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Manish Arora: «Je me sens chez moi parmi les stars»

Photo: Getty

Le designer indien Manish Arora a maintenant pignon sur rue à Paris. Il nous parle de vedettes et des raisons pour lesquelles, selon lui, la mode contemporaine a perdu son côté farfelu.

Manish Arora est un être unique dans l’industrie de la mode. Il a été le premier designer indien à présenter ses créations à la Semaine de la mode de Paris et a introduit les matières extravagantes de ses vêtements, inspirées de son héritage culturel, au cœur de la Ville Lumière en y ouvrant sa première boutique phare en octobre. L’homme de 65 ans accorde une grande importance à ses racines et appelle avec tendresse sa nouvelle salle d’exposition «mon petit chez-moi». Y entrer, c’est quitter Paris pour pénétrer dans un royaume où la culture pop rencontre l’Inde. Ses créations fantaisistes dignes d’Alice au pays des merveilles, qui sont fabriquées selon des techniques artisanales de sa ville natale de New Delhi, cherchent à plaire au gratin du showbiz, notamment à Katy Perry, Rihanna et Nicki Minaj. Non pas qu’Arora soit ébloui par les célébrités, mais, dit-il, «j’aime qu’elles choisissent mon travail plutôt que mon nom», un mantra qui semble avoir converti plusieurs de ses clients à son style, comme Métro l’a découvert.

C’est votre première boutique phare. Comment vous sentez-vous?
C’est formidable. C’est non seulement ma première boutique phare, mais c’est aussi la première fois qu’un designer indien a son propre magasin à Paris, alors c’est tout un événement, pour moi et pour l’industrie de la mode indienne.

Pourquoi avez-vous choisi d’ouvrir votre boutique à Paris?
Je pense que c’est Paris qui m’a choisi. J’ai commencé par faire la Semaine de la mode indienne, puis j’ai fait celle de Londres, où Didier Grumbach – l’ancien président de la Chambre syndicale de la couture – m’a demandé de présenter mes créations à Paris. Jusqu’alors, c’était un simple rêve, mais de toute évidence, c’était une offre que je ne pouvais pas refuser! Maintenant, je me sens comme chez moi à Paris.

Quel a été votre plus grand défi lorsque vous avez présenté un défilé durant la Semaine de la mode de Paris?
J’étais le premier designer indien à le faire, alors je n’avais personne dont m’inspirer, ce que je considère comme un avantage en fin de compte, car j’ai dû tracer ma propre voie. Bien sûr, il y a eu des difficultés, car, quand on vient de l’Inde, il faut un moment avant de comprendre la manière de penser des gens d’ici – et pas seulement des Français, de tout le marché occidental. Nous avons eu de la chance avec les médias depuis le début, et j’ai l’impression que nous avons maintenant trouvé le juste équilibre entre l’appréciation médiatique et les ventes réelles. Nous avons déjà vendu 70% de la collection automne-hiver.

Selon vous, qu’est-ce qui plaît aux célébrités dans votre travail?
Je crois qu’elles apprécient le côté joyeux de mes créations. Jusqu’ici, j’ai été très choyé, notamment avec Katy Perry et Nicki Minaj, car elles ont de la personnalité, alors on peut les imaginer dans différents types de vêtements. Avant que Katy Perry porte ma «robe cirque», je ne savais même pas qui elle était. C’est drôle, car Madame Tussauds m’a demandé récemment de faire cette robe pour la statue de cire de Katy Perry destinée aux musées asiatiques – elle est devenue un symbole qui la représente, elle fait partie de son identité. J’ai aussi habillé Fergie, Rihanna, Beth Ditto et Grimes – je l’adore; je suis complètement subjugué par sa musique en ce moment, je l’ai d’ailleurs utilisée dans mon défilé printemps-été.

Est-ce un plaisir, pour vous, d’habiller des célébrités?
Je ne cherche pas à ce que ma marque soit endossée par des célébrités. Je n’ai pas choisi cette avenue, car j’estime qu’il est important que les célébrités choisissent les vêtements qu’elles veulent porter – j’ai l’impression que c’est plus «vrai» de cette façon.

Qui avez-vous eu le plus de plaisir à habiller?
Je ne peux pas vraiment choisir une personne en particulier, mais j’ai rencontré Katy Perry et j’ai voyagé avec elle, alors je peux dire qu’elle est une personne formidable – amusante et facile à vivre.

Est-il nécessaire, pour un designer qui cherche la notoriété, d’habiller des stars?
C’est assurément ainsi que se passent les choses de nos jours. Je ne sais pas si l’incidence sur les ventes est importante, mais cela fait effectivement beaucoup de bruit dans les médias internationaux – c’est en quelque sorte de la publicité gratuite. Cet aspect de la chose est évidemment très bon, surtout pour les jeunes designers, car ça peut leur donner un bon coup de pouce pour démarrer leur carrière.

Aimez-vous la mode moderne?
Disons qu’elle est un peu ennuyeuse. Ces jours-ci, pas dans toutes les maisons, mais en général, la mode est faite pour plaire aux goûts des gens. Elle ne représente plus un moyen de leur soumettre un point de vue. Avant, un designer créait quelque chose de nouveau, prenait un risque et offrait sa création au monde. J’ai l’impression que maintenant, tout est basé sur les ventes, sur ce qui est en demande, et ça rend la mode très triste.

Souhaitez-vous collaborer avec une grande marque?
Vous savez, il y a des choix abordables dans mes collections – certains accessoires, des t-shirts, par exemple –, ce que les gens ignorent peut-être. Mais, évidemment, j’adorerais créer une collection pour H&M si on me le demandait.

Manish Arora rainbow
La boutique colorée de Manish Arora est située sur la chic rue Saint-Honoré, au cœur du quartier de la mode, à Paris. / Collaboration spéciale

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