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Maison Édéenne: une Québécoise et ses joyaux

Photo: Pierre Choinière

Sur la prestigieuse rue de la Paix, à Paris, sont établis de grands noms de la haute joaillerie dont Cartier, Van Clef & Arpels et la Maison Édéenne, fondée par une Longueuilloise du même nom qui a su se tailler une place aux côtés des grands en quelques années à peine. Rencontre.

Édéenne est de passage à Montréal ces jours-ci pour inaugurer une exposition rétrospective de son œu­vre, qui sera présentée à l’édifice Wilder des Grands Ballets Canadiens à compter du 2 novembre. En tout, 150 pièces, dont certaines valant plusieurs centaines de milliers de dollars, pourront alors être admirées par le grand public pendant une quinzaine.

À la différence des expositions traditionnelles, cette expérience unique se déroule dans le noir et fait autant appel à la vue qu’à l’ouïe – mais pas au toucher! –, alors que l’histoire de chaque bijou est racontée par des «conteuses» bien au fait des émotions derrière chaque création.

Il faut savoir qu’Édéenne propose d’abord et avant tout des pièces créées sur mesure. «Je fais des portraits joailliers, explique la créatrice, interviewée dans la salle des coffres-forts de la BMO, dans le Vieux-Montréal, commanditaire de l’exposition. Je rencontre les clients pendant deux ou trois heures. Ils répondent à des questions très personnelles, puis je transpose en signes ce qui m’émeut dans leur vie.»

«L’approche de la maison est de recréer du lien dans un monde devenu très électronique, continue-t-elle. Je montre à quel point chaque personne qui vient me voir est exceptionnelle.»

Inspirations
Édéenne s’amuse aussi à transposer certains contes de fées en bijoux, une collection qui rassemble notamment un pendentif en forme de lampe d’Aladin, une bague à l’effigie de Peau d’âne et une autre représentant la citrouille de Cendrillon.

Ses voyages sont une autre source inépuisable d’inspiration. Ainsi, sa bague en hommage au Japon, par exemple, représente un poisson en corail rouge nageant dans un étang en cristal de roche surmonté de feuilles de nénuphar en or noir agrémenté d’émeraudes.

Sur le tard
Édéenne est arrivée à Paris dans les années 1980 pour compléter un doctorat en histoire de l’art à la Sorbonne. Même si elle n’est finalement jamais rentrée à Montréal, ce n’est que dans les années 2000 qu’elle a une révélation après un accident de plon­gée sous-marine au lac Majeur, en Italie: elle deviendra joaillière.

De retour sur les bancs de l’école à 45 ans, elle obtient enfin son brevet en gemmologie et finit par créer sa propre maison en 2003, seule dans un monde d’hommes, devenant du coup la «seule Canadienne à œuvrer dans la haute joaillerie dans le monde».

Paradoxalement, le nom d’Édéenne n’est pas encore connu de ce côté-ci de l’Atlantique. «Nul n’est prophète dans son pays», commente la joaillière. D’ailleurs, Montréal n’est pas la première ville à exposer son travail, loin s’en faut! Depuis 2009, le travail d’Édéenne a été vu de Paris à Londres, en passant par Tokyo, Abou Dhabi, Los Angeles et Barcelone.

«L’exposition à Mont­réal, c’est quand même énorme pour moi dans la mesure où c’est chez moi, se réjouit-elle. Je suis fière de venir montrer au Québec ce que j’ai réalisé dans un milieu aussi fermé.»

Édéenne, exposition de haute joaillerie, du 2 au 16 novembre à la salle rouge des Grands Ballets, Édifice Wilder (1435, rue de Bleury). Entrée libre.

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