons qui n’en finissent plus, il incarne Barbada près de trois à cinq soirs par semaine depuis bientôt douze ans.

«Étudiant, je ne pensais vraiment pas poursuivre les spectacles à la fin de mes études, se remémore le musicien. J’ai toujours voulu être professeur et à 20 ans, je dansais sans trop penser à en faire un métier. Mais la vie nous emmène parfois à des endroits insoupçonnés…»

Une mère compréhensive
Le nouveau résident de Montréal raconte avoir été élevé par une mère aimante et compréhensive, qui l’a toujours encouragé dans ce qu’il entreprenait.
«Au début, elle voyait des costumes et des perruques arriver à la maison, se souvient-il. Et c’est drôle, car ma mère est une femme simple qui ne se maquille jamais! Ç’a pris plus d’un an avant qu’elle ne soit à l’aise avec ce que je faisais. Elle avait surtout peur du milieu des bars et s’imaginait des choses. Mais la première fois qu’elle m’a vu sur scène au Mado, elle a compris et a été rassurée.»

«Je suis artiste, je fais des spectacles»
Quand on demande à Sébastien s’il se sent homme ou femme lorsqu’il incarne Barbada, il répond qu’il est avant tout une drag queen.
«Ça ne m’intéresse pas de m’habiller en femme en dehors de la scène, explique-t-il. Et ce qui me motive le plus n’est pas de me mettre une couche de maquillage sur le visage. Moi, ce que j’aime, c’est me glisser dans la peau d’un personnage et créer de nouveaux numéros. Les questions de genre m’importent peu. Je suis artiste, je fais des spectacles.»
De nature timide, il explique que la drag lui a apporté une certaine confiance en lui. Professionnel et sportif, il tient à conserver de saines habitudes de vie.
«Barbada, c’est un peu un exutoire, ajoute-t-il. Je pense que j’aurais pu devenir humoriste, mais drag queen me convenait; il y a l’humour, l’animation, le show, la danse, l’exubérance, l’imitation, la musique…»

Il anime des mariages et des anniversaires, et voyage partout au Québec pour se représenter dans différents événements.

Soutenu par sa direction
En ce qui concerne son métier de professeur, Sébastien Potvin se dit soutenu et affirme qu’il a rarement fait face aux préjugés. S’il n’évoque pas sa vie de scène à ses collègues ou ses élèves, il n’est toutefois pas gêné d’en parler. Il veut encourager le respect des autres, des différences ainsi que l’acceptation de soi.

Les directions des établissements dans lesquels je travaille m’ont toujours appuyé, explique-t-il. Je suis transparent et j’ai fait mes preuves en tant qu’enseignant. Je pense aussi que les gens en 2017 sont plus ouverts. Mon but serait qu’on parle un peu plus d’amour et de respect plutôt que de clivages.»

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