Soutenez

La mode canadienne aidée par Meghan Markle

Photo: Chris Jackson/Getty Images

TORONTO — John Muscat dormait, le 27 novembre, lorsqu’il a été mêlé à un moment historique qui restera gravé dans les mémoires pendant des décennies.

Après avoir donné sa soirée de Noël annuelle la veille, il prévoyait rentrer plus tard au travail ce matin-là. Le designer torontois s’est toutefois réveillé après avoir reçu des dizaines d’appels l’avertissant que le prince Harry avait annoncé ses fiançailles, le matin même, avec la vedette de la série «Suits» Meghan Markle, alors que celle-ci était vêtue d’un manteau blanc de la marque Line The Label, qu’il a cofondée.

Ce manteau à 799 $ a solidifié sa place parmi un club sélect, mais de plus en plus rempli, de marques canadiennes — dont Sentaler, Mackage, Smythe et Babaton d’Aritzia — ayant été catapultées sous les projecteurs internationaux depuis les fiançailles de l’actrice et du prince. Selon les designers, chaque fois que Meghan Markle porte publiquement l’un de leurs articles, une foule d’admirateurs commencent à s’intéresser à leur marque.

Dans les heures ayant suivi l’apparition publique de l’actrice dans le manteau de Line The Label, le compte Instagram de la marque a vu son trafic tripler, selon John Muscat. Le site web de l’entreprise a été pris d’assaut et le designer a reçu des milliers de demandes pour le manteau, qui était déjà difficile à trouver puisque c’était la fin de la saison.

«J’en ai finalement fait 500 (de plus), parce que je ne voulais pas que le monde entier devienne un manteau blanc. Il deviendrait moins spécial, explique M. Muscat. L’important était le moment et ce que ça représentait pour la marque et non pas la vente d’une tonne de manteaux blancs.»

Bien que Line The Label ait collaboré avec Meghan Markle pendant des années, John Muscat ne l’a jamais rencontrée et n’a pas reçu de préavis au sujet des fiançailles lorsqu’il lui a préparé une sélection de vêtements pour son séjour à Londres. Il voit comme un coup de chance le fait que le couple ait choisi d’annoncer ses fiançailles à l’extérieur, une journée où la température était idéale pour un manteau comme celui de sa marque.

«Il y a un million de scénarios différents qui auraient pu se produire. Nous sommes très chanceux, estime-t-il. Ça ne se produira pas à nouveau jusqu’à ce que les enfants (du prince) William se fiancent ou se marient. Dans ce siècle, cela s’est produit, quoi, six ou sept fois, et nous faisons maintenant partie de ce club exclusif.»

Ce n’était pas la première fois que Meghan Markle portait publiquement l’une de ses créations. À l’époque où elle tournait «Suits», elle a été aperçue à Toronto portant certains de ses chandails, de même que le manteau des fiançailles dans deux autres couleurs. Elle a aussi été vue à Londres portant l’une de ses vestes de cuir, et à la cérémonie de clôture des Jeux Invictus de Toronto, parrainés par le prince Harry, en septembre, elle était dans les gradins vêtue d’un manteau de soie de Line the Label.

Des touches de mode canadienne

Dans les secondes suivant ses apparitions publiques, les mordues de la mode se transforment en super enquêteuses, tentant de découvrir qui se cache derrière chaque vêtement et accessoire et documentant le tout sur des sites portant des noms comme What Meghan Wore, Meghan’s Mirror et Mad About Meghan.

À travers ses manteaux Burberry, ses vêtements signés Alexander McQueen et ses sacs à main Strathberry, elles ont aperçu quelques touches canadiennes: des boucles d’oreille du joaillier montréalais Birks portées alors qu’elle annonçait son mariage à venir, un manteau bourgogne de la marque montréalaise Mackage porté aux Jeux Invitus l’an dernier et un imperméable de Babaton, une marque de Vancouver, aussi porté pendant les Jeux.

Elle semble également beaucoup aimer la designer torontoise Bojana Sentaler, dont elle a porté un manteau d’alpaga à 1695 $ à l’église avec la reine et d’autres membres de la famille royale britannique à Noël l’an dernier.

Bojana Sentaler s’estime chanceuse que le style minimaliste de l’actrice se marie bien avec les silhouettes bien définies et l’allure très féminine de ses designs.

«Tout ce que Meghan porte s’écoule en un instant, puis se retrouve en rupture de stock», explique la designer.

«Les femmes sont très excitées de porter un vêtement porté par un membre de la famille royale.»

Ben Barry, président de l’école de mode de l’Université Ryerson à Toronto, croit que les personnes dans la vingtaine et la trentaine et celles intéressées par la mode, la famille royale et les célébrités seront les plus susceptibles de suivre le style de Meghan Markle, ce qui pourrait avoir beaucoup de valeur pour les marques.

«Elle représente un mode de vie spécifique qui plaira à un certain type de clientèle, alors que pour d’autres clients, elle est totalement inaccessible avec sa richesse et ses privilèges, affirme-t-il. Des gens qui ont certains privilèges et un certain mode de vie pourraient se dire: « Je me vois en elle, donc je veux suivre son style. »»

Plusieurs des marques canadiennes portées par Meghan Markle ont une présence en Europe, mais peuvent encore prendre de l’expansion sur le continent, note Ben Barry.

«Le Royaume-Uni est un marché majeur pour la mode, donc elle (Meghan Markle) représente une porte d’entrée pour les marques canadiennes dans ce marché très compétitif, mais aussi très lucratif, souligne-t-il. C’est une grande occasion d’affaires.»

On ne sait pas si la jeune femme continuera de mettre de l’avant des entreprises canadiennes, mais Ben Barry est optimiste.

«On espère qu’elle a développé une relation avec ces marques parce qu’elle les aime, qu’elle aime leur histoire et leurs valeurs et qu’elle continuera à les porter, dit-il. Si elle voit que son influence place la mode canadienne dans l’oeil du monde, surtout pour des marques émergentes, peut-être voudra-t-elle continuer.»

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.