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La mode masculine en pleine effervescence aux Etats-Unis

Photo: AFP

Tout de jean vêtu, un peu cow-boy, un brin dandy, Michael Bastian, l’une des étoiles montantes de la mode masculine américaine, se tourne vers l’avenir en souriant: jamais son secteur n’a connu une telle effervescence, un tel potentiel.

De toute part, aux Etats-Unis, les marques de vêtements mais aussi les designers d’accessoires et de bijoux pour hommes se multiplient, portés par le potentiel d’un marché encore en pleine éclosion.

« La mode masculine, considérée comme pas très vibrante, ni très sexy ou +fun+, a été marginalisée », explique Mark-Evan Blackman, spécialiste « Menswear » au Fashion Institute of Technology, une grande école de mode new-yorkaise.

Longtemps, les femmes ont tenu le haut du pavé, ne laissant aux hommes qu’une toute petite place pour s’exprimer.

Et puis « tout a changé au cours des dix dernières années et s’est accéléré dernièrement », poursuit-il.

Bientôt, New York pourrait à son tour accueillir une Semaine de la Mode spécifiquement masculine, en juillet.

Qu’ils soient créateurs, blogueurs, experts ou éditeurs de mode, pour beaucoup, le grand bouleversement est, ici aussi, une conséquence de l’ère internet.

– Les blogs et Jay Z –

« Tout est parti des blogs de mode masculine », raconte Michael Bastian, ancien directeur de mode des grands magasins de luxe Bergdorf Goodman à New York.

Derrière lui, des mannequins vêtus de vestes en daim brut ou de chemises d’inspiration far-west à la coupe ajustée, issus de sa collection printemps-été 2015, défilent devant stylistes et critiques.

Une chaîne ornée de plumes en bronze pend au cou du premier, une autre à la ceinture du second. Un autre porte au poignet un bracelet à tête de serpent.

De nombreuses « nouvelles générations de mecs s’enthousiasment pour le +Menswear+, qu’il soit vintage, classique, sur mesure, urbain… Et pour chaque envie, il y a un blog. Et des millions de lecteurs », souligne le designer.

Et « avec les réseaux sociaux et Instagram, les hommes sont de plus en plus exposés à la mode et sont incités à soigner leur apparence et à rester en forme », ajoute Todd Magill, créateur de la marque Jack Spade, lors de la présentation de sa propre griffe à New York.

Sans compter l’influence planétaire de stars du rap comme Jay Z, auteur d’un morceau sur le designer américain Tom Ford, ou Kanye West. Ce dernier s’était affiché sur scène en 2012 en jupe en cuir Givenchy, provoquant un cataclysme « fashion » chez les jeunes mâles et leur ouvrant mille nouveaux horizons.

Si la jupe est possible, accompagnée d’un pull à capuche, alors pourquoi pas un sac, un collier, une bague en métal? Autant d’interdits peu à peu transgressés sur la toile et dans la rue.

Gros poissons
L’engouement pour la mode masculine « n’est pas une tendance, c’est une lame de fond », estime Jake Gallagher, blogueur de mode (AContinuousLean.com). « Je ne sais pas si le Menswear dépassera un jour la femme mais l’excitation y est beaucoup plus grande », note-t-il.

Surfant avec brio sur cette petite révolution, en jouant sur un excellent bouche-à-oreille virtuel, la marque éponyme de Michael Bastian, lancée en 2006, a rejoint d’autres comme Thom Browne, Rag and Bone ou Band of Oustiders qui sont parvenues à exister face aux poids lourds Ralph Lauren, Calvin Klein et Tommy Hilfiger.

Au-delà de ces marques spécialisées, l’effervescence dans le Menswear attire aussi de bien plus gros poissons, issus de la mode féminine, qui espèrent trouver dans ce marché moins mûr de nouvelles sources de croissance.

« On prend le monde des hommes très au sérieux », indiquait ainsi en mai John Idol, patron de Michael Kors, le groupe éponyme du spécialiste américain du prêt-à-porter haut de gamme.

Pesant déjà 16 milliards de dollars en Bourse, le groupe s’apprête à attaquer de front ce marché et prépare notamment pour l’automne une boutique géante dans le quartier de Soho à New York, accueillant un étage entier dédié à l’homme. Des dizaines de magasins uniquement « Men » sont aussi prévus.

Misant sur les articles de cuir, les vêtements décontractés et les montres, « MK » espère générer à plus ou moins long terme 1 milliard de dollars. « C’est une énorme opportunité », insiste M. Idol.

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